Afrique: COP 27 - Le financement des dommages climatiques au coeur des débats

L' Egypte accueille les dirigeants mondiaux, les envoyés pour le climat, les délégués et la société civile du monde entier au Sommet sur la mise en œuvre du climat de Charm el-Cheikh de cette année, où l'action rencontre l'ambition.

Pour la première fois, une COP se tient sur le sol africain. Pour la première fois, également, le coût des dégâts climatiques, dont les pays insulaires comme Madagascar sont les principales victimes, sera à l'ordre du jour des discussions.

Qui doit payer la facture ? Cette question sera mise sur la table des discussions à la 27ème Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 27), qui se tient à Sharm El-Sheikh, en Égypte. Les discussions sur un nouveau mécanisme de financement pour "les pertes et dommages", causés par les changements climatiques devraient y répondre.

La COP 27 a officiellement démarré hier. Pour la première fois, il se tient sur le sol africain. Mais pour la première fois, également, la question sur le financement des dommages climatiques y sera discutée. Les pays du Sud comptent demander des comptes à ceux du Nord. Certaines presses internationales annoncent même un bras-de-fer Nord/Sud, à Sharm El-Sheikh. Madagascar, représenté par une délégation conduite par Andry Rajoelina, président de la République, compte bien se faire entendre.

"Il poursuivra son plaidoyer pour les pays africains les plus impactés par le changement climatique et entend appeler à la responsabilité de tous dans la juste répartition des efforts à entreprendre, les réparations dues aux nations les plus en difficultés et la solidarité de la communauté internationale", rapporte un communiqué de la présidence de la République, annonçant que le chef de l'État prononcera un discours solennel à la COP 27, ce jour.

À la tribune des Nations Unies, le 21 septembre, Andry Rajoelina a appelé la communauté internationale à "transformer les discours en action concrète", s'agissant contre les changements climatiques. Il a notamment rappelé l'engagement des pays riches d'allouer 100 milliards de dollars par an, dans le cadre du fonds vert pour le climat. "Cependant, l'accès au financement tourne au ralenti et aucun engagement n'a été respecté", regrette-t-il. Ce fonds est censé soutenir les réformes nécessaires à la lutte contre le bouleversement du climat, comme la transition énergétique.

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Les pays du Sud comptent faire monter les enchères lors de cette COP 27. Le timing est parfait, puisque le sommet du G20 se tiendra la semaine prochaine à Bali. Au fonds vert pour le climat, les pays vulnérables veulent la mise en place d'un mécanisme de financement spécifique pour compenser "les pertes et dommages", causés par les dégâts climatiques. "Des préjudices", estimés en centaines de milliards de dollars rien qu'en 2022.

Dialogue de sourds

Les pays en difficultés et les moins pollueurs sont pourtant les principales victimes des dégâts climatiques. Madagascar, par exemple, a fait face à trois violents cyclones en un mois. Il en résulte une insécurité alimentaire dans le Sud-Est, puisque les terrains agricoles ont été dévastés. La sécheresse dans le grand Sud et la détresse alimentaire qui en découle sont des conséquences des bouleversements climatiques. Aux situations humanitaires désastreuses s'ajoutent les dégâts en matière d'infrastructure. Les fonds climats peuvent, également, être des appuis financiers pour soutenir le développement humain.

À Madagascar, la vulnérabilité des ménages fait que la protection de l'environnement est loin d'être une priorité. Ce qui explique, en partie, les feux de forêts, les braconnages d'animaux protégés et le défrichement illégal au profit d'agriculture vivrière ou de rente, ou l'exploitation minière. Sous un autre angle, le Fonds vert pour le climat et maintenant les compensations des dommages climatiques est considéré comme le remboursement de la dette climatique des pays riches, aux pays en difficulté. Les bouleversements actuels découlent du modèle économique des pays riches, basé sur l'industrialisation, depuis deux-cents ans.

Un développement auquel aspirent les pays en difficulté. Seulement, ils sont "intimés", de s'accorder aux normes imposées par les enjeux climatiques. L'idéal serait un développement sans utiliser les énergies fossiles dont regorgent les pays africains, par exemple. S'ils rechignent à sortir leur chéquier et imposent les normes climatiques, les pays riches sont pourtant loin d'être des exemples. Premier émettrice de gaz à effet de serre, la Chine privilégie sa sécurité énergétique, aux objectifs climatiques, selon lesechos.fr. Les États-Unis, deuxième pays les plus pollueurs, viennent d'atteindre un pic historique de production de gaz et de pétrole, selon le site novethic.fr, hier. Les pays Européens ne sont pas en reste. En ouverture de la COP 27, Antonio Guterres déclare: "l'humanité a le choix, coopérer ou mourir". Il ajoute : "le monde va droit au suicide collectif si vous n'agissez pas vite et fort face à la crise climatique". Les observateurs prédisent toutefois, "un dialogue de sourds entre le Nord et le Sud". Le contexte géopolitique houleux qui impacte sur la politique intérieure de plusieurs pays pèse aussi sur cette COP. D'autant plus que le rendez-vous Sharm El-Sheikh, ne débouchera pas sur une décision ou un accord formel.

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