Sénégal: " 20 ans après ", documentaire de Moussa Touré - Une ode à la résilience

4 Novembre 2022

Dans son long métrage projeté mardi soir, à la Cité de la Culture de Tunis, dans le cadre de la compétition officielle des longs métrages documentaires des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), le réalisateur sénégalais Moussa Touré peint la résilience de Francine. Engagée à 12 ans dans l'armée et démobilisée quelques années plus tard, cette jeune dame a fait preuve d'une grande résilience pour retrouver une vie de civile.

CARTHAGE- Le jour se lève à Bukavu, une ville de la République démocratique du Congo (Rdc) située sur la rive sud-ouest du lac Kivu. Les coqs chantent. La lumière de l'aurore chasse tout doucement l'obscurité de la nuit. Mais cet hymne à la beauté de la nature sur lequel s'ouvre le film documentaire " 20 ans après " du réalisateur sénégalais Moussa Touré, contraste avec la guerre qui a déchiré cette partie de l'Afrique. Entre 1998 et 2007, une étude de International rescue committee datant de 2008, rapporte que " les violences en Rdc ont causé la mort de 5,4 millions de personnes et continuent de faire 45 000 de victimes tous les mois ".

Le film de Moussa Touré, projeté mardi soir, à la Cité de la Culture de Tunis, dans le cadre de la compétition officielle des longs métrages documentaires de la 33ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) revient sur cette guerre, 20 ans après. Deux décennies après que Laurent-Désiré Kabila, avec son mouvement de rébellion, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (Afdl), aidé par le Rwanda et l'Ouganda, est parti de l'est du pays pour chasser le président Mobutu du pouvoir. Moussa Touré évoque ce conflit, à travers une sorte de portrait d'une jeune femme congolaise, Francine. Âgée de 12 ans à l'époque, elle a été engagée dans l'armée avant d'être démobilisée, quelques années plus tard. Mais au début, ce retour à la vie civile a été très mal vécu par la jeune dame, qui a appris très jeune les rudiments de la guerre. Quand elle a été démobilisée, une partie de l'entourage familial s'est même permis de se moquer d'elle. Certains proches assimilaient cela à une sorte de déchéance, une honte.

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Amour maternel

Face à la caméra, Francine raconte à sa mère toutes les péripéties de son séjour dans l'armée, la façon dont elle a été traitée. Mais aussi le nombre de fois qu'elle a été blessée. Francine a échappé plusieurs fois, de peu, à la mort. Malgré la gravité de ses multiples blessures par balle, à la main, au visage, elle a tenu le coup jusqu'à sa démobilisation. Son triste récit permet de saisir la cruauté de ce conflit ainsi que les conséquences désastreuses de la guerre qui éclatent les familles dans cette partie du continent. Aujourd'hui qu'elle a retrouvé sa mère après une longue absence, elles sont devenues très soudées grâce à l'amour maternel. Francine s'est adaptée à sa nouvelle vie. Elle s'occupe tant bien que mal de ses enfants qu'elle nourrit grâce à son petit commerce. " 20 ans après " est un récit sur les conséquences de la guerre, la résilience des femmes en Afrique, mais aussi l'amour maternel liant une mère à sa fille.

La maman de Francine a constamment nourri une crainte par rapport aux effets de la formation militaire reçue par sa fille. Pour elle, Francine devait tout faire pour éviter d'éduquer sa progéniture sur la base de sa formation militaire.

Dans ce film, Moussa Touré a voulu révéler la profondeur des rapports entre cette jeune femme et sa maman. Selon le réalisateur, le documentaire a pris du temps car au moment du tournage, " sa maman était malade ".

Moussa Touré reçoit une distinction des Jcc

Le réalisateur sénégalais, Moussa Touré, a été décoré, mercredi, par les Journées cinématographiques de Carthage (Jcc). Une distinction reçue pour l'ensemble de son œuvre. Auteur de plusieurs productions cinématographiques dont " Toubab Bi ", " Tgv ", " La Pirogue " ou encore " Bois d'ébène ", le cinéaste a contribué au rayonnement du septième art de son pays et de l'Afrique. Il a reçu cette distinction des mains de la ministre tunisienne des Affaires culturelles, Hayet Ketat-Guermazi. Celle-ci a salué le travail du réalisateur dans le cinéma " qui nous réunit tous sur la beauté et sur l'amour ".

Prenant la parole, Moussa Touré s'est félicité de cette distinction qu'il dédie à tous ceux qui l'ont aidé dans le cinéma dont, entre autres, Momar Thiam, Tidiane Aw, Johnson Traoré, Sembène Ousmane, Thierno Faty Sow, Djibril Diop Mambety, Samba Félix Ndiaye. Selon lui, " lorsqu'on est honoré ailleurs, c'est le Sénégal qui est honoré avant tout ".

Outre Moussa Touré, d'autres cinéastes ont été aussi décorés parmi lesquels Apolline Traoré, réalisatrice du Burkina Faso, la comédienne Naky Sy Savané de la Côte d'Ivoire ou encore Moouna Wassef et Abed El Menem El Ameyri de la Syrie.

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