Madagascar: La Nature défend les belles richesses de l'Androy

Au moment où Madagascar rejoint " la grande famille française et devait fournir un effort considérable pour aider à la libération de la patrie " (Jean Ducaud, chroniqueur), une épouvantable sècheresse se produit dans l'Androy.

Les résultats sont désastreux. Les cultures vivrières sont anéanties, plus de cent mille zébus sont perdus, dont trente mille échangés contre de la nourriture dans les circonscriptions voisines. Le ricin ne produit qu'une infime récolte tandis que la migration de la population est très élevée. Le gouvernement colonial décide de remédier à cette situation en parant au plus pressé. C'est ainsi que l'on booste activement les travaux d'hydraulique agricole de la ceinture de l'Androy et que l'on organise un transfert de population, par " une règlementation adéquate de la transhumance ".

Le 19 juin 1944, un arrêté rattache à Ambovombe les districts de Tsihombe, Bekily et Tsivory, afin de réunir, sous une même autorité, tout l'Androy et " les territoires qui peuvent contribuer à son relèvement, Tsivory et Bekily devant jouer le rôle de greniers ". Mais cela ne se fera pas sans mal. Ces circonscriptions sont également éprouvées par la sècheresse de 1943 et, à l'époque, elles possèdent moins de manioc et de patates que l'Androy. À force d'acheter au rabais des bœufs aux Antandroy du Sud, l'agriculture est quelque peu délaissée pour faire de l'élevage contemplatif. " Pas de pépinières ni de greniers de canton si ce n'est depuis quelques mois. "

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Les habitants profitent jusque-là d'une " politique paternaliste " qui n'incite pas aux grands efforts. Néanmoins, les premières mesures prises ont pour objet de développer l'hydraulique agricole, avec l'espoir qu'une grosse récolte de paddy " tsipala ", en mai-juin 1945, sera le prélude d'une amélioration sérieuse et constante des conditions de vie des populations indigènes.

Dès le mois d'aout 1944, dix-neuf barrages et projets de barrages sont contrôlés et une décision prise pour chacun d'eux. Par des travaux d'entretien menés à grand train et l'aménagement de quelques canaux complémentaires, plus de 600 ha de terrains sont récupérés en deux mois. Dans l'Androy même, Behara étend son irrigation par épis et barrage en argile, à 550 ha. La même année, un barrage neuf, long de 86 m, est réceptionné à Betroka. Il devra permettre d'irriguer plus de 150 ha. Dans le domaine des grands travaux, on met en chantier la construction d'un barrage de la Mananara à Beraketa, et d'un réseau important de canaux qui irrigueront plus de 2000 ha.

" C'est dans cette voie qu'il faut persévérer ", commente Jean Ducaud. Il propose alors de prendre exemple sur la Californie et l'Australie, et de ne pas hésiter à creuser des puits nombreux et profonds, à construire des citernes, des abreuvoirs et des silos de grande capacité. Il suggère de travailler les ouvrages d'hydraulique agricole, grands et petits, de créer de vastes palmeraies de dattiers autour des points d'eau permanents, de doter la Coopérative des producteurs de gros moyens d'action.

Jean Ducaud va plus loin et indique qu'il ne faut pas hésiter " à abandonner les chefs-lieux administratifs, choisis autrefois pour leur valeur stratégique " pour transporter dans les centres économiques nouveaux, maternité, école, canton.

" Nous serons largement remboursés, même si le seul résultat serait de donner à l'Antandroy des conditions de vie meilleures. " Cela permettra, selon lui, de reconstituer un " réservoir de main-d'œuvre " où les grosses exploitations de l'Ile viendront puiser largement sans porter préjudice- " comme le font les recrutements actuels " (1944-1945)- à l'économie de l'Androy. Car cette région, croit Jean Ducaud, porte en elle " de belles richesses que sa nature défend avec âpreté ". Pour les conquérir, conclut-il, il faut des crédits et des capitaux importants, de gros moyens d'actions, un programme bien défini et régulièrement suivi. " Il faut, enfin, une somme de persévérance, de courage et de foi. "

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