Madagascar: Le Groupement des exportateurs de litchi réagit à la polémique sur la filière

Le marché de l’exportation de litchis malgaches vers les pays européens représente plusieurs millions d’euros.

À Madagascar, jeudi dernier 10 novembre, l'ONG Transparency International jetait un pavé dans la mare et saisissait les justices malgache et française, appelant les autorités à ouvrir une enquête sur de possibles faits criminels commis dans la filière litchi.

Nous en avions d'ailleurs parlé sur RFI. L'ONG suspecte les exportateurs malgaches et importateurs français du petit fruit rose d'avoir recours à la corruption transnationale, au blanchiment d'argent et à la fraude fiscale. Des allégations que conteste vivement le Groupement des exportateurs de litchi qui a souhaité donner sa version des faits.

Quatre jours après les révélations de Transparency International, le GEL, le Groupement des exportateurs de litchi, directement pointé du doigt dans l'enquête de l'ONG, contre-attaque.

" Nous pensons que c'est déplorable et lamentable, à une semaine de l'ouverture de la [campagne] du litchi, qu'on utilise tous ces mots, de "blanchiment d'argent", de "détournement", affirme Narson Rafidimanana, le porte-parole du groupement. Ça peut porter préjudice [à la filière] parce qu'aujourd'hui, les acheteurs européens, quand ils voient ces enquêtes, ces suspicions ... c'est quand même très grave ! [La filière litchi], c'est une filière organisée, transparente. Depuis 2011, on a lancé des appels d'offres, pour choisir les importateurs, qui allaient distribuer les fruits de Madagascar. Donc il n'y a pas de corruption, ni de blanchiment ni de détournement dans le groupement du GEL aujourd'hui. "

Les exportateurs déclarent vouloir coopérer avec les enquêteurs, quels qu'ils soient, pour prouver leur bonne foi. " Nous sommes prêts à répondre aux enquêtes de Transparency. Tous les membres du GEL sont prêts. Et également [à] la justice si la justice nous demande des comptes. Bien évidemment, nous n'avons rien à cacher du tout. "

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Une campagne de récolte et d'export qui s'annonce électrique

Pourtant, durant son enquête, Transparency International affirme avoir sollicité par voie officielle le président du GEL pour un entretien afin d'échanger sur l'organisation de la filière et clarifier le rôle de la société LTC basée à Maurice, servant d'intermédiaire entre les exportateurs et les importateurs. En vain. Seuls certains membres du GEL auraient accepté d'échanger, sous couvert de l'anonymat. " Vous savez, nous sommes tous concurrents au sein du GEL. Et quelque part, quand j'exporte ou j'achète le litchi, des fois j'exporte moins cher que les autres ou plus cher, et c'est sans doute la raison pour laquelle certains ne veulent pas s'exprimer sans anonymat. "

Quant au rôle de la LTC, les exportateurs expliquent : " La LTC est une société que le GEL a mise en place pour trouver une solution au manque de trésorerie. C'est un outil commercial, un organisme financier. Qui va financer les bateaux frigorifiques (assurant la liaison du port de Tamatave aux ports européens, NDLR), qui demandent aujourd'hui 9 millions d'euros ? Il faut payer les cartons, faire des avances aux producteurs, aux exportateurs. En France, en Europe, on ne prête pas comme ça. Les banques malgaches non plus. Donc le GEL a décidé avec l'accord des importateurs choisis en appel d'offre de créer cette société LTC à Maurice pour trouver ce manque de trésorerie. "

Dans son communiqué, Transparency International dénonçait également le manque de transparence sur les bénéficiaires et les acteurs de cette société. " Qui est derrière la structure LTC ? Ce sont des intermédiaires français, européens. Mais je ne pense pas qu'il y ait de Malgaches dedans en tout cas. "

La campagne de récolte et d'export de litchis devrait commencer la semaine prochaine et s'annonce d'ores et déjà électrique.

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