Congo-Brazzaville: Merveille Mbip - " J'invite la jeunesse congolaise à la lecture "

interview

Merveille Mbip est une jeune auteure congolaise passionnée de poésie et d'art. Lauréate au concours national de poésie Laotekombo, deuxième édition, co-auteure des anthologies " Les mots face aux maux à l'ère de la covid-19" (Renaissance africaine, Paris 2020) et "Silence sous les tropiques" (L'Harmattan, Paris 2021), elle vient de publier le recueil de poésie "Saveur de mes larmes" (Kemet, Brazzaville 2022), dont elle dévoile le contenu à travers cet entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Merveille Mbip, pourquoi et pour qui écrivez-vous ?

Merveille Mbip (M.M.) : L'écriture étant un moyen d'expression, j'écris pour pouvoir m'exprimer, dire avec mes mains ce que je ne peux pas dire avec ma bouche. J'écris pour immiscer dans la nudité du monde le tanin des rêves et le nœud de l'orage pour que ne meure point l'essaim de l'espoir dans l'arène des imaginaires corrompus. J'écris pour dénouer l'ourlet d'un pleur sur le parchemin des années pour que l'amorce du jour côtoie le leurre du crépuscule. J'écris pour être solitaire au milieu du vide plutôt qu'esseulée par la foule. Pour qui j'écris ? J'écris pour tout le monde, moi-même y compris...

L.D.B.C. : "Saveur de mes larmes", de quoi parle-t-on dans ce recueil ?

M.M. : La vie est comme un théâtre. Elle est chancelante, instable et transitionnelle. Sa beauté est constituée d'un mélange de tout. Amertume et délice s'y mêlent. Les larmes sont de joie, de peine puis de joie... Tout est question de circonstances. En effet, derrière ce rideau de brumes qu'est "Saveur de mes larmes", sont dissimulés bien de sentiments... Nostalgie, tristesse, amour et une certaine errance aussi, pour ne citer que ceux-ci. "Saveur de mes larmes" est une poésie lyrique où je verbalise mes ressentis intérieurs. Ici, je parle de la vie telle que je l'appréhende. Je ne dis pas l'autre qui se découvrirait aisément à travers mes vers, mais je me dénude et me raconte moi-même. Ce qui fait que chaque poème, chaque strophe ou chaque vers me montre dans tous ses tourments, mes luttes internes, les fourvoiements de mon âme et ma volonté de transformer l'univers en un grand jardin d'amour où fleuriraient les pétales d'espérance. Car pour moi, le monde porte maintenant des teintes mornes et grisâtres. Il est jonché de détritus de désespoir, plane dans le vide ou tangue dans un flot obscur que je songe parfois à une vie d'ailleurs.

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L.D.B.C. : La poésie est-elle pour vous un exutoire ?

M.M. : Un exutoire oui, mais pas que ! Elle est également mon arme de combat dans la mesure où elle me sert de critiquer les déficiences sociales, morales et autres, sans oublier qu'elle me sert à guérir avec des mots, nos maux.

L.D.B.C. : Un dernier mot ?

M.M. : Comme dernier mot, j'aimerais juste inviter la jeunesse congolaise à la lecture. La lecture pour éveiller ses sens, la lecture pour développer son imagination, la lecture pour stimuler son cerveau, la lecture pour s'informer, la lecture pour se former, la lecture pour se construire et se reconstruire.

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