En Côte d’Ivoire, la révolution numérique dans le domaine médical est en route. Grâce à des plateformes digitales, il est désormais possible de faire une demande de soins à domicile. Des plateformes répertorient un large réseau de professionnels sanitaires répartis à travers toute la ville d’Abidjan et mettent en relation les professionnels de la santé les plus proches avec les patients. L’objectif est de réduire les contraintes physiques liées aux déplacements, aux retards, aux délais de prise en charge, et aux salles d’attente surchargées.
Elles se nomment Umed, Maisoin ou encore La clinique connectée. Des plateformes qui proposent une prise en charge dite « digitalisée », associant à la fois la téléconsultation et le suivi des patients. Avec un infirmier pour 2.200 habitants, la Côte d’Ivoire fournit difficilement tous les soins de base à sa population. Car même si ce chiffre répond aux recommandations internationales (1 infirmier pour 5 000 habitants et 1 médecin pour 10.000 habitants), de fortes disparités persistent notamment au niveau du ratio médecin/population dans les différentes régions.
L’utilisation du numérique à travers de nouveaux outils permet donc une certaine autonomie. Le patient peut organiser son suivi médical, disposer d’un carnet médical électronique, et même prendre des RDV. Le jour du rendez-vous, un infirmier, un médecin ou une sage-femme du réseau se rend au domicile du patient afin de prodiguer les soins nécessaires. Entre autres, des consultations généralistes et spécialistes à domicile, le traitement des maladies chroniques, les prélèvements sanguins pour test en laboratoire, le suivi postnatal de la mère et du nourrisson, le suivi post chirurgical, mais aussi des vaccins.
Les prix de ces interventions varient généralement entre 15 000 FCFA et 75 000 FCFA. Un marché de niche, adaptée à un groupe de clients bien défini en l’occurrence une classe moyenne supérieure. En plus des consultations, certaines plateformes de télémédecine proposent même l’hospitalisation à domicile. En cas de maladie grave. Un médecin et une infirmière pourront mettre en place un protocole médical pour le suivi du patient sous perfusion à son domicile. Une option de plus en plus envisagée par les patients car pas de chambre ou de repas facturé. Selon le fondateur de cette plateforme, dans certains cas, l’hospitalisation revient même moins chère que dans un établissement de santé privé.
Une autre plateforme suivie par près de 30 000 abonnées fonctionne comme un secrétariat médical avec un standard disponible 24 h /24 et 7 jours/7 pour orienter, conseiller et donner des avis médicaux gratuitement aux patients. Médecins et experts peuvent donner leurs avis sur des pathologies bien précises. La plateforme fonctionne aussi comme un carnet de santé digital avec un espace pour répertorier toutes les informations de santé. Poids, indice de masse corporelle, tension, fréquence cardiaque, etc.
Ces plateformes offrent des avantages et services variés. Cependant la médecine à domicile à ses limites. Selon le docteur, Ousmane Soumahoro, fondateur d’une de ces plateformes de télémédecine, la médecine à domicile, n’est pas applicable sur certains patients car pour certains cas cela nécessité des intervention trop complexes, trop intenses ou trop techniques, pour des personnes qui ont besoin de continuité des soins et d’une équipe de coordination pluridisciplinaire (infirmières, rééducateurs, assistante sociale, psychologue, diététicienne…).
En Côte d’Ivoire, la télémédecine est en train de changer l’accès aux soins pour les populations. L’hypertension touche aujourd’hui 25 % des Ivoiriens, contre 13 % dans les années 1980. Soit un taux comparable à la France, mais moins de la moitié des malades sont traités. Selon les spécialistes de santé, près de 90 % des infarctus peuvent être diagnostiqués dans le cadre de la télémédecine.
En outre, la technologie offre aussi une traçabilité avec la possibilité de traduire un praticien en justice en cas d’erreur médicale, mais la gestion des données reste un challenge pour les développeurs de ces plateformes. À cause du secret médical, ces données doivent être transmises dans un cadre sécurisé.