Ethiopie: Le gouvernement éthiopien et les forces tigréennes s'accordent sur un "accès humanitaire à tous"

Après cinq jours de discussions, le gouvernement éthiopien et les forces tigréennes ont signé samedi 12 novembre à une déclaration commune sur la mise en œuvre de l'accord de cessation des hostilités signé le 2 novembre à Pretoria.

Réunies à Nairobi, les deux parties s'engagent notamment à permettre le retour de l'aide humanitaire pour tous ceux qui en ont besoin, au Tigré et aussi dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.

L'annonce fait suite aux discussions dans la capitale kényane Nairobi sur la mise en œuvre de l'accord de paix signé le 2 novembre à la capitale sud-africaine, Pretoria. Cela comprend notamment le désarmement des forces tigréennes, le rétablissement de l'autorité fédérale au Tigré et l'acheminement de l'aide.

Le médiateur de l'union africaine Olusegun Obasanjo a reconnu que " cela n'a pas été facile ". Et pour preuve : la presse avait été conviée dès 10h30 samedi matin, mais ce n'est finalement que huit heures plus tard que la déclaration commune a été signée, rapporte notre correspondante à Nairobi, Florence Morice.

L'accord signé samedi par le maréchal Berhanu Jula, chef d'État-major des Forces armées éthiopiennes (ENDF), et le général Tadesse Worede, commandant en chef des forces du Tigré, prévoit " un accès humanitaire à tous ceux dans le besoin au Tigré et dans les régions voisines ".

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Dans ce document de six pages, les chefs militaires des deux camps s'engagent à permettre le retour de l'aide humanitaire dans tout le pays et cela " immédiatement ", selon Olusegun Obasanjo, Même si aucun calendrier n'est indiqué dans le document. L'accord prévoit également des " garanties de sécurité pour les travailleurs humanitaires " et deux points de contrôle pour les convois humanitaires : un au chargement et un à l'arrivée.

L'accès humanitaire se fera sans entrave, et ce immédiatement. Nous avons l'assurance que l'aide humanitaire est bien là. Une partie peut être envoyée immédiatement par avion, mais la plus grande partie sera envoyée par la route. Il y aura des contrôles aux points d'embarquement puis aux points de déchargement du matériel. La sécurité requise par les agences et les travailleurs humanitaires sera aussi garantie, la déclaration contient toutes les dispositions nécessaires pour que l'acheminement de l'humanitaire puisse commencer avec effet immédiat.

Le médiateur de l'union africaine Olusegun Obasanjo explique la mise en œuvre de l'accord éthiopio-tigréen " effet immédiat " :

Florence Morice

Les armes lourdes ne quitteront le Tigré qu'en même temps que les " forces étrangères "

Concernant le désarmement, l'accord conclut samedi prévoit la création d'une commission mixte qui sera chargée de superviser l'opération, mais fait la distinction entre armes légères et armes lourdes.

Si un calendrier est fixé pour les armes légères, le désarmement des armes lourdes lui est en revanche conditionné. Il a été convenu samedi qu'il devra se faire " en même temps que le retrait de la région " du Tigré " des forces étrangères ". Autrement dit, celles n'appartenant pas à l'armée éthiopienne. Cela en référence à l'Érythrée et aux forces Amhara qui occupent une partie de la région.

Cette disposition répond aux inquiétudes des Tigréens pour qui il était " inacceptable " de rendre leurs armes lourdes, avant le départ des forces de l'Erythrée.

Mais cette disposition crée aussi de l'incertitude. Car Asmara, allié d'Addis Abeba dans cette guerre, n'a pas pris part aux discussions entre Tigréens et le gouvernement fédéral. Interrogé à ce sujet samedi, Uhuru Kenyatta a par ailleurs botté en touche : " Nous ne sommes pas là pour parler d'un pays en particulier. Nous sommes là pour parler de la paix de l'Éthiopie. Et toutes les questions ayant attrait à la paix et à la sécurité en Éthiopie ont été abordées ", a-t-il tranché.

Cet alinéa de l'accord pose également, en creux, la question de l'avenir du Tigré occidental. " Les forces amhara occupent le Tigré de l'ouest, administré en tant que zone de la région amhara depuis sa conquête en novembre 2020. Dernièrement, le gouvernement fédéral a proposé d'en faire une sorte de zone administrée par le niveau fédéral, ce que les nationalises amhara ont refusé. Ils ne veulent pas entendre parler de négociations ", explique le chercheur Mehdi Labzae sociologue au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (Cedej) du Caire, en Égypte.

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