Afrique: Renseignements - Les grandes puissances s'accusent d'espionnage multiforme

Les questions liées à l'espionnage par le biais de piratages informatiques, de logiciels espions ou par satellites, préoccupent plusieurs pays depuis l'apparition des technologies plus sophistiquées en matière de renseignement.

Des Etats disposant d'une expérience en la matière s'accusent de domination technologique, poussant chaque camp à prendre des dispositions plus poussées pour éviter d'être contrôlé par une tierce partie. Certaines de ces technologies, à l'instar du logiciel espion israélien Pegasus qui a défrayé la chronique ces derniers mois ou du logiciel Predator, permettent à des régimes politiques d'espionner des citoyens d'une même nation ou d'ailleurs.

L'annonce faite en octobre dernier par la Grande-Bretagne à ses alliés d'Europe et d'Amérique, les avertissant du danger que constitue dorénavant la Chine qui cherche à utiliser " sa domination technologique à des fins de surveillance ", témoigne de la lutte acharnée qui a lieu entre Etats, espaces géopolitiques ou organisations pour se hisser à la première place en matière de surveillance. Londres a, de ce fait, appelé ses partenaires à agir en urgence.

Le chef de l'agence britannique de renseignement et de sécurité, Jeremy Fleming, dans un discours à des spécialistes, a affirmé que les autorités chinoises représentent déjà " une énorme menace pour nous tous ", du fait de leurs technologies, tels que leurs systèmes satellites et leurs monnaies virtuelles. A la tête de l'agence de renseignement de son pays depuis 2017, Jeremy Fleming a appelé le Royaume-Uni et ses alliés à répondre en urgence à ces menaces, selon un communiqué. " Notre avantage dans notre future stratégie technologique repose sur ce que nous décidons de faire maintenant en tant que communauté. J'ai confiance sur le fait qu'ensemble, nous pouvons tourner ce moment à notre avantage ", a-t-il souligné.

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Evoquant le fait que la Chine a finalisé en 2020 Beidou, son système de navigation par satellite, concurrent du GPS américain, le directeur de l'agence britannique de renseignement a déclaré : " Beaucoup pensent que la Chine est en train de se doter d'une puissante capacité antisatellite, avec pour objectif d'empêcher les autres nations d'accéder à l'espace en cas de conflit ". " Et il y a des craintes que la technologie puisse être utilisée pour tracker les individus ", a-t-il fait remarquer.

Au sujet de l'espace, l'accord signé en septembre 2021 par la Russie et le Mexique sur la coopération spaciale fait de nouveau parler de lui ces dernières semaines, après que l'ambassade de Russie à Mexico a affirmé qu'il permettait le déploiement de satellites russes au Mexique, qui partage plus de 3 000 km de frontière avec les Etats-Unis.

L'accord spatial Moscou-Mexico mal vu par les Américains

Si les autorités mexicaines soutiennent que l'accord sur la coopération, l'exploration et l'utilisation de l'espace a été conclu à des " fins pacifiques ", Washington ne croit nullement à cela et voit toujours cet arrangement d'un mauvais œil. Il maintient cette position même si le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, insiste que l'accord a été paraphé " avant la guerre entre la Russie et l'Ukraine " et ne servira pas à " espionner l'espace aérien mexicain et d'Amérique du Nord ". " Ces accords sont signés avec tous les pays et ils n'ont pas pour but d'espionner quiconque ", a-t-il ajouté, lors de sa conférence de presse quotidienne. Il faut signaler que le texte controversé " prévoit, entre autres choses, la possible installation de stations #Glonass (Ndlr : système global de navigation satellitaire russe) en territoire mexicain ".

Outre le partenariat Mexico-Moscou, la Russie a été accusée à plusieurs reprises de cyber-espionnage contre l'Allemagne, avant même le début de son invasion en Ukraine. La Russie est notamment rendue responsable du piratage informatique à grande échelle qui a visé, en 2015, les ordinateurs du Bundestag et les services de la chancelière d'alors Angela Merkel, ainsi que l'Otan et la chaîne de télévision francophone "TV5 Monde". Et tout récemment, Moscou a été accusé de contacts présumés avec le chef de l'agence de cybersécurité allemande, Arne Schönbohm, conduisant Berlin à procéder à son éviction.

Malgré la méfiance qui se développe entre Etats ou même des accusations portées contre certaines personnalités, les Etats-Unis et l'Union européenne se sont accordés à régler leur différend dans le domaine de l'économie numérique. A cet effet, le président américain, Joe Biden, a signé un décret visant à fournir des gages aux Européens pour le transfert des données personnelles de l'Europe vers les États-Unis dans un nouveau cadre légal, crucial pour ce secteur. Il s'agissait d'une solution trouvée après d'âpres négociations sur le fait que 5 000 entreprises américaines, dont des géants comme Google ou Amazon, ne protégeaient pas de possibles " ingérences dans les droits fondamentaux des personnes dont les données étaient transférées " aux Etats-Unis.

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