Cote d'Ivoire: Agitations persistantes autour de la CEI - L'opposition encore et toujours dans le dilatoire

9 Novembre 2022

Revoilà nos chers opposants. Comme il est de coutume, chaque fois que les élections approchent, l'opposition reproduit le schéma classique qu'on lui connait. A savoir bavarder, bavarder et bavarder et surtout accuser la Commission électorale indépendante électorale (CEI) de tous les péchés d'Israël. Plutôt que de se préparer à aller à la conquête des urnes comme le ferait n'importe quelle opposition sérieuse qui a en face un adversaire redoutable, l'opposition ivoirienne, elle, joue à se faire peur.

Les élections locales à savoir les municipales et régionales sont, en effet, annoncées par la CEI en octobre ou novembre 2023. L'institution en charge de l'organisation du scrutin, conformément à sa mission, déroule normalement son programme à cet effet. C'est dans cette optique qu'elle a procédé au renouvellement de ses démembrements sur le territoire national. Et bientôt la révision de la liste électorale se déroulera du 19 novembre au 10 décembre 2022 en Côte d'Ivoire et du 24 novembre au 10 décembre pour les Ivoiriens de la diaspora. Pour cette opération, elle a convié le mardi 11 et le mercredi 12 octobre dernier, respectivement les partis politiques et les groupements politiques ainsi que les organisations professionnelles des médias, les organisations de la société civile et l'association des blogueurs à l'effet d'expliquer dans les moindres détails le processus de révision de la liste électorale.

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Une fois n'est pas coutume. A peine cette opération tout à fait légale est-elle annoncée que nos chers opposants crient au loup. Et ruent dans les brancards. Pour eux, le système d'inscription en ligne est une porte ouverte à la fraude et cela, sans apporter la preuve de cette fraude qui profiterait au pouvoir en place. En réalité, comme c'est le cas depuis plusieurs années, l'opposition ivoirienne fait un autre faux procès à l'institution mise en place pour organiser le processus électoral. A moins d'être de mauvaise foi, tous les acteurs politiques ou de la société civile savent que la CEI n'est que l'outil technique. Aujourd'hui, avec tous les moyens de communications modernes dont les uns et les autres disposent, il est difficile pour un camp de tricher. Surtout que le processus se fait avec la plus grande transparence. La liste électorale une fois établie est remise à tous les partis politiques. Elle est aussi affichée pour le grand public. Chacun est libre de contester l'inscription sur la liste de tout individu qui n'a pas droit d'y être. Il suffit d'en apporter la preuve. La délation en la matière est proscrite.

Tout le monde sait que l'élection, c'est d'abord et avant tout le terrain. A la veille de la présidentielle de 2020, l'opposition s'était déjà illustrée négativement en s'attaquant à la CEI. La réponse est venue de feu Hamed Bakayoko. " On ne gagne pas une élection à la CEI sinon Gbagbo aurait été élu en 2010 ", avait coupé court l'ancien Premier ministre. Dans une interview accordée au journal Jeune Afrique paru le jeudi 24 septembre 2020, il affirmait que cette CEI est la plus équilibrée que la Côte d'Ivoire ait jamais eue. Hamed Bakayoko ne croyait pas si bien dire. En effet, si les élections se gagnaient à la CEI, Laurent Gbagbo n'allait pas perdre le pouvoir en 2010 et le RHDP n'aurait pas perdu les municipales à Yopougon le 6 mars. Si cela était possible, à travers cette Commission de renverser les résultats, pour rien au monde le RHDP aurait laissé échapper la plus grande commune de Côte d'Ivoire. En revanche, tous les hommes politiques savent qu'une élection se gagne au travers d'un rapport particulier et régulier du postulant avec les électeurs ainsi qu'une bonne occupation du terrain.

La victoire, c'est le terrain !

C'est sur le terrain que se gagnent les élections. Cela est vrai pour toutes les consultations électorales. Que ce soit pour l'élection du chef de classe ou du délégué d'amphithéâtre, ou encore pour la députation et à la mairie, pour ne prendre que ces cas, la démarche est la même. Aller au-devant des électeurs, les séduire par un programme afin d'obtenir leur soutien. Et le reste suivra. Ce n'est pas dans le bavardage creux dans les médias ou sur les réseaux sociaux, qui sont devenus les tribunes préférées des opposants, que les scrutins se remportent. Il faut s'armer de courage et d'endurance pour parcourir villages et hameaux et surtout " vendre " son projet aux électeurs qui n'attendent que cela pour se déterminer. Cette approche a été payante pour le RHDP lors des dernières élections législatives partielles. Bodokro, considéré comme un bastion imprenable du PDCI, a été arraché par le RHDP. Du reste, certains au PDCI l'ont compris, qui ont récemment sonné le holà contre l'immobilisme du parti d'Henri Konan Bédié. Des cadres et non des moindres n'ont pas accusé la CEI après cette défaite. Me Blessy Jean-Chrysostome, avocat du PDCI, dans une longue lettre, avait demandé aux militants du PDCI de quitter les réseaux sociaux pour aller sur le terrain.

Cependant, en face, point n'est besoin de rappeler le travail de terrain qu'abat le RHDP. L'opposition bourgeoise qui a la phobie du terrain, veut gagner des élections sans mouiller le maillot. Disons sans effort. Ils croient qu'il suffit de crier fort pour que le pouvoir leur tombe du ciel.

Le parti présidentiel qui l'a si bien compris ne dort pas sur ses lauriers alors qu'il a une assise confortable. Par rapport aux échéances à venir, il a pris une sérieuse longueur d'avance sur ses adversaires d'en face. Depuis le mois de février dernier, il a amorcé une restructuration profonde pour rester compétitif. Un nouveau directoire a été mis sur pied, un nouveau secrétaire exécutif a été nommé, de nouveaux secrétaires départementaux ont été élus et mis en mission et très bientôt l'enrôlement des militants sera lancé pour constituer une base de données fiables des militants. Il s'agit de l'opération e-militant RHDP.

En tout cas, si l'opposition veut continuer à exister, elle devrait se mettre au travail au lieu d'être dans la polémique inutile comme elle le fait en ce moment. C'est dès maintenant qu'elle doit commencer à préparer les joutes électorales prochaines. Il y a mieux à faire que de ruer dans les brancards. Il y a mieux à faire en aidant à sensibiliser ses militants à participer à la révision de la liste électorale imminente et à toutes les étapes du processus à venir. Il y a mieux à faire en aidant au préalable les nouveaux majeurs à détenir leurs titres qui vont leur permettre de figurer sur la liste électorale. Il n'y a pas de honte à copier ce qui est meilleur. Elle ferait mieux de prendre l'exemple sur le parti au pouvoir qui s'organise et se modernise. Il ne sert à rien de s'en prendre vertement à la CEI et à son président, de les accuser de tous les péchés d'Israël. Sinon, les dernières élections législatives de 2021, auxquelles toute l'opposition a participé, c'est cette même commission qui a les a organisées. Et l'opposition, malgré son impréparation, a tout de même remporté des sièges. Autant donc continuer sur cette lancée et occuper le terrain en tirant les leçons de ses défaites passées. Sinon une énième cuisante défaite ne sera pas loin. A moins que l'opposition ne soit en train de trahir son incapacité à faire mieux que par le passé et à préparer ainsi l'opinion à sa débâcle prochaine.

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