Afrique: À bout de souffle

Les rideaux se ferment sur la COP 27 de Sharm El-Sheik, Égypte. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques se tient annuellement depuis 1995.

Ces sommets durent deux semaines et sont des rencontres importantes pour les dirigeants mondiaux, les politiciens, les experts, les membres de la société civile pour discuter de la crise climatique mondiale. Une thématique qui gagne de plus en plus de poids même si à ses débuts les COP étaient snobées.

Ces conférences annuelles réunissent les signataires de la convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, un accord international sur l'environnement pour lutter contre les changements climatiques il y a 30 ans. Au total, 197 pays sont signataires. La problématique du climat est de plus en plus considérée malgré les discours de quelques dirigeants. Les crises géopolitiques dues à la crise climatique et énergétique se multiplient et rendent complexes les relations internationales et encore plus dans les années à venir.

L'Afrique n'est pas épargnée par ce phénomène et se présente aussi comme victime des "pollueurs occidentaux" tout en continuant de défricher les tristes lambeaux de forêts qui lui restent. Lors de leurs interventions aux travaux de la 27è COP, les dirigeants africains ont notamment insisté sur le financement de l'adaptation dans les pays en développement, en plus de la transition vers l'énergie renouvelable et la réalisation de la neutralité carbone. Sous les discussions, il est plus question de gros sous.

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Parlons notamment de l'intervention du président du Sénégal qui assure actuellement la présidence de l'Union Africaine qui a rappelé que "les pays africains soutiennent une transition verte juste et équitable" et "que le financement réservé aux pays en développement, qui s'élève à 100 milliards de dollars, n'est plus suffisant et a besoin d'une revalorisation, en vue d'atteindre les objectifs escomptés".

L'Afrique aurait été présente à Sharm El-Sheik pour jouer un rôle responsable dans la sauvegarde de la planète. Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a rappelé que depuis de la COP26 de Glasgow, en Écosse, les écarts entre la planification et la mise en œuvre sont importants. Compensation, effacement des dettes, milliard de dollars, des mots entendus lors de la COP27. Mais aussi, avenir, femme, forêt et... engagements.

Aucun pays n'a d'ami dit-on souvent en géopolitique. Il n'y a que des intérêts. Quels sont donc les intérêts de Madagascar dans cette belle bousculade ? Ils sont tellement multiples qu'il est presque impossible de les citer ici. Profane que nous sommes, nous n'allons pas nous aventurer à dire plus que les experts mais voici quelques-uns.

Tout d'abord, Madagascar est parmi les îles qui vont récolter des impacts de la montée du niveau de la mer si ce n'est déjà pas en cours. De nombreuses zones côtières disparaîtront et des déplacements de populations vers les hautes terres sont à prévoir. L'eau est une ressource de plus en plus rare et la désertification avance dans certaines zones. Ce qui se passe dans le Sud n'est qu'une prémice à ce qui nous attend. Que faire: reboiser le plus vite possible, protéger les forêts et habitats naturels restants, limiter les feux de brousse et les émissions de gaz à effet de serre. En attendant que les autres pays s'occupent (encore un peu plus) de notre cas, n'est-il pas temps de se prendre en main ? On suffoque à Antananarivo.

La pollution est à son comble, les maladies liées à la pollution touchent durement les enfants comme les grands. Dans toute l'île, ce qui nous reste d'héritage naturel part en flamme. Nos animaux endémiques sont exterminés sous nos yeux. Attendrons-nous l'argent de l'extérieur pour nous sauver nous-mêmes? Il est plus que temps que nos politiques passent à l'action dans leurs propres pays au lieu de demander de l'action venant des autres.

Une poignée de riches et d'hommes politiques prendront sûrement l'avion quand tout ira mal ici. Ils ont mis assez dans leurs comptes en banque à l'étranger. Mais la majorité mourra de famine et de soif ici quand il n'y aura plus rien. Alors, que la majorité arrête aussi de se mettre le feu à l'avenir et à l'avenir de leurs propres enfants.

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