Afrique: L'OMS publie les premières données sur le marché mondial des vaccins depuis la Covid-19

communiqué de presse
  • Il s'agit du premier rapport dans lequel les conséquences de la COVID-19 pour les marchés des vaccins sont prises en compte.
  • Malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies, la dynamique du marché mondial des vaccins n'est pas entièrement propice au développement de vaccins vitaux pour la santé publique, à l'approvisionnement et à l'accès à ceux-ci.
  • Les vaccins auxquels l'OMS a accordé la priorité ne sont pas développés ou ne font pas l'objet d'un investissement intégral en raison du potentiel de profit limité.
  • Les pays à revenu faible ont rencontré des difficultés pour avoir accès à des vaccins essentiels, tels que le vaccin contre la COVID-19 en 2021 et le vaccin contre le cancer du col de l'utérus, qui sont très demandés par les pays plus riches.
  • Certaines régions dépendent presque entièrement d'autres régions en matière d'approvisionnement en vaccins.
  • L'OMS appelle les gouvernements, les fabricants et les partenaires à prendre des mesures ambitieuses pour garantir un accès équitable aux vaccins et améliorer les ripostes aux futures pandémies.

Le Rapport de l'OMS sur le marché mondial des vaccins 2022, publié aujourd'hui, montre que la distribution inéquitable ne concerne pas uniquement les vaccins contre la COVID-19, en effet les pays les plus pauvres sont constamment confrontés à des difficultés pour avoir accès aux vaccins très demandés par les pays riches.

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L'approvisionnement limité en vaccins et la distribution inégale alimentent des disparités mondiales. Le vaccin anti-papillomavirus humain contre le cancer du col de l'utérus n'a été introduit que dans 41 % des pays à revenu faible, alors que ceux-ci représentent une grande partie de la charge de morbidité, contre 83 % des pays à revenu élevé.

L'accessibilité financière constitue également un obstacle à l'accès aux vaccins. Alors que les prix ont tendance à être échelonnés en fonction du revenu, du fait des disparités de prix, les pays à revenu intermédiaire paient autant, voire plus, que les pays plus riches pour plusieurs produits vaccinaux.

" Le droit à la santé comprend le droit aux vaccins ", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. " Et pourtant, ce nouveau rapport montre que la dynamique du marché libre prive de ce droit certaines des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. L'OMS préconise des changements indispensables sur le marché mondial des vaccins pour sauver des vies, prévenir les maladies et se préparer aux futures crises ".

Environ 16 milliards de doses de vaccins, d'une valeur de 141 milliards de dollars des États-Unis, ont été livrées en 2021, soit près de trois fois le volume du marché de 2019 (5,8 milliards) et près de trois fois et demie la valeur marchande de 2019 (38 milliards de dollars des États-Unis). Cette augmentation est principalement due aux vaccins contre la COVID-19, ce qui montre le potentiel incroyable que représente l'intensification de la fabrication de vaccins en réponse aux besoins sanitaires.

Bien que la capacité de fabrication ait augmenté dans le monde, elle reste très concentrée. En effet, dix fabricants fournissent à eux seuls 70 % des doses de vaccin (à l'exception de la COVID-19). Plusieurs des 20 vaccins les plus utilisés (comme le vaccin antipneumococcique conjugué, le vaccin anti-PVH, les vaccins contenant la valence rougeole ou la valence rubéole) sont principalement produits par deux fournisseurs.

Cette fabrication concentrée entraîne un risque de pénurie ainsi qu'une insécurité de l'approvisionnement régional. En 2021, les régions de l'Afrique et de la Méditerranée orientale dépendaient de fabricants ayant leur siège dans d'autres régions à hauteur de 90 % de leurs achats de vaccins. Les monopoles profondément ancrés en matière de propriété intellectuelle ainsi que les transferts de technologie restreints limitent encore davantage la possibilité de créer et d'utiliser des capacités locales de fabrication.

La santé des marchés est également préoccupante pour plusieurs des vaccins dont on a couramment besoin lors des situations d'urgence, par exemple les vaccins contre le choléra, la typhoïde, la variole/la variole du singe, la maladie à virus Ebola et la maladie à méningocoque, et pour lesquels la demande augmente en cas de flambée épidémique et devient donc moins prévisible. L'investissement limité continu dans ces vaccins pourrait être dévastateur pour la vie des populations.

Le rapport souligne les possibilités d'aligner davantage le développement, la production et la distribution des vaccins sur un programme de santé publique, en vue d'atteindre les objectifs du Programme pour la vaccination à l'horizon 2030 (Vaccination 2030) et d'éclairer les efforts de prévention, de préparation et de riposte en cas de pandémie.

La COVID-19 a prouvé que les vaccins peuvent être développés et distribués rapidement, avec un processus qui dure en moyenne dix ans, mais jamais moins de quatre ans, réduit à 11 mois. La pandémie a également mis en évidence la nécessité de longue date de reconnaître les vaccins comme un bien public fondamental et rentable plutôt que comme une marchandise.

Afin de mener une action ambitieuse visant à assurer un accès équitable aux vaccins, le rapport invite les gouvernements à agir sur les aspects suivants : des plans de vaccination clairs, des investissements plus dynamiques et une surveillance plus stricte du développement, de la production et de la distribution des vaccins ; des centres régionaux de recherche et de fabrication ; et l'adoption préalable de règles de collaboration entre les gouvernements en période de pénurie sur des questions telles que la distribution des vaccins, la propriété intellectuelle et la circulation des apports et des biens.

Les mesures recommandées à l'industrie sont les suivantes : concentrer les efforts de recherche sur les agents pathogènes prioritaires de l'OMS, garantir la transparence, faciliter le transfert de technologie et s'engager à prendre des mesures d'allocation spécifiques axées sur l'équité. Les organisations internationales et leurs partenaires devraient accorder la priorité aux objectifs du Programme pour la vaccination à l'horizon 2030, soutenir les initiatives menées par les pays et faire pression pour la mise en œuvre des résolutions sur la transparence des marchés.

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