Madagascar: Impôts fonciers sur la propriété bâtie - Risque de contestation généralisée, l'image du régime en jeu

Hier, les contribuables se sont rués vers le bureau des arrondissements pour faire des réclamations. C'était le cas notamment dans le quatrième arrondissement, à Anosy où des gens venant d'Anosizato, d'Anosipatrana, d'Anosibe, d'Ankaditoho-Marohoho, ou de Tsimbazaza ont haussé le ton pour dénoncer une " injustice ".

Un flagrant délit d'amateurisme. Les arrondissements ont été pris d'assaut, hier, par des contribuables en colère. Dans la confusion totale, les Tananariviens étaient venus en masse dans les bureaux du Firaisana pour contester et demander des explications concernant la hausse exorbitante des impôts fonciers sur la propriété bâtie. Les avertissements des impôts reçus de l'année 2022 pendant le week-end par tous les ménages les ont fait sauter au plafond.

Le montant a connu une augmentation décuplée pour la plupart des ménages, allant de 40 000 ariary à 400 000 ariary, voire plus. Pourtant, pour la plupart, aucun changement n'a été opéré et aucune nouvelle construction n'a été faite au niveau des propriétés. Par ailleurs, sur les quittances, il n'y a aucune indication ni explication sur ce qui aurait entraîné cette hausse vertigineuse. En effet, les quittances ne révèlent aucun détail ni aucune transparence sur la base de calculs.

Les autorités responsables, notamment le Directeur des Ressources financières de la Commune Urbaine d'Antananarivo qui signe les avertissements, n'ont même pas pris la peine de préparer l'opinion. La surprise était totale. D'autant plus que la décision vient pile au moment où les Tananariviens font face à une inflation grandissante qui fragilise davantage l'économie des ménages. Les contribuables tananariviens dénoncent une insulte et une provocation de la part des autorités communales.

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Abattement

D'où viennent ces nouveaux calculs ? C'est la question qui se pose. Même les responsables au niveau des arrondissements sont dans l'embarras et semblent perdus par rapport aux chiffres présentés sur les quittances. Pour tenter d'apaiser la tension qui était palpable, un employé au niveau du quatrième arrondissement a expliqué que ce n'est pas ce montant prohibitif que les contribuables vont payer. Ce dernier évoque un abattement de 60%. Il demande ainsi aux victimes de faire le calcul. À l'entendre, les contribuables ne devraient payer que 40% des chiffres inscrits sur les quittances.

La question est donc de savoir pourquoi avoir mis ce montant exorbitant sur la quittance, sachant pertinemment qu'en cette période où chaque famille traverse une difficulté financière, une telle initiative risquerait de semer la zizanie et provoquer une désobéissance fiscale. Tout en sollicitant un moment de recul pour pouvoir rectifier cette erreur, ce responsable d'arrondissement demande aux concernés de régler d'abord les impôts de 2020 qui ne faisaient pourtant l'objet d'aucun avertissement.

Désobéissance fiscale

En tout cas, à l'allure où vont les choses, le risque d'une contestation générale et généralisée de la part de la population tananarivienne n'est pas à écarter. Depuis hier, des appels à la mobilisation et à la contestation sont lancés sur les réseaux sociaux. Ce qui est sûr c'est que cette hausse insupportable va ternir davantage l'image du régime en place.

À un an de la prochaine élection présidentielle, cette décision risque fort de porter atteinte aux résultats des votes au niveau de la Ville des Mille. Bon nombre des partisans du clanVolomboasary se demandent ainsi s'il ne s'agit pas d'une manœuvre délibérée de la part de certains responsables pro-TIM ou anti-Rajoelina (c'est selon) qui travaillent au sein de la CUA.

D'autant plus que du côté de l'Administration communale, on assume l'initiative en expliquant que cette augmentation est normale car la dernière hausse effectuée sur les impôts fonciers sur la propriété bâtie date d'il y a 30 ans. En tout cas, bon nombre d'observateurs considèrent l'initiative comme une erreur politique, voire même un suicide politique. À l'allure où vont les choses, la Commune Urbaine d'Antananarivo risquerait de faire face, d'ici peu, à une désobéissance fiscale généralisée.

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