Afrique de l'Ouest: Lutte contre le terrorisme au Sahel - Les funérailles de Barkhane célébrées à Toulon

Opération Barkhane

Requiem donc Barkhane. Emmanuel Macron a en effet annoncé officiellement hier, mercredi 9 novembre 2022, la fin de la plus célèbre des OPEX (Opérations extérieures) françaises.

C'est depuis la rade de Toulon, précisément sur le porte-hélicoptères Dixmude, que Jupiter a procédé à l'enterrement de première classe de Barkhane. On pourrait même opposer à celui qui avait dit au sujet de l'OTAN qu'elle était en état de mort cérébrale que Barkhane était en réalité mort depuis un certain temps, depuis notamment que les 5 000 éléments de cette force ont été obligés de quitter le Mali.

Pour mémoire, Barkhane, du nom de ces dunes qui se meuvent sous l'effet du vent dans le désert, avait succédé à l'opération Serval, officiellement déployée le 11 janvier 2013 au Mali. Officiellement seulement car les soldats tricolores étaient déjà présents sur place lorsque François Hollande, à la demande de Bamako, avait fait pleuvoir le feu sur les colonnes de terroristes qui, à partir du Nord Mali où ils s'étaient déjà sanctuarisés, marchaient littéralement sur la capitale malienne.

Et n'eut été effectivement l'intervention hexagonale, le visage du Mali en eût peut-être été changé.

On comprend alors pourquoi le 2 février 2013, le locataire de l'Elysée, tel un général de la Rome antique, avait été accueilli triomphalement par des Maliens reconnaissants.

Depuis, les relations franco-maliennes se sont détériorées au point de devenir exécrables avec l'arrivée au pouvoir du colonel Assimi Goïta qui s'est ostensiblement détourné des ailes protectrices du Coq gaulois pour se jeter à corps perdu entre les grosses pattes de l'Ours russe, particulièrement de la société de mercenaires Wagner. Une idylle qui a précipité le départ du partenaire français dont le bilan est d'ailleurs jugé on ne peut plus mitigé. Nombreux sont en effet ceux qui reprochent à Paris de n'avoir pas pu en 10 ans de présence continue et avec son impressionnante armada venir à bout de la pieuvre terroriste dont les tentacules ont d'ailleurs fini par enserrer d'autres pays de la sous-région à l'image du Niger et surtout du Burkina.

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Pire, une certaine opinion accuse même Paris de jouer un double jeu et de soutenir en sous-main les terroristes pour d'obscures raisons. Autant de ressentiments qui, de Bamako à Ouaga en passant par Niamey, alimentent le sentiment anti-français.

C'est tout cela qui a amené l'Elysée à rectifier le tir, car si Barkhane est désormais officiellement enterré, ses éléments ne disparaissent pas pour autant du paysage sahélien puisque 3000 soldats tricolores sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina avec le Niger comme le cœur du nouveau dispositif de réarticulation qui intègre l'extension du péril dans les pays côtiers.

Barkhane part tout en restant bien là, et la nouvelle stratégie française devrait être connue d'ici un semestre.

On sait cependant d'ores et déjà selon même les aveux du "général" Macron que le nouveau plan de bataille prévoit des interventions plus limitées dans le temps dont les délais sont connus dès le départ et un déploiement à la carte selon les besoins que chaque pays aura exprimés.

Cela suffira-t-il à reluire l'image de plus en plus ternie de la France dans nos pays ? Rien n'est moins sûr.

Une chose par contre est certaine, que ce soit Barkhane, Wagner et que savons-nous encore, nos pays, englués dans le bourbier depuis des lustres, ne s'en sortiront que par eux-mêmes et certainement pas en sous-traitant leur sécurité avec une puissance quelle qu'elle soit.

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