Afrique Australe: Les rois locaux en Afrique du Sud, une figure d'importance de plus en plus contestée

En Afrique du Sud, un nouveau roi zoulou a été intronisé le week-end dernier et reconnu par le président de la République. Misuzulu kaZwelithini, 48 ans, succède ainsi à son père décédé l'année dernière. Dans le pays, les rois locaux ont un rôle principalement symbolique, mais le monarque zoulou reste une autorité morale et une figure d'importance.

Misuzulu kaZwelithini est devenu le souverain d'un peuple de près de 11 millions de personnes dans le pays. Venu assister à l'intronisation du nouveau roi, Sipho est soulagé de voir que la guerre de succession est enfin terminée, et que les Zoulous peuvent continuer à se référer à un souverain : " Lorsque le roi dit quelque chose, on répond "Bayde Zulu" , (Gloire au roi !). Le fait que le gouvernement travaille avec lui, ça va permettre de faire remonter ce dont les gens ont besoin sur le terrain ".

Si huit rois officiels sont reconnus dans le pays, le monarque zoulou garde une place à part. Il s'agit du groupe ethnique le plus nombreux, avec une histoire très forte. " C'est une nation forte qui a été capable de remporter des guerres. Shaka Zulu a réussi à l'époque à réunir différents clans. Il en a vaincu certains et il a négocié avec d'autres. Le roi Misuzulu est le 9e roi qui représente cette lignée qui perdure au XXIe siècle ", explique Mphumeleli Ngidi de l'Université du KwaZulu-Natal.

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Et le soutien du roi zoulou reste important dans la course aux élections. Même les ennemis au sein de l'ANC, comme Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, ont enterré la hache de guerre à l'occasion de son intronisation. Le président en exercice entend d'ailleurs travailler de concert avec le nouveau souverain. " Votre Majesté, en tant que gouvernement, nous souhaitons œuvrer avec vous pour répondre aux problèmes auxquels font face nos compatriotes au quotidien ", a déclaré le chef de l'État.

Contestation du roi

Seules quelques voix, comme celles d'un syndicat, s'élèvent pour critiquer le coût que représentent les monarchies dans le pays, alors que les rois perçoivent un salaire et un budget payés par l'État.

Une autre critique est régulièrement adressée à la monarchie zouloue : la gestion de l'Ingonyama Trust, la structure qui gère près d'un tiers des terres de la région au nom des habitants - soit quelque 3 millions d'hectares.

Certains résidents contestent désormais, devant les tribunaux, la façon dont sont administrées ces terres. L'avocate Sharita Samuel représente des plaignants pour le Legal Resources Center (LRC), une organisation de défense des droits de l'homme sud-africaine.

Il y a beaucoup de questions sans réponse. Pourquoi le gouvernement accepte que cette terre soit gérée et contrôlée de cette manière ? Et est-ce que c'est normal, dans une démocratie constitutionnelle ?

Sharita Samuel, avocate qui représente des plaignants pour le Legal Resources Center

À voir, donc, si le nouveau roi Misuzulu suivra les traces de son père qui défendait ce Trust corps et âme, ou s'il prendra une autre direction et modifiera son fonctionnement.

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