Tunisie: Recours, faible nombre des candidatures aux Législatives et opposition politique - Le calvaire de l'Isie !

8 Novembre 2022

Comment l'Isie compte-t-elle remédier aux aléas ? Quel sera le sort des circonscriptions sans candidats, ou encore dans lesquelles on enregistre très peu de postulants ? L'instance électorale, qui n'a pas encore présenté son plan, sera-t-elle en mesure de préserver le bon déroulement des élections et d'assurer les conditions normales du scrutin ?

Les Tunisiens prendront le 17 décembre prochain la direction des urnes pour élire les nouveaux représentants du peuple dans une assemblée qui devra, selon le Président de la République, rompre avec l'image de celle qui a précédé.

Actuellement, la polémique enfle toujours autour de tout le processus électoral et des mécanismes des candidatures ayant pris fin la semaine dernière. Si l'instance électorale affirme déployer tous les efforts pour préserver l'intégrité des prochaines élections, plusieurs questions, notamment sur le faible nombre de candidatures dans certaines circonscriptions, restent en suspens et les affirmations des autorités ne fait pas taire les voix des observateurs de la scène nationale.

C'est dans ce contexte confus que le Tribunal administratif affirme avoir réceptionné 60 recours relatifs aux opérations de candidatures aux Législatives engées par l'instance électorale, jusqu'à dimanche dernier.

En effet, les chambres de première instance du Tribunal administratif ont reçu 60 recours contre les décisions de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et ce dans le cadre de l'engagement dudit tribunal à statuer sur certains contentieux.

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Le porte-parole du Tribunal, Imed Ghabri, a expliqué dans ce sens que 17 parmi ces recours relèvent des chambres de première instance centrales et 43 des chambres judiciaires régionales relevant du Tribunal administratif.

"La jurisprudence des chambres de première instance centrales du Tribunal administratif comprend les circonscriptions électorales du Grand Tunis et les circonscriptions électorales à l'étranger", a-t-il rappelé, ajoutant que trois circonscriptions n'ont déposé aucun recours. Il s'agit des circonscriptions de Sidi Bouzid, Gafsa et Nabeul. "L'opinion publique sera informée, ultérieurement, des résultats des décisions rendues dans les recours mentionnés", a-t-il tenu à préciser.

Des candidats déjà vainqueurs !

Les délais de dépôt des recours auprès du Tribunal administratif concernant les décisions de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) portant sur la réception des candidatures aux élections législatives sont arrivés à échéance samedi dernier, conformément aux dispositions du Code électoral. Celui-ci stipule que le recours doit se faire dans un délai maximum de vingt-quatre heures, à compter de la date de réception de ladite décision.

Cependant, c'est le nombre des candidatures jugés assez faible dans certaines circonscriptions qui inquiète le plus. D'ailleurs, même avant les élections, certains candidats peuvent s'assurer de leur victoire puisqu'ils sont seuls dans la course dans leur circonscription.

En effet, 1.058 demandes de candidature ont été validées, réparties sur 936 hommes et 122 femmes, sur un total de 1.427 demandes déposées pendant les deux périodes de dépôt des candidatures. S'agissant de la répartition des circonscriptions électorales selon les candidatures, zéro candidat a été enregistré dans sept circonscriptions, un seul candidat dans dix circonscriptions, deux candidats dans huit circonscriptions, 3 à 10 candidats dans 111 circonscriptions, de 11 à 20 candidats dans 24 circonscriptions, et plus de 20 candidats dans une seule circonscription. En ce qui concerne les circonscriptions à l'étranger, une seule candidature a été enregistrée en Italie, France 3 et France 2, et zéro candidat dans 7 circonscriptions.

Comment l'Isie compte y remédier ? Quel sera le sort dans les circonscriptions sans candidats, ou encore dans lesquelles on enregistre un nombre si faible de candidats ? L'instance électorale n'a pas encore présenté son plan, mais affirme être en mesure de préserver le bon déroulement dans des conditions normales des prochaines élections. Entretemps, l'opposition politique à ce processus prend de plus en plus d'ampleur. Le leader au sein du Front de salut national Samir Dilou affirme que les prochaines élections échoueront et que la preuve n'est autre que le faible nombre de candidats. "Déjà, dix candidats ont commencé à célébrer leur victoire, nous estimons que ce processus a déjà échoué, et nous travaillons sur la période post-élections de décembre prochain. C'est aux Tunisiens de présenter une véritable alternative à ce processus", a-t-il déclaré. Il a également accusé l'instance électorale de partialité, affirmant qu'elle est devenue même une "coordination de Kaïs Saïed".

Pour sa part, le dirigeant au sein du mouvement Echaâb, Haykel Mekki, a dénoncé le faible taux de participation aux législatives, l'imputant au Président de la République, Kaïs Saïed, et à l'Isie qui, à son sens, n'a pas joué son rôle comme il se doit.

De son côté, le Parti destourien libre (PDL) annonce dans un communiqué rendu public hier qu'il a décidé de saisir la justice pour suspendre les législatives. Il accuse les autorités et l'instance électorale de "dilapidation de l'argent public" et dénonce l'absence de candidats dans certaines circonscriptions estimant qu'il s'agit d'un "précédent dangereux".

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