Burkina Faso: Lotissement à Bobo - "Nous avons hérité d'une patate chaude" (Adama Bidiga, président de la Délégation spéciale)

Depuis le mois de juin dernier, Bobo-Dioulasso à l'instar des autres villes du Burkina vit une nouvelle expérience pour son développement avec l'avènement des délégations spéciales.

Plus de cinq mois après sa prise de fonction à la tête de la Délégation spéciale de la commune de Bobo, Adama Bidiga commence déjà à conquérir le cœur de ses administrés avec ses travaux de voirie en cours d'exécution dans la ville de Sya. Pouvait-il en être autrement pour cet administrateur civil rompu à la gestion de la chose publique et qui a déjà fait valoir ses compétences comme préfet à Diébougou, secrétaire général de la mairie de Dapelgo, responsable syndical et membre fondateur de l'Union nationale des administrateurs civils ?

Président de la Délégation spéciale de la commune de Bobo, Adama Bidiga et son équipe ne manquent toujours pas d'imagination et de créativité à travers les nombreuses actions en cours d'exécution pour une amélioration des conditions de vie et de travail des populations. " Les défis sont énormes mais l'espoir reste grandement permis", nous a-t-il fait savoir au cours de cette interview qu'il nous a accordée hier mercredi 9 novembre 2022 en fin de matinée dans son bureau.

Comment vous vous sentez dans votre nouvelle fonction de président de la Délégation spéciale de la commune de Bobo ?

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Je me sens en permanence sous pression. Parce que les défis qui s'imposent à nous sont énormes. Nous sommes haut-commissaire et en même temps président de la Délégation spéciale. Deux casquettes qui nous amènent à être constamment sur la brèche. Pour qui connaît cette ville, Bobo-Dioulasso n'est pas une commune facile en termes de gestion. Mais nous essayons chaque jour de conjuguer nos efforts pour apporter des solutions aux nombreuses préoccupations des populations.

Plus de cinq mois après votre prise de fonction, comment mesurez-vous aujourd'hui le poids de vos responsabilités ?

Les défis sont énormes et nous en sommes conscients. Et si les premiers responsables du pays ont fait confiance à la jeunesse et particulièrement à ma modeste personne, nous devons tout mettre en œuvre pour mériter cette confiance des autorités à travers des actes concrets. Moi je dirai que nous n'avons pas droit à l'erreur et c'est pourquoi d'ailleurs nous sommes en train de travailler pour parvenir à des résultats à même de contribuer à booster le développement local.

Cinq mois après votre prise de fonction, peut-on dire que la machine de la délégation est véritablement en marche dans la commune de Bobo ?

Je dirai oui. Et je pense que vous en tant qu'homme de média, vous avez certainement eu les mêmes échos qui nous parviennent par rapport aux actions que nous sommes en train de mener sur le terrain. Les Bobolais sont satisfaits et pour nous c'est l'essentiel. Ce qui revient à dire que la délégation est bel et bien dans son rôle et dans l'intérêt de la population.

A notre niveau, nous avons mobilisé toutes nos forces et toutes les compétences pour les mettre au service de la commune. Nous avons su inculquer un esprit d'équipe pour faire en sorte que chacun se sente responsable partout où il se trouve. Ce qui nous permet d'avancer sereinement avec toujours des perspectives nouvelles pour un mieux-être des populations de la ville de Sya.

Alors quelles sont vos priorités ?

La délégation spéciale s'est fixé comme priorité la sécurité. On ne peut rien entreprendre dans un environnement qui n'est pas sécurisé. La priorité des priorités au niveau national, c'est la sécurité. Donc la Délégation spéciale de la commune de Bobo s'aligne premièrement sur cette priorité. Ensuite, nous devons nous attaquer aux problèmes de voirie et d'assainissement. Il y a aussi la question du foncier qui demeure un véritable casse-tête chinois pour nous.

Vous avez engagé depuis un certain temps des travaux de reprofilage de voies de circulation dans la ville de Bobo. Où en est-on avec ces travaux ?

Les travaux avancent normalement mais seulement nous rencontrons quelques difficultés en certains endroits avec ces ralentisseurs érigés par des riverains sur des voies déjà aménagées. A ce jour nous sommes à environ 180 km de voies qui ont été reprofilées dans 4 arrondissements de la ville et les travaux doivent se poursuivre jusqu'en fin décembre pour nous permettre d'atteindre les 500 km de voies à reprofiler qui ont été prévus.

500 km de voies à reprofiler. Quels sont les moyens dont vous disposez pour atteindre cet objectif ?

Depuis que nous avons lancé l'opération de reprofilage, nous recevons des soutiens multiformes. Déjà en matériel nous avons reçu de la part de l'entreprise Mojo BTP une dotation en machines. Nous avions également reçu de la part de l'entreprise Kankala, une machine. L'entreprise Kanazoé Salif également a mis la main à la pâte pour nous appuyer dans les travaux. Donc nous recevons des soutiens multiformes. A tout cela s'ajoute aussi cet accompagnement de certains acteurs dans les arrondissements qui ont doté la commune de carburant pour lui permettre de mener à bien ses travaux.

C'est pour vous dire combien nous sommes en phase avec les préoccupations des populations. Un groupe de jeunes s'est organisé également pour appuyer la commune avec du carburant. Pour eux, c'est presque du jamais vu depuis qu'ils sont dans leurs secteurs. En tout cas les défis sont énormes mais l'espoir reste grandement permis avec toute cette mobilisation autour de nos actions.

Bobo-Dioulasso et particulièrement le centre-ville connaît une situation d'encombrement des voies de circulation avec ces vendeurs installés presque sur la chaussée en certains endroits. Le PDS que vous êtes va-t-il s'attaquer à ces cas d'incivisme ?

Au-delà de l'encombrement des voies il y a le problème des accidents de la circulation. Nous sommes conscients de la situation et il y a eu même des rencontres du cabinet autour de la question. Nous avons alors relancé le comité de déguerpissement qui va certainement se déployer dans la ville les prochaines semaines pour rétablir l'ordre et la sécurité.

Il y a également ces camions poids lourds qui perturbent considérablement la circulation dans la ville à des heures de pointe. Des voix s'élèvent de plus en plus pour réclamer une réglementation des horaires de circulation de ces gros porteurs. Qu'en pensez-vous. ?

Bobo est une ville où la circulation devient effectivement de plus en plus dense à certaines heures. Il est donc normal que nous puissions travailler non seulement à fluidifier le trafic mais surtout à sécuriser les usagers.

Les accidents mortels impliquant effectivement les poids lourds sont une réalité. Et je crois savoir qu'il y a un arrêté en gestation au niveau de la commune et qui devra permettre de réglementer les horaires de circulation de ces poids lourds dans la ville. La police municipale disposera des moyens pour le respect de cet arrêté. Les choses sont beaucoup avancées à ce niveau et il ne reste plus qu'à valider le document avec l'implication de tous les acteurs du domaine.

Quels sont aujourd'hui les atouts dont vous disposez pour mener à bien votre mission ?

J'ai été dirigeant d'une structure syndicale. J'ai été membre fondateur d'une union nationale des administrateurs civils. J'ai été préfet. J'ai assumé pas mal de responsabilités qui m'ont permis d'acquérir une certaine expérience en matière de management. Je travaille avec une équipe qui m'accompagne très bien et avec qui je m'accorde bien sur tous les aspects.

J'ai des agents assez dynamiques au niveau de la province. Aussi au niveau de la commune, il y a une parfaite symbiose entre les PDS d'arrondissement et le PDS communal que je suis. Autant d'atouts qui pour moi, facilitent le travail sur le terrain contrairement aux guéguerres politiques que certains se faisaient. Nous en tant qu'administratifs censés gérer les délégations spéciales, nous arrivons à discuter à bâtons rompus de toutes les questions de développement entre nous PDS.

Et quand il n'y a pas de blocage, tout le monde se met à fond pour nous permettre d'atteindre les résultats escomptés. Nous avons également une équipe dynamique au niveau de la commune. Il y avait pas mal de compétences qui attendaient d'être valorisées. Nous sommes très contents d'avoir déniché quelques talents qui étaient cachés au niveau de la commune.

Ils ont été responsabilisés et les résultats sont là. Je profite d'ailleurs de votre micro pour leur dire merci de l'accompagnement. Il y a aussi le gouverneur qui est à notre écoute, qui nous comprend et qui nous accompagne par la prise de certains textes par exemple. Pour nous la délégation spéciale c'est tout ce beau monde qui accepte de mouiller le maillot pour un mieux-être des populations.

Le problème foncier reste aussi une réalité dans la commune de Bobo. Qu'en est-il avec la Délégation spéciale ?

Le problème du foncier est malheureusement une triste réalité dans la commune de Bobo et qui nous préoccupe sérieusement. Depuis ma prise de fonction, je suis assailli par les acteurs du domaine notamment les promoteurs immobiliers mais aussi, les résidents des non-lotis qui sont dans la confusion. Il y a eu des attributions qui ont été faites et beaucoup de résidents dans les non-lotis n'ont pas été attributaires.

Tout porte à croire que nous avons hérité d'une patate chaude dans le cadre du foncier. Notre souhait aujourd'hui est de pouvoir résoudre ces questions de lotissement ou d'attribution de parcelles avant la fin de la délégation. Pour y parvenir, nous avons surtout besoin du concours de la population, mais aussi de la hiérarchie qui devrait nous faciliter la tâche en termes de prise de décision. La question du foncier est véritablement préoccupante et il faut l'implication et la compréhension de tous pour régler définitivement le problème dans la commune de Bobo.

Si vous aviez un message à l'endroit de la population, que diriez-vous ?

J'invite la population de Sya à toujours nous accompagner et à nous faire confiance. Je demande aussi leur indulgence pour d'éventuelles erreurs quand on sait que nul n'est infaillible. Il faut aussi que les Bobolais soient patients quand au traitement de certains dossiers. C'est pour éviter de commettre les mêmes erreurs que nos prédécesseurs que nous prenons le temps nécessaire pour bien comprendre les choses avec toutes les implications avant de prendre les décisions.

Le contexte actuel du Burkina nous commande d'aller à l'unisson et surtout d'éviter certains clivages qui peuvent mettre à mal la cohésion sociale. Notre seul ennemi aujourd'hui est le terrorisme et j'invite d'ailleurs la jeunesse bobolaise à investir les hauts-commissariats, le gouvernorat et les préfectures pour s'enrôler pour une véritable restauration de notre pays.

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