Afrique: Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire - L'envers du décor...

12 Novembre 2022

17 octobre 2021-17 octobre 2022, il y a un an naissait au forceps le Parti des peuples africains. Ayant échoué à " récupérer " son FPI (Front populaire ivoirien) aux mains de son poulain Pascal Affi N'Guessan, après avoir refusé de privilégier la voie du dialogue, Laurent Gbagbo s'est lancé, à 77 ans bien sonnés, dont près d'une décennie hors du pays, dans une nouvelle aventure. Poussé par un groupuscule d'irréductibles, proches de lui, qui lui déconseillent vivement la retraite et surtout lui font miroiter un nouveau destin présidentiel.

Pour l'accomplir, il faut naturellement un appareil politique, d'où la création du PPA-CI. Mais, un an après, la promesse des fleurs n'a pas été à la hauteur de l'espérance. Derrière la célébration pompeuse de cet anniversaire, lundi dernier, au Palais de la culture de Treichville, se cache un décor bien sombre. C'est un parti qui est totalement en souffrance. Sur le terrain, il n'a pas réussi, même avec le nom de Gbagbo, à rallier à sa cause les nombreux militants historiques du FPI.

Pour preuve, l'opération d'enrôlement des militants s'est soldée par un échec cuisant avec un désintérêt total pour la carte de militant. Initialement vendue à 500 FCFA l'unité, le prix de la carte a été revu à la baisse à 300 FCFA, mais elle est simplement ignorée par les pro-Gbagbo.

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Selon nos informations, les chiffres brandis par Damana Pickass, lors de la cérémonie du lundi 17 octobre, ne reflètent pas du tout la réalité du terrain. " Dans certaines régions, les chiffres ont été gonflés, et dans d'autres, on a enregistré des personnes sans leur dire de quoi il s'agit. Il y a eu beaucoup de faux. Tout ce qu'ils racontent n'est pas vrai ", souffle un partisan de Gbagbo, aujourd'hui déçu de celui qui fut, pendant de longues années, son référent politique. Et l'un des symboles patents de la désillusion du PPA-CI est le Sud-Comoé où Simone Gbagbo fait une razzia chez les militants traditionnels frontistes qui ne jurent, actuellement, que par la présidente du Mouvement des Générations d'Avenir.

Là-bas, la rupture inélégante de Laurent avec leur fille Simone reste en travers de la gorge des populations, qui ne lui pardonnent pas cela. Pour eux, c'est une grosse trahison qu'ils ont dû mal à gérer. A ce désamour - pour ne pas dire rejet- des partisans de Simone Gbagbo pour son futur ex-époux (le divorce n'ayant pas été encore prononcé) s'ajoutent de terribles dissensions internes sur fond de lutte d'influence pour le contrôle du PPA-CI. Ainsi, deux camps se livrent une guerre sournoise autour de Gbagbo, dans une atmosphère délétère, de suspicion. D'un côté, il y a les hommes de Nady Bamba.

Si publiquement, elle est la discrète compagne du président du PPA-CI, en revanche, loin des spotlights, c'est elle qui tient le gouvernail de ce parti et dicte, officieusement, la conduite à tenir par le PPA-CI. " Elle contrôle le vieux ", lâche un Gbagbophile dans un français imagé et très ivoirien. Pour certains cadres, sa trop grande emprise sur Laurent Gbagbo et surtout son trop grand activisme politique ne sont pas appréciés par des cadres, dont des compagnons fidèles de Laurent Gbagbo, qui ne le reconnaissent plus. Et l'un des exemples édifiants de la très grande puissance de Nady Bamba, c'est la question de l'élection des fédéraux.

Le Pr Hubert Oulaye, président exécutif du PPA-CI, et Demba Traoré, responsable de la commission électorale et application numérique, se disputaient farouchement sur le dossier, tous les deux voulant organiser le scrutin. Et c'est Nady Bamba qui a tranché dans le vif en faveur de Demba Traoré.

Sans que Gbagbo ne dise un mot. Toute chose qui a froissé Hubert Oulaye. Résultat : jusque-là, rien n'a été fait. A dire vrai, taxé d'être un pro-Simone, l'homme n'a effectivement pas renié son amitié avec l'ex-Première Dame, Simone Gbagbo. Ce qui n'est pas bien vu par le camp Nady. Aujourd'hui, ceux qui dirigent le PPA-CI ont tous fait allégeance à Nady Bamba.

Autre souci pour Laurent Gbagbo et son PPA-CI, la frustration de la télévision propagandiste Afrique Média qui a défendu, bec et ongles, dans un passé récent la cause de Laurent Gbagbo. Cette télé garde, selon le site d'informations audace24.org, une dent contre le PPA-CI parce qu'il a refusé de lui accorder une interview après son acquittement à la CPI (Cour pénale internationale) motif que c'est une télévision populiste. Ce que le confrère considère comme une " ingratitude ". On le voit, les réjouissances du lundi dernier sont incontestablement, l'arbre qui cache la forêt.

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