Afrique: Le continent courtisé

À peu de chose près, le conflit qui a éclaté en Ukraine en février dernier a replacé l'Afrique au cœur de la diplomatie internationale. Bien mieux que dans la décennie qui suivit la fin de la guerre froide avec la chute du mur de Berlin en 1989. À l'époque, l'Europe de l'Ouest, en pleine construction de son espace communautaire, l'Union européenne (UE), s'ouvrit largement vers l'Est pour accueillir les nombreux pays ex-socialistes désireux de se bâtir un autre avenir après la déconfiture de l'Union des républiques socialistes soviétiques.

Naturellement, le marché européen s'agrandit au détriment de la relation ancienne que les ex-empires coloniaux, France, Grande-Bretagne, Belgique, Hollande, Allemagne... entretenaient avec l'Afrique. Sous la pression des événements, le continent se lançait à son tour dans l'expérimentation de la démocratie pluraliste, récoltant des fortunes diverses. Au bout de trois décennies, le constat que l'on peut dresser de ces mutations systémiques est mitigé. A la fois pour l'UE et pour l'Afrique.

Certes, l'UE a fait du chemin dans son processus d'intégration mais elle ne peut prétendre avoir réglé tous les problèmes de sa survie. Le Brexit, duquel elle est sortie démembrée de l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, la Grande-Bretagne en l'occurrence, en est une preuve éloquente. Si près de trois ans après ce retrait fracassant, Londres n'a pas encore vécu le bonheur que lui laisse miroiter les prédictions favorables, son coup d'éclat a créé de la tension au sein de la grande famille bleue et or, certains Etats se demandant si le moment n'était pas venu d'emboîter le pays au Royaume-Uni.

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Dans ce même chapitre, l'Afrique énumère une série d'acquis sur le chemin du pluralisme politique mais elle ne peut se prévaloir de sa consolidation. Le retour du coup d'Etat comme moyen d'accéder au pouvoir et l'échec des mises en demeure adressées aux putschistes quand c'est le cas ; la précaire espérance de vie des Constitutions votées par référendum au lendemain des conférences nationales en 1989-1990 prouvent que le choix du régime démocratique dont on doit tirer une légitime fierté n'est pas à l'abri de soubresauts.

A chaque fois, quelques leçons apprises l'attestent, l'Afrique peine souvent à rebondir face aux retournements historiques de son temps car ce sont souvent les autres qui décident à sa place. Le délitement actuel du consensus formé en 1945 autour de l'Organisation des Nations unies par le besoin des Etats-parties de préserver la paix mondiale autorise à s'interroger sur les moyens dont l'Afrique peut disposer pour parler d'une voix distincte de celles engagées dans le jusqu'au-boutisme.

Il est vrai que la cour assidue dont elle est l'objet dans le contexte difficile du conflit à l'Est de l'Europe ne mettra pas l'Afrique à l'abri des conséquences d'une éventuelle guerre nucléaire entre la Russie, l'Ukraine et l'Occident. D'où l'intérêt pour elle d'user de tous les ressorts qu'offre la diplomatie du dialogue et du rejet de la surenchère pour plaider la cause de la paix. Elle a commencé à le faire mais pas encore avec suffisamment de cohésion pour être pleinement entendue. Pourtant le temps presse !

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