Effarant. Le maire d'Antananarivo a failli laisser sa peau dans un attentat. Deux hommes sur scooter ont tiré sur sa voiture. La vitre blindée lui a évité le pire. L'attentat a eu lieu dimanche matin du côté d'Ambatobe.
Évidemment, les deux tueurs se sont évaporés dans la nature. C'est le maire lui-même qui a annoncé la nouvelle sur les réseaux sociaux. Dimanche toute la journée, on attendait des réactions officielles des autorités, à défaut une mise au point du procureur.
On restera sur sa faim jusque dans la nuit. Hier, le président de la République a condamné l'acte. Il y a de quoi être interloqué face à ce silence assourdissant comme s'il ne se passait rien. Pour des coups d'État sur le papier tout aussi farfelus que leur auteur, on avait procédé à des arrestations massives. Les principaux prévenus ont étés lourdement condamnés.
Tout état très vite enclenché et le procès s'est tenu quelques mois après les arrestations. Cette fois, rien ne semble presser les forces de l'ordre. On aurait dû procéder à une filature des environs d'Ambatobe dès que l'alerte a été donnée. On aurait dû ratisser et boucler toutes les sorties possibles à Nanisana, Analamahitsy, Ambohimangakely, Mahazo... Mais on n'a peut-être pas cette pratique dans les habitudes. Durant les kidnappings des années précédentes, on aurait pu appréhender quelques ravisseurs si on avait bouclé toutes les issues. On espère que l'enquête fera la lumière sur cette affaire. Pour le moment, tout reste opaque.
De deux choses l'une. Soit il s'agit d'un banal banditisme qui tombait par pur hasard sur la personne du maire, soit il s'agit d'un attentat politique. Pour le premier cas, c'est l'illustration de l'ampleur de l'insécurité qui n'épargne personne.
Du moins les simples gens qui encourent un danger n'importe où, de jour comme de nuit. Pour le second cas, c'est une dérive dangereuse puisqu'il s'agit d'un extrémisme, une expression de la frustration née du mécontentement par rapport à la gestion de la capitale ou du pays. Le maire ne fait pas que des heureux dans l'assainissement de la capitale. Les marchands de rue dégagés de leur emplacement ruminent leur colère. Les chauffeurs de taxi-be mis en fourrière pour manquement au cahier des charges ne jurent que par une réplique.
À défaut de pouvoir manifester, la mode est désormais le recours aux tueurs à gages. En novembre 2017, un Indien s'est fait tirer dessus par deux hommes en scooter du côté d'Ambatobe. Auparavant, un autre Indien s'est fait abattre dans sa voiture par deux hommes sur un scooter. Voilà qui complique la lutte contre l'insécurité puisque l'ennemi est désormais sans visage.