Cameroun: Brigade routière de la Gendarmerie nationale - La Désolation suprême

15 Novembre 2022

Quand le crime de certains fonctionnaires devient une banalité et quand la honte n'existe plus. Le triste exemple de la brigade routière de la Gendarmerie nationale

12hs30, Yaoundé, 11 novembre 2022, au lieu dit Ebang, à la sortie ouest de Yaoundé, en route pour les obsèques du journaliste d'investigation Nestor Nga Etoga à SA'A, une scène attire notre attention. Quatre camions et deux cars de transports sont garés des deux côtés de la chaussée, ce samedi, jour de très grande circulation où les corbillards rivalisent avec les vacanciers. J'ordonne à mon chauffeur de s'arrêter. Non loin de là, une motocyclette blanche de gros cylindre est positionnée, et un gendarme en tenue kaki, communément appelé routier, veille, sifflet à la bouche, mais d'avantage comme un espion qui fait le, guet. Son rôle, c'est de stopper les véhicules, et d'un geste de la main, les orienter vers une structure derrière lui. Là deux véhicules aux vitres fumées, cachent une table où deux autres gendarmes sont en action. Ils encaissent les billets de banque, 2000, 1000 , 500 Fcfa, que leur remettent les automobilistes selon la catégorie. C'est mécanique, on ne discute pas, on ne se parle presque pas, on balance les bêtises et on repart.

Le gendarme qui fait le guet, s'étant aperçu que je l'observe, fait un signe à ses collègues de sursoir un peu. Il traverse la chaussée et s'approche de mon véhicule. Je le refoule vertement en lui disant que je ne l'ai pas appelé et je n'ai pas besoin de lui. IL retraverse la chaussée et donne l'alerte. Une gendarmette qui était avec lui, fonce vers le deuxième véhicule aux vitres fumées, saute dedans et se sauve à toute vitesse, certainement avec la récolte. Celui qui est resté, s'embrouille à ranger rapidement tout ce qui se trouve sur leur petite table maléfique. Certains automobilistes ont compris, et ne s'arrêtent plus.

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16hs15, je reviens des obsèques, et de loin, je me rends compte que la même scène de la matinée se poursuit inlassablement. Cette fois, ce sont trois véhicules avec des vitres fumées qui encadrent la table, formant un joli triangle d'enfer de la corruption et du braquage des automobilistes, pire que le triangle des bermudes. L'un des véhicules est une petite TOYOTA COROLLA, de couleur grise, immatriculée CE 591 MB. Un des camions stationnée juste devant moi, porte l'immatriculation C 514 LU, de dix roues. C'est le motorboy qui descend toujours, et c'est lui qui va à la table du diable pour payer l'impôt du vol et de la honte

Cette fois, les gendarmes bien que m'ayant vu, n'ont pas pris la fuite. Ils ont néanmoins cessé de stopper les véhicules, et celui qui fait le guet, a mis son chapeau, pour faire semblant. Admirablement, certains conducteurs ont aussi compris, me voyant stationné et prenant des notes, mais surtout en découvrant que les braqueurs sont déstabilisés.

Voilà un phénomène, un fléau, une incongruité, une cause, un pan, une image ou tout ce que l'on veut, mais c'est le Pays sans la honte, avec toutes les indignités ainsi que toutes les injustices. Nous avons alerté depuis des décennies, toutes les instances de la république, en vain. QUE FAIRE ? DE TAIRE ? CONTINUER ? SE SUICIDER ? A ce même endroit, des photos avaient été faites et diffusées amplement sur les réseaux sociaux, et rien n'a toujours changé. Le crime est dans le gêne de corps, qu'il faut dissoudre, absolument.

Non, il ne faut jamais se taire, ne jamais abandonner, et surtout pas se suicider, parce qu'une nation se bâtit à force de convictions, de détermination, de travail, de dialogue permanent, d'honnêteté et d'engagement citoyen. Un jour, ce braquage à ciel ouvert prendra bien fin. Le chef de l'Etat a depuis longtemps été sensibilisé et agira toute de suite, demain, après-demain, mais certainement très bientôt./.

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