Bénin: Validation du recours de l'opposition - La Cour constitutionnelle a dit le droit

Le prochain parlement pourrait voir l’opposition (Les Démocrates en image) siéger
17 Novembre 2022
analyse

Contre toute attente, la Cour constitutionnelle béninoise vient de donner une suite favorable au recours des candidats du parti Les Démocrates. En effet, recalés par la Commission électorale nationale autonome (CENA) pour manque de quitus fiscal, ces derniers avaient saisi la plus faute juridiction du pays pour se faire établir dans leur droit. Pour une victoire, ils en ont obtenu une puisque les Sages ont accédé à leur requête. Ils autorisent le parti à remplacer ses quatre candidats sans quitus fiscal.

Avec cette décision, le président du parti, Eric Houndité, pourra prendre part aux législatives du 8 janvier prochain. Cela n'était pas gagné d'avance quand on sait que sous nos tropiques, les décisions de Justice vont rarement à l'encontre des desiderata du prince régnant. Surtout dans le cas d'espèce du Bénin où le président Patrice Talon s'est illustré par ses méthodes spartiates qui consistent à développer des stratagèmes pour écarter certains adversaires gênants aux échéances électorales.

Il l'a déjà fait en 2019 lors des élections législatives qui, on s'en souvient, avaient cristallisé beaucoup d'attentions, provoquant une grave crise politique avec les conséquences que l'on sait. C'est ce scénario que tout le monde redoutait avec l'invalidation de la liste des candidats des Démocrates dont on sait qu'ils ne comptent pas pour du beurre.

La Cour constitutionnelle rend service à la démocratie béninoise

En tout cas, si la Cour constitutionnelle avait débouté l'opposition, elle aurait ouvert un boulevard pour le parti au pouvoir et ses alliés, avec le risque de voir à nouveau s'installer une Assemblée nationale monocolore pour ne pas dire une caisse de résonnance du pouvoir de Cotonou. Mais la Cour constitutionnelle semble avoir pris de la hauteur en refusant de se laisser conter fleurette.

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Elle a décidé de dire le droit, rien que le droit. C'est tout à son honneur. Car, en le faisant, elle ne rend certes pas service à Patrice Talon qui aurait aimé voir recaler certains candidats capables de tailler des croupières à son parti. Mais, elle rend service à la démocratie béninoise visiblement malmenée depuis l'arrivée de l'homme d'affaires au gouvernail.

En effet, comment peut-on parler de démocratie dans un pays si les partis politiques de l'opposition sont systématiquement écartés des échéances électorales ? Comment peut-on parler de bonne gouvernance dans un pays où le président dirige sans contrepouvoir, et où les opposants sont régulièrement traqués et embastillés à cause de leur prise de position ?

En tout cas, ce ne sont pas les opposants Joël Aïvo et Reckya Madugu qui diront le contraire ; eux qui ont été condamnés, on le sait, pour avoir lorgné le fauteuil de Talon. Sans doute Patrice Talon oublie-t-il que si ses prédécesseurs avaient agi de la sorte, il n'aurait pas eu la chance de séjourner au Palais de la Marina.

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