Marrakech — "Quand les images ne sont plus là, la musique reste", a fait remarquer le compositeur franco-libanais, Gabriel Yared, à l'occasion d'une rencontre, organisée mercredi au somptueux Palais des Congrès de la Cité ocre, dans le cadre du programme "In Conversation with... ".
Invité à interagir lors de cette conversation, l'un des rendez-vous les plus attendus de la 19è édition du Festival International du Film de Marrakech, placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, Gabriel Yared a partagé avec son public mélomane son expérience en tant que compositeur de musique de films, évoquant son amour pour la musique, notamment le jazz, depuis son plus jeune âge.
L'artiste franco-libanais a mis l'accent sur l'importance de la musique dans une œuvre cinématographique puisqu'en sortant du cinéma, le public garde toujours à l'esprit le thème du film dont l'effet n'est pas négligeable.
"Je suis né pour la musique", a-t-il dit, avant d'évoquer son enfance au Liban et son désir de se consacrer à la musique au lieu de réaliser le souhait de ses parents en suivant des études de droit.
Le compositeur a mis l'accent sur la nécessité d'accompagner tout le processus et ne pas attendre les images du film pour composer sa musique.
"Il est important que la musique naisse avant, pendant et après l'image", a, ainsi, soutenu M. Yared qui a fait ses premiers pas dans la musique de films avec le cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard.
"Les disciplines musicales sont très importantes", a-t-il, par ailleurs, fait remarquer, ajoutant que les harmonies musicales permettent de développer la personnalité de la personne et de renforcer sa confiance en elle.
Cette séance a particulièrement été marquée par une performance exceptionnelle au piano, l'occasion pour M. Yared de jouer ses musiques les plus connues et ce, avec la projection de quelques scènes de films dont il a composé le thème, notamment "Camille Claudel" et "37.2 le matin".
Né à Beyrouth, Gabriel Yared abandonne ses études de droit pour suivre, en auditeur libre, les cours d'Henri Dutilleux et Maurice Ohana à l'École Normale de Musique de Paris. Par la suite, il séjourne à Rio pendant un an et demi, collaborant notamment avec Ivan Lins, ambassadeur de la bossa moderne.
A son retour à Paris, en 1973, il est happé par le monde de la musique et, plus tard, compose la bande originale de Sauve qui peut (la vie) de Jean-Luc Godard. En l'espace de quelques années, Gabriel Yared multiplie les collaborations avec des réalisateurs de renom, parmi lesquels : Robert Altman, Costa-Gavras, Jean-Jacques Annaud - avec L'Amant pour lequel il remporte un César.
Depuis plusieurs années, il travaille auprès d'une nouvelle génération d'auteurs comme Xavier Dolan, Florian Henckel von Donnersmarck, Angelina Jolie et Maïwenn.