Le président du Cap Vert s'est exprimé sans langue de bois lors de la cérémonie de clôture des MeDays tenue le 5 novembre 2022 à Tanger (Maroc). Bien qu'il y ait quelques expériences réussies et une véritable résilience face aux effets de la pandémie de la Covid-19 et cette succession d'événements malheureux sur l'Afrique, José Maria Neves soutient qu'il y a encore un grand nombre de défis à relever.
Il s'agit, entre autres, "de la gouvernance, de l'insécurité, du terrorisme dans tous ces grands couloirs du Sahel, les problèmes de coup d'états, de rébellion armée qui frappent la région du Tigré et ailleurs".
Malheureusement, regrette-il, la "situation actuelle est celle d'un continent qui compte peu finalement sur la scène internationale, qui rencontre cette problématique de l'insécurité alimentaire sans avoir une souveraineté sanitaire ni une souveraineté énergétique".
Dans le cadre des petits États insulaires et en développement comme celui du Cap Vert, le président Neves souligne que leurs spécificités constituent autant de défis supplémentaires qui requièrent des solutions urgentes. Cela, dit-il, parce que ces Etats-là sont encore plus vulnérables face aux chocs externes, économiques, climatiques géopolitiques et de tout autre nature que ce soit.
Par conséquent, M. Neves est d'avis qu'une transformation est absolument nécessaire sur le long terme, tout en créant évidemment, des solutions appropriées. Pour lui, les potentialités, les capacités sont bel et bien là mais il faut faire de telle sorte que toutes les ressources du continent soient mises au service du développement.
"Ils nous faut investir dans le capital humain, dans l'individu, parier sur l'effort de chacun et consolider nos institutions, la bonne gouvernance et la bonne gestion des affaires publiques", ajoute-il. Car, explique-t-il, "nous avons une population jeune, dynamique et qui regorge de talents".
(...Les conséquences de la guerre en Ukraine devraient nous pousser à prendre des mesures...)
L'augmentation des prix du pétrole, du gaz, les conséquences de la guerre en Ukraine, tout cela devrait pousser à prendre des mesures pour arriver à la souveraineté énergétique.
"Nous avons tous une diaspora détentrice de ressources stratégiques qui doit être mobilisée pour fait profit de sa connaissance, ses investissements et de sa capacité d'innovation", préconise M. Neves.
Avant d'ajouter que "l'agriculture a souvent été le parent pauvre de nos intérêts avec un taux de productivité assez faible constituant une économie de subsistance". Pour lui, il s'agit là, d'une réalité qui doit absolument être changée. Car, explique-t-il, il faut industrialiser l'agriculture pour qu'elle devienne une vraie industrie agro-alimentaire.
A l'en croire, l'Afrique ne peut continuellement fonder son économie sur le commerce des matières premières et elle doit être en mesure de déterminer le prix de ces produits agricoles.
"Renforçons le dialogue interafricain..."
Jose Maria Neves a, par ailleurs, appelé à renforcer le dialogue interafricain: « Renforçons le dialogue interafricain si on veut créer de vraies synergies entre nous et développer une résilience encore plus robuste ».
« Il nous faut aussi améliorer le leadership de gouvernance de nos États », dit-il. Avant de relever qu'il faut que l'Afrique puisse mieux préparer, anticiper et gérer les conflits tout en pariant avec force sur la diplomatie préventive.
Aussi, note-t-il, des réformes profondes sont nécessaires dans chacun de nos pays de manière à garantir, et les libertés, et la démocratie qui sont autant d'ingrédients indispensables pour le développement et le respect de la diversité dans nos différents pays.
(Envoyé spéial)