La République reconnaissante a rendu, le 18 novembre au Palais des congrès de Brazzaville, un dernier hommage à la sénatrice Joséphine Mountou-Bayonne, décédée le 24 octobre à Paris, en France, à l'âge de 93 ans.
Le chef de l'Etat, Denis Sassou N'Guesso, qui a déposé une gerbe de fleurs, s'est incliné devant la dépouille de l'illustre disparue avant de consigner quelques écrits dans le livre de condoléances.
Devant les corps constitués nationaux, les parents, amis et connaissances de Joséphine Mountou-Bayonne, le président de la République a témoigné de son affection à l'égard du membre du Comité d'honneur du Parti congolais du travail (PCT) en ces termes : " La mort est une manière d'être que la réalité humaine assume : dès qu'un humain vient à la vie, déjà il est assez vieux pour mourir. Il est dans la main de chacun de vivre éternellement. À chacun de devenir célèbre en s'attelant à des prouesses, de travailler pour devenir insigne dans les lettres, dans la science, dans la politique, etc, etc. Mais c'est l'imminence dans la vertu qui loge dans l'immortalité ; et l'immortalité c'est aussi travailler à une œuvre éternelle.
La vertu pour la camarade Joséphine Mountou-Bayonne, c'est d'avoir su se faire à tous. C'est un art supérieur que de gagner tous les cœurs, car ressemblance attire bienveillance. L'œuvre éternelle, levier de son immortalité, ce sont les empreintes indélébiles imprimées à jamais sur le microcosme politique congolais par son obsession de faire passer de l'idéal à la réalité, de l'abstrait au concret, la célèbre devise de la femme congolaise : Seule la lutte libère. Repose en paix au panthéon de la mémoire collective, camarade Joséphine Mountou-Bayonne ! ", a consigné Denis Sassou N'Guesso.
Née le 28 juin 1929 à Djambala, dans le département des Plateaux, Joséphine Mountou-Bayonne était diplômée, depuis 1963, d'intendance universitaire de l'Institut national d'administration scolaire. Au plan national, elle a été détentrice du Certificat d'études primaires indigènes, du Certificat d'aptitude professionnelle et de la Capacité professionnelle. " Femme battante, femme engagée, femme responsable, femme sage, doyenne d'âge de la chambre haute du Parlement, Joséphine Mountou-Bayonne a été une femme politique, une professionnelle de l'enseignement et une animatrice associative ", a souligné le deuxième secrétaire du Sénat, Joseph Yédikissa Dhadié, dans son éloge funèbre.
En effet, la vie professionnelle de Joséphine Mountou-Bayonne commence en 1946 en qualité de cadre supérieur de l'enseignement et des corps communs de l'enseignement de l'Afrique équatoriale française (AEF). Elle a respectivement assumé les fonctions d'économe au lycée technique de Brazzaville et d'intendante au collège Javouhey de la même ville.
Une icône de la vie politique nationale
Cofondatrice de l'Union révolutionnaire des femmes du Congo (URFC) en 1965, elle a dirigé cette organisation affiliée au PCT de mars 1973 à mars 1979. Membre du Mouvement national de la révolution dès 1964, elle entre au PCT en 1972 avant d'être élue au Comité central en 1974. A l'issue du 5e congrès ordinaire de ce parti en décembre 2019, la sénatrice des Plateaux est élue au Comité des membres d'honneur du parti socle de la majorité présidentielle. Députée à l'Assemblée nationale populaire pendant cinq ans à partir de 1973, elle est devenue sénatrice en 1992. En 1997, son mandat est interrompu à cause de la guerre civile du 5 juin. Joséphine Mountou-Bayonne retrouve le Sénat en 2002 jusqu'à sa mort et siégeait à la Commission économie et finances.
Animée par le souci permanent de formation, d'information et de partage, elle a sillonné de nombreuses capitales dans le monde pour participer à des conférences et congrès organisés par l'Organisation des Nations unies de 1962 à 1999. Son travail a été reconnu tant au niveau national qu'international au regard de nombreuses distinctions honorifiques obtenues. Grand-Croix à titre exceptionnel dans l'ordre du mérite congolais, officier du mérite congolais, elle est médaillée d'honneur en qualité de femme appartenant à la deuxième promotion des femmes fonctionnaires de l'AEF. Grand cordon de la République populaire de Corée, Officier dans l'ordre national du Lion de la République du Sénégal ; Ordenom Jogoslovenske Zastave Salentom de la République fédérale de Yougoslavie ; Officier de l'ordre national de la République de Côte d'Ivoire ; Commandeur dans l'ordre de l'étoile équatoriale de la République du Gabon.
" La République est en deuil. Elle pleure une grande dame, une figure emblématique de la lutte pour la libération et l'émancipation de la femme dans notre pays. Sans répit, elle a porté très haut le flambeau de la lutte pour l'intégration de la femme au développement, et dans les sphères nationales de prise de décisions ", a témoigné le deuxième secrétaire du Sénat.
Joséphine Mountou-Bayonne, qui reposera désormais pour l'éternité au mausolée Marien-Ngouabi, a laissé sept enfants.
