Dans le département de Bignona, la réalisation des nouveaux ponts de Baïla et de Diouloulou sur le fleuve Casamance, en remplacement des deux vieillots existants, constitue, certainement, un grand ouf de soulagement pour les populations locales. Vu leur état, les risques d'affaissement étaient grands. Mais bientôt, les usagers pourront emprunter ces deux nouveaux ouvrages, notamment celui de Baïla dont la mise en la circulation devrait être effective courant décembre.
L'image parle d'elle-même. Et pas besoin de grands discours ou d'un dessin pour juger de la pertinence des travaux qui sont en train de se dérouler sur le fleuve Casamance, à hauteur de la localité de Baïla, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale départementale de Bignona. Un véhicule de transport de type " 7 places " brinquebalant, arrivé à l'entrée du pont de Baïla, s'arrête sur le bas-côté de la route pour permettre à une camionnette venant en sens inverse, qui s'était déjà engagée, de finir la traversée.
Par chance, aucune autre voiture ne suivant la camionnette, le taxi-brousse peut alors, à son tour, emprunter l'ouvrage d'un autre âge et poursuivre son chemin. Sur cette Route nationale 5 (Rn5), alternative à la transgambienne (Sénoba-Farafenni-Kaolack) pour aller à Dakar via Banjul, Karang et Foundiougne, ce point de passage que constitue le pont de Baïla -- ainsi que le pont de Diouloulou du même type, trente kilomètres plus loin -- est un véritable goulot qui ralentit considérablement le trafic.
Réalisés en 1970, les ponts de Baïla et de Diouloulou souffrent d'une tare originelle. Ils ont été construits avec un gabarit de moins de 6 mètres (largeur) en 1×1 voie. Ce défaut de conception a pour conséquence l'impossibilité, pour les usagers, d'avoir une circulation dans les deux sens sur ces deux portions de la Rn5. En plus des manquements issus de la conception, ces deux ouvrages âgés de plus de cinquante ans présentent un caractère très accidentogène, fait remarquer Cheikh Tidiane Thiam, Ingénieur Chef de Division ouvrage d'art à Ageroute.
Alternative à la transgambienne
Ces facteurs ont poussé l'État du Sénégal à faire de la réalisation de deux nouveaux ponts à Baïla et à Diouloulou une priorité. Deux ouvrages qui entrent dans le programme de construction de 22 autoponts et ponts à travers le pays. La région naturelle de la Casamance bénéficie de quatre ouvrages. Deux pour la région de Ziguinchor (Baila et Diouloulou), un pour Sédhiou (pont de Marsassoum) et un pour Kolda (pont de Hillel).
Les travaux du pont de Baïla ont été lancés depuis septembre 2021, ceux du pont de Diouloulou ont démarré en janvier 2022. Ces deux ouvrages ont les mêmes caractéristiques : linéaire de 120 mètres en 1×2 voies, largeur de 11,34, trois travées et un linéaire de raccordement de 400 mètres. Chacun des deux ponts coûtera 4,6 milliards de Fcfa.
Naturellement, ayant démarré quatre mois plus tôt, les travaux du pont de Baïla sont beaucoup plus avancés. " Les travaux de terrassement sur la rampe d'accès sont estimés à 85 %, les fondations profondes (pieux) ont été réalisées à 100 %, la superstructure est terminée à hauteur de 75 %, tandis que les équipements sont à 50 % ", a expliqué Cheikh Tidiane Thiam au Ministre Mansour Faye, venu s'enquérir de l'état d'évolution de ce chantier. Selon l'Ingénieur Chef de Division ouvrage d'art à Ageroute, la mise à la circulation du pont de Baila est prévue courant décembre 2022. Celui de Diouloulou est attendu en avril 2023.
Le nouveau pont de Baïla, tout comme celui de Diouloulou, est réalisé juste à côté de l'ancien. Ce qui permet d'en saisir le contraste saisissant. Les automobilistes et les habitants n'en demandaient pas moins, eux qui se sont fortement mobilisés pour accueillir le Ministre Mansour Faye aux rythmes des sonorités locales. Au-delà de l'alternative qu'elle demeure à la route Transgambienne, la Rn5 nanties de ces deux ponts, facilitera la jonction entre les deux boucles de la zone : celle du Blouf déjà réalisée et celle du Fogny en cours de réalisation. Ce qui aura, de l'avis du Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, un fort impact sur les activités socioéconomiques des populations du département de Bignona.