Dakar — L'enseignante-chercheure à l'université Gaston-Berger (UGB) de Saint Louis, Pr Mame Penda Bâ, a souligné, jeudi, l'importance de mettre en place un modèle de référence "efficace", "pérenne" et "harmonisé" de prise en charge des victimes des violences basées sur le genre.
"Le problème des enfants talibés ou celui des filles victimes de violence basée sur le genre se pose de manière assez crue. C'est à partir de là que nous pensons qu'il est important de commencer une discussion ou de la continuer autour de comment faire pour mettre en place un système efficace, pérenne, harmonisé de prise en charge des victimes", a-t-elle déclaré à l'APS.
Pr Bâ participait à la clôture d'un atelier national de deux jours sur la production d'un modèle de référence pour la prise en charge de la santé des adolescentes victimes, survivantes des violences sexistes au Sénégal.
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet HIRA (Informer - accueillir-héberger et resocialiser), le Laboratoire d'analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-Diaspora (LASPAD) de l'Université Gaston Berger a organisé, mercredi et jeudi, un atelier national de production d'un modèle de référence pour la prise en charge de la santé des adolescentes victimes/survivantes de violences sexistes au Sénégal à la Maison de la Presse.
Cet atelier a réuni une grande diversité d'acteurs qui ont co-construit avec l'équipe du projet, "à partir des résultats de recherche obtenus et de leurs riches expériences, un modèle holistique et réplicable de prise en charge centré sur la problématique de l'accueil, du conseil et de l'hébergement des victimes/survivantes"
Selon Pr Bâ, ce modèle de référence unique sera appliqué partout dans le pays pour une question d'équité et d'égalité des citoyens.
A l'en croire, il est aussi important de poser la problématique de l'hébergement comme modalité de la prise en charge, car il demeure "l'angle mort" de cette protection de la stratégie nationale d'égalité et d'équité de genre.
"Malheureusement la question de l'hébergement est laissée à la périphérie, alors que c'est un dispositif absolument important puisqu'il permet de mettre à l'abri et de protéger de manière multidimensionnelle les victimes", a-t-elle fait valoir.
Elle a noté que les parties prenantes sont dans le processus de production de ce modèle de référence, via la co-construction issue d'un travail permettant d'identifier les centres et des acteurs clés dans la protection des victimes.
"Les discussions ont été entamées par des recherches sur la situation générale pour comprendre le système, maintenant nous sommes en train de nous diriger vers des solutions robustes avec les acteurs", a soutenu Pr Penda Bâ.
"C'est une réflexion de longue haleine", a-t-elle poursuivi, ajoutant que l'objectif est de sortir de cet atelier en ayant une idée claire de leurs besoins et des directions bien orientées sur ce vers quoi ils doivent aller.
"Il y aura ensuite une troisième phase, celle de la rédaction et de la production de ce modèle-là qui sera la phase finale avec une restitution auprès des acteurs", a-t-elle indiqué.
Elle a fait savoir qu'une étude de perception a été menée auprès d'environ 1400 adolescentes parmi lesquelles près de 240 disent avoir été victimes de violence basée sur le genre.
"Les premières concernées, les adolescentes et les victimes sont au cœur du dispositif. Nous prêtons une grande attention à leur expérience, leur discours, nous les écoutons (...)", a-t-elle dit.
Au Sénégal, a-t-elle souligné, "le dispositif de protection, de prévention et de prise en charge des victimes survivantes de violence basée sur le genre commence à être assez bien structuré, mais souffre quand même des dysfonctionnements assez importants".