Maroc: Le HCP s'attend à une faible croissance des investissements des entreprises en 2023

Les défaillances des entreprises seront encore plus fortes au cas où la crise inflationniste perdure, selon le Haut-Commissariat au plan

Dans un contexte de reprise économique post-Covid, d'inflation généralisée et de potentielle récession globale, les perspectives positives d'investissement des entreprises au Maroc en 2023 semblent incertaines, selon le Haut-Commissariat au plan (HCP).

D'après la récente publication de l'organisme public "Investissement des entreprises: quelles perspectives pour 2022-2023?", issue de la "contribution aux travaux préparatoires du budget économique prévisionnel 2023", l'entrave d'une bonne évolution des investissements serait due à plusieurs facteurs.

Dans un premier temps, les contraintes d'approvisionnement et de demande perturbent nombre de secteurs, indiquent les auteurs de la publication, Amal Mansouri et Zakaria El Faiz.

Selon ces deux économistes, les secteurs les plus impactés sont les industries métalliques, mécaniques, électriques, électroniques et les industries des matériaux de construction.

D'autres secteurs n'en sont pas moins épargnés. En effet, "dans l'industrie manufacturière, 65% des entreprises ont déclaré à la mi-2022 que les problèmes d'approvisionnement constituent un frein à l'augmentation de leur production, au lieu de 15 % à fin 2019", d'après le document.

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Quant à la demande, les économistes estiment que près de la moitié du secteur (45%) semble en pâtir contre 27% en 2019.

A cela s'ajoutent l'austérité et la prudence des entreprises justifiées par les "dettes contractées dans le cadre des programmes de prêts garantis et de relance mis en place en période post-Covid", ainsi que leur incapacité à se financer du fait du "resserrement de la politique monétaire de nature à pousser les banques à durcir leurs conditions d'octroi de crédits".

Une inflation généralisée qui déteint sur les coûts de production

La hausse conjoncturelle des inputs impacte négativement la production en augmentant son coût tout en baissant les marges. L'inflation se manifeste par une hausse de 6,7% des intrants intermédiaires nécessaires à la production en 2021.

Touchant tous les secteurs d'activité, ce sont surtout les toutes petites entreprises (TPE) qui seront le plus touchées car "confrontées à une hausse des prix de leurs intrants de près de +7%, au lieu +3,2% seulement pour les grandes entreprises", prévient la publication.

Selon la même source, cette hausse des inputs n'est pas répercutée sur les prix de vente dans la plupart des secteurs à l'exception des industries chimiques et activités commerciales. Par conséquent, cela conduit à une baisse de leurs marges respectives.

"Si les entreprises répercutent 25% de leurs charges financières, liées à la hausse des prix de leurs inputs, les branches des industries du textile et de la fabrication du bois seraient les seules qui verraient le taux de leurs marges s'améliorer de 1 à 2 points en 2022. Les autres branches seraient marquées par une baisse de leurs marges par rapport à 2021", affirment Amal Mansouri et Zakaria El Faiz dans leur article.

Or, la tendance inflationniste des intrants conduit à une augmentation des prix de vente "dans un contexte de faible dynamique de la demande intérieure". Cela sous-entend que ce même contexte risque d'être exacerbé par la répercussion sur les prix.

Enfin, la publication souligne que "les défaillances des entreprises seront encore plus fortes" dans l'éventualité où "la crise inflationniste s'accentue et fait perdurer la récession".

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