Depuis le 20 octobre, une vague d'arrestations touche le Tchad. Ce jour-là, une manifestation contre le pouvoir de transition a dégénéré et fait une cinquantaine de morts selon le bilan officiel. Depuis, les forces de sécurité continuent les arrestations. Plus de 1 500, selon certaines ONG. Beaucoup de familles dénoncent des méthodes brutales et sont sans nouvelles de leurs proches interpellés.
Njessang Dija raconte comment les militaires ont violemment frappé à la porte de chez lui et arrêté cinq proches, dont son père, alors qu'aucun d'eux n'avait manifesté. " Tout le goudron était rempli de véhicules militaires, moi, j'ai pensé qu'on allait me tuer, ils sont entrés chambre par chambre, s'ils trouvaient seulement un homme, ils le prenaient, ils n'ont même pas donné d'explication. Ils commençaient à taper sur les gens, le sang coulait, ils attachaient les gens dans les véhicules, comme si c'étaient des moutons, comme ça ! Moi, j'ai peur qu'on les tue. "
Lui-même allait être embarqué, mais son voisin le Dr Sara a profité de l'inattention des soldats pour le mettre à l'abri. " On m'a frappé avec le canon d'un Kalachnikov, je savais que si je résistais, j'allais peut-être (me prendre) une balle... "
Depuis, la famille a visité commissariat, gendarmeries, hôpitaux sans obtenir la moindre nouvelle de ses proches.
Cellules débordées à Ndjamena
Lui aussi rescapé de la rafle, Samson tente d'appeler sur le téléphone du père de famille, mais c'est un inconnu qui décroche puis raccroche rapidement. " Il me demande qui je suis alors qu'il est en train d'utiliser le numéro de mon papa. Il dit que c'est son numéro, c'est inquiétant. "
Le gouvernement ne nie pas des arrestations. Officiellement, une partie des prisonniers ont été emmenés au Nord, dans la prison de Koro Toro, faute de place dans les cellules de Ndjamena, débordées à cause de la grève des magistrats.