Sénégal: Nouvelle Stratégie de Développement de la Filière riz - Le Sénégal veut doubler sa production à l'horizon 2030

12 Novembre 2022

La première phase de la Stratégie nationale de développement de la riziculture sénégalaise a permis de tripler la production. La deuxième phase, validée hier, ambitionne de doubler la production rizicole à l'horizon 2030.

Le Sénégalais est un grand consommateur de riz avec une moyenne de plus de 80 kilos par an et par personne. Cela fait que malgré les efforts pour augmenter la production, l'offre est insuffisante face à la forte demande (la production nationale progresse moins vite que les besoins), entrainant, chaque année, l'importation d'environ 960 000 tonnes. Pour inverser la tendance et créer un cercle vertueux (atteindre l'autosuffisance et augmenter les revenus des producteurs), le Sénégal s'est doté d'une nouvelle stratégie qui a été validée, hier, lors d'un atelier organisé à Dakar. En réalité, il s'agit de la deuxième phase de la Stratégie nationale de développement de la riziculture sénégalaise (2019-2030) adoptée, en 2008, dans le cadre de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (Card) appuyée par le Japon. Celle-ci ambitionne de doubler la production rizicole actuelle.

Clôturant les travaux de l'atelier de validation, Moussa Sow, Directeur de cabinet du Ministre de l'Agriculture, de l'Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, qui s'est réjoui de la nouvelle stratégie, a réaffirmé la volonté du Gouvernement de réaliser l'autosuffisance en riz et globalement de la souveraineté alimentaire. Il a noté que les efforts ont permis une augmentation sensible de la production nationale qui est passée de 408 219 tonnes de riz paddy en 2008 à 1 132 795 tonnes en 2018, soit presque le triple de la production. Tout en espérant que la nouvelle stratégie permettra d'atteindre l'objectif, le Directeur de cabinet du Ministre de l'Agriculture a invité les experts, les techniciens et les acteurs à prendre en compte les aléas liés au changement climatique.

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Appui du Japon

Dans sa quête d'autosuffisance en riz, le Sénégal peut compter sur l'appui du Gouvernement japonais. Hirose Shibichi, conseiller à l'Ambassade du Japon au Sénégal, a rappelé que l'augmentation de la production de riz " figure depuis longtemps parmi les priorités de notre coopération, comme en attestent les nombreuses initiatives déjà mises en œuvre dans ce domaine ". " Le Japon, en combinant le don, le prêt et l'assistance technique, appuie la rationalisation de la riziculture irriguée, avec une perspective d'accueillir des stagiaires des pays tiers au Sénégal en tant que zone modèle pour le partage à l'échelle sous-régionale des résultats de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique ", a-t-il dit. En ce qui concerne le développement de la riziculture pluviale, le diplomate nippon a indiqué qu'un projet d'assistance technique est mis en œuvre " pour augmenter et stabiliser la production alimentaire à travers l'amélioration technique et la gestion agricole ".

Hiromichi Morishita, Représentant-résident du Bureau de la Jica au Sénégal, trouve pertinente l'ambition du Sénégal de vouloir doubler sa production à l'horizon 2030. Il a réitéré sa volonté d'accompagner la phase 2 de la Stratégie nationale de développement de la riziculture sénégalaise.

En 2008, avec les émeutes de la faim, 23 États africains, appuyés par le Japon, avaient mis en place la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique. Chaque pays s'est doté d'une Stratégie nationale de développement de la riziculture avec l'objectif de doubler sa production rizicole en 10 ans. Le Sénégal, qui s'était fixé un objectif plus ambitieux d'autosuffisance en riz, d'abord en 2012, ensuite en 2017, avait réussi à presque tripler sa production.

Les investissements chiffrés à plus de 1371 milliards de FCfa

À l'horizon 2030, le Sénégal veut doubler sa production de riz à travers la phase 2 de la Stratégie nationale de développement de la riziculture validée hier. Les investissements nécessaires à la réalisation de cet objectif sont chiffrés à 1371 027 168 234 FCfa. Waly Diouf, Directeur du Programme national d'autosuffisance en riz, assure que cet objectif peut être atteint si les moyens sont disponibles. " Si cette enveloppe est effectivement mobilisée, l'autosuffisance en riz sera atteinte ", affirme-t-il. La nouvelle stratégie est bâtie sur le développement de la riziculture irriguée et celle pluviale. Elle s'appuie sur cinq piliers : des d'intrants de qualité en quantité suffisante par le renforcement de la recherche et des acteurs ; le développement des infrastructures agricoles par la mise à disposition des équipements nécessaires ; l'augmentation des aménagements ; la construction de magasins de stockage et des pistes de production (pour convoyer la production vers les centres urbains).

Lors de la première phase, le Sénégal a réalisé un bond qualitatif en termes de production. Le Directeur du Programme national d'autosuffisance en riz souligne que le Sénégal est l'un des trois pays à avoir réussi à tripler sa production de riz alors que l'objectif était de la doubler. Waly Diouf indique que si le Sénégal n'a pas atteint l'autosuffisance en riz, c'est parce que toutes les ressources prévues n'ont pas pu être mobilisées. Sur une enveloppe prévisionnelle de 424 milliards de FCfa, note-t-il, seuls 205,5 milliards ont été effectivement mobilisés pour la période 2014-2019, soit moins de la moitié du financement prévisionnel. M. Diouf dit que l'augmentation de la production nationale a permis de stabiliser, sur une période de 10 ans, les importations à environ 960 000 tonnes.

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