Sénégal: Violences faites aux femmes - Macky Sall appelle à l'action pour mettre fin au fléau

11 Novembre 2022

Le chef de l'État a présidé, hier, la clôture de la deuxième conférence de l'Union africaine sur la masculinité positive. À cette occasion, Macky Sall s'est insurgé contre les violences faites aux femmes et aux filles.

L'heure est, d'après lui, à l'action pour mettre fin au fléau, mais aussi à l'investissement de l'énergie positive des femmes dans le développement économique et social du continent.

Après Kinshasa, en 2021, Dakar a abrité la deuxième édition de la conférence de l'Union africaine sur la masculinité positive ; autrement dit, l'engagement des hommes et des garçons à soutenir l'égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi leur autonomisation. Au cours de cette rencontre tenue au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, le Président de la République a exprimé son optimisme quant à la prise en charge de la masculinité positive sur le continent africain. Macky Sall, qui prenait part au deuxième jour de la conférence sur la masculinité positive, a souligné que cette édition est une opportunité pour amener les populations non seulement à prendre conscience, mais aussi à agir contre ce fléau.

Dakar offre, à ses yeux, cette chance après la rencontre de Kinshasa dont la déclaration et l'appel ont été endossés par l'Union africaine en février. " La voie est tracée pour l'élaboration d'une convention sur la lutte contre les violences faites aux femmes ", a soutenu celui qui est, par ailleurs, président en exercice de l'Union africaine. Et à l'occasion du prochain sommet de l'Union africaine, cette convention sera sur la table des chefs d'État.

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Et à cette fin, " la rencontre de Dakar doit capitaliser la dynamique afin que cela ne soit pas un simple effet de mode, mais plutôt le catalyseur d'énergie pour une tolérance zéro à l'échelle nationale comme continentale contre ces violences. Nous sommes, ici, pour une prise de conscience et pour agir contre toutes les formes de violences sur les femmes et les filles ", a plaidé le Chef de l'État. Macky Sall a rappelé que ces violences sont multiformes et portent sur les violences physiques, les menaces et autres propos blessants et humiliants.

En ce sens, cette rencontre de Dakar est une occasion d'un nouvel élan dans la lutte contre les violences sur les femmes et les filles. Lutter contre ces pratiques d'un autre âge est d'autant plus juste qu'aucune loi, religion, ou règle sociale ne fait l'apologie de la violence contre un être humain ", a dit le Président Macky Sall, avant d'ajouter que l'objectif de cette rencontre est de créer un sursaut contre le phénomène. Pour le Chef de l'État, les femmes ont toujours tenu un rôle de premier plan à travers l'histoire.

A-t-il ainsi pris les exemples de reines comme Néfertiti d'Égypte Zingua d'Angola, des amazones du Dahomey, mais aussi des lingères Dieumbeutt Mbodj et Ndatté Yalla, Aline Sitoe Diatta, des figures historiques du continent pour étayer son propos. Pour lui, ces violences " injustifiées " doivent cesser afin de transformer l'énergie positive des femmes pour le développement économique et social du continent. " Rien ne peut justifier qu'une femme ou qu'une fille soit violentée... il faut agir pour que cesse l'omerta en temps de paix comme en temps de guerre, toutes ces formes de violences, de viols et autres abus sur les femmes ". Il lui semble nécessaire de faire de la masculinité positive un " nouvel état d'esprit " pour une société plus juste et plus accueillante envers les femmes et les filles.

De fausses convictions

Heureusement, se félicite le Chef de l'État, des femmes pionnières ont tracé la voie pour montrer que les femmes peuvent occuper et occupent des fonctions importantes sur le continent, citant Ellen Johnson Sirleaf du Libéria, Catherine Samba-Panza de la République centrafricaine. " Aujourd'hui, elles sont nombreuses à exercer les mêmes professions et les mêmes charges que les hommes. Elles sont nombreuses dans nos universités, lycées et collèges à égaler, voire à dépasser les performances des garçons ", a dit le Chef de l'État.

Leur présence dans diverses sphères de la société est, pour lui, un motif de confiance. Les autorités religieuses et coutumières, avec leur verbe, pourront porter le combat au niveau le plus décentralisé et le plus bas " pour extirper ces fausses convictions sur la femme... tous ensemble, nous devons élever la voix et dire ça suffit, la brutalité, la maltraitance, le harcèlement, les brimades, les viols ".

Il faut faire cesser ces violences, conformément à l'agenda 20/63 de l'Union africaine ainsi que la résolution 13/25 du Conseil de sécurité des Nations unies sur le sort des femmes dans les conflits armés. Une ambition déclinée par l'État du Sénégal à travers la criminalisation du viol et des actes de pédophilie, la prise en charge des violences faites aux femmes et aux filles par les forces de l'ordre et le portail de la Cellule d'appui à la protection de l'enfance (Cape) ainsi que le commissariat de police pilote de Mbao.

Pour sa part, le président de la commission de l'Union africaine a rappelé que la situation de la femme en Afrique reste encore préoccupante. " Une situation que ni les religions ni les traditions, souvent évoquées, ne peuvent justifier ", a souligné Moussa Faki. Et pour comprendre ce fléau, ce dernier estime qu'il faut aller au-delà des stéréotypes.

Car, il se dit convaincu que c'est une question qui ne peut être réglée par des slogans, mais plutôt par des actions quotidiennes. " Le chemin qui reste est encore long. Il revient aux États d'éradiquer le fléau par le respect de nos promesses, de libérer économiquement les femmes, en mobilisant des financements pour leur assurer une autonomisation ". Ainsi, le président de la Commission de l'Union africaine a lancé un appel pour que la rencontre de Dakar soit comme " un serment pour ne pas lésiner sur les moyens destinés à mettre fin à ce phénomène ".

Dans cette perspective, le Président Macky Sall a souligné qu'il faut " travailler étroitement avec la Commission et les femmes pour qu'au prochain sommet, nous puissions avoir cette convention et que nous portions la sensibilisation afin qu'elle soit ratifiée. Il faut mettre des fonds pour investir dans l'autonomisation des femmes ". L'heure est venue, selon lui, de faire évoluer les mentalités pour conforter l'égalité en droit et la complémentarité sociale homme femme. La deuxième conférence de l'Union africaine sur " la masculinité positive dans le leadership pour éliminer la violence faite aux femmes et aux filles " a été organisée par l'Union africaine, en collaboration avec le Réseau des femmes leaders africaines.

" Appel à l'action de Dakar "

Pendant deux jours, plusieurs panels ont réuni différents acteurs dont des religieux, des chefs coutumiers, du secteur privé, des jeunes et l'ensemble des segments de la société civile, pour échanger sur les violences faites aux femmes, à l'occasion de la deuxième conférence de l'Union africaine sur la masculinité positive. À la fin des travaux, d'importantes recommandations ont été formulées.

Elles ont été rendues publiques, hier, par l'envoyée spéciale du président de la Commission de l'Union africaine, chargée des droits des femmes. Des recommandations intitulées " Appel à l'action de Dakar " des Chefs d'État de l'Union africaine sur la masculinité positive afin de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles. Ces recommandations, au nombre de sept, sont ainsi déclinées.

Il y a d'abord l'engagement du Président Macky Sall à faciliter, dans un délai d'un an, une convention de l'Union africaine sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Figure également en bonne place, l'introduction d'une intervention transformatrice de genre telle que les programmes de résolution des conflits domestiques pour les garçons et les hommes dans les communautés. Il semble tout aussi urgent de travailler à l'augmentation des investissements sur les plans économique et social pour la protection des filles et des femmes et le développement d'un cadre politique institutionnel pour une meilleure représentation des femmes dans diverses sphères.

La rencontre a également préconisé l'institutionnalisation d'une structure pour un engagement systématique et continu, en intelligence avec les chefs religieux et coutumiers, afin d'encourager les États membres de l'Union africaine à soutenir le renforcement des capacités des femmes, mais aussi des différents mécanismes. Le Président Macky Sall a été félicité pour avoir accueilli la deuxième conférence de l'Union africaine sur " la masculinité positive dans le leadership pour éliminer la violence faite aux femmes et aux filles ". D. GUEYE (correspondant)

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