Cote d'Ivoire: Bettié - Comment le pont sauve des vies, cinq ans après l'inauguration

19 Novembre 2022

Lancés en octobre 2015 par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, les travaux de construction du pont sur le fleuve Comoé, qui permet aujourd'hui de relier les pays Akyé et Agni au niveau de la ville de Bettié, se sont achevés 24 mois plus tard. Depuis lors, les 69.640 habitants du département et leurs autorités réunis ne boudent pas leur plaisir de voir leur cité reluire lorsque le vendredi 22 décembre 2017, le chef de l'Etat, Alassane Ouattara leur a livré leur ouvrage. Les raisons de cette joie sont diverses.

Une éternité que durait leur calvaire. Chaque jour, c'est la peur au ventre que les populations devaient rallier la région de la Mé à celle de l'Indénié-Djuablin par Bettié où les attendait un bac souvent très capricieux. " A l'époque, on pouvait compter le nombre de fois que je me rendais au village ", nous avait confié un habitant, lors d'un récent séjour à Bettié. Pour lui, et pour l'ensemble des populations de la localité, cette parenthèse est devenue un lointain souvenir. Nous en avons fait l'expérience un jour ensoleillé du septembre.

Ce jour-là, à la sortie Sud de la ville natale de Jean-Marie Adiaffi, notre regard et certainement celui de tout visiteur a été forcément médusé devant la beauté du pont, encore neuf, jeté sur la Comoé. En une fraction de seconde, nous voici à l'autre rive de fleuve. Pour atteindre la ville de Bettié, chef-lieu de département, grande productrice de produits agricoles et qui n'a jamais connu en matière d'ouvrages d'envergure que des voies recouvertes de l'éternel gravier rouge avec son corolaire de poussière, est aujourd'hui une ville heureuse avec ses 3 kilomètres d'artères bitumées et surtout son pont. Attendu depuis de très nombreuses années, l'ouvrage réalisé par Alassane Ouattara fait la fierté des régions de l'Indénié-Djuablin et de la Mé. En concrétisant cette promesse de campagne à très forte valeur ajoutée, le chef de l'Etat a mis fin au cauchemar des populations des régions de l'Indénié-Djuablin et de la Mé dont le fleuve constituait ici encore une frontière naturelle entre les deux peuples voisins.

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Ces populations qui peuvent désormais savourer le bonheur de voir le bel ouvrage en récoltent d'immenses profits. En effet, ce pont de 190 mètres de long avec 1 070 mètres de routes d'accès, financés en totalité par l'Agence Française de Développement (AFD), dans le cadre du Contrat de Désendettement et de Développement (C2D), pour un montant de quelque 8 milliards de FCFA est un véritable levier du développement comme le constate Théophile Kouao. L'espoir renouvelé grâce au pont de Bettié est ici résumé par cet enseignant, cadre et fils de la localité : " Avec le pont, les populations n'ont plus besoin d'attendre pour effectuer des voyages. Le même jour, ils peuvent effectuer un voyage aller-retour sur Abidjan et Adzopé. Avant avec le bac, quand on arrive à 18h, il fallait attendre le lendemain avec les risques de chavirement. Les fonctionnaires peuvent aller faire leurs courses facilement au-delà du fleuve et ne vont plus à Abengourou qui est plus éloignée. Le quartier qui est juste avant le pont est en pleine expansion du fait du pont. Les gens y investissent en construisant des habitations. Sans parler de l'évacuation des malades. En tout cas, le pont apporte beaucoup à la ville de Bettié et aux localités environnantes. Notre quotidien a changé. Et nous sommes heureux par rapport au bitumage qui va compléter le bitumage reliant déjà Adzopé à Yakassé-Attobrou à notre ville. Les travaux sont en cours. Les populations sont plus proches d'Adzopé et cela résout beaucoup de problèmes ", a-t-il expliqué.

Ce fils de la localité est un professeur qui explique les avantages du fameux pont qui a mis fin aux nombreux calvaires dus aux pannes du bac ainsi que la fin des larmes suite aux inévitables naufrages de l'engin et aux chutes de véhicules dans le fleuve. " Je me souviens d'un drame qui s'est produit sur le bac de Bettié. C'était un samedi vers 13 heures. Doumbia Bakary, chauffeur au sein de l'entreprise Bittar, a perdu la vie lorsque son camion semi-remorque immatriculé 7296 az01 a chuté dans le fleuve Comoé à la sortie sud de Bettié ", se souvient-il.

Un précieux outil de développement aux fortes retombées économiques

Béhibro Philippe-Olivier, un opérateur économique établi dans la localité depuis longtemps, apprécie les avantages liés au pont. " Je pense qu'il faut remercier le président de la République pour cette action. Ce pont permet de désenclaver le département à 90%. Nous avons désormais un accès rapide à Adzopé, à Abidjan. Cela nous permet parfois de faire des allers-retours. Ce qui était impossible dans les années passées avec le bac. Le pont nous permet aussi d'avoir des activités et de les développer car la mobilité est plus grande. Des activités comme l'hôtellerie et bien d'autres opportunités. Beaucoup de personnes peuvent venir tranquillement, dormir, manger en toute tranquillité et puis retourner sans crainte. Les habitants en tirent beaucoup de profits. Par exemple quand on a des problèmes de santé, des cas à évacuer, cela se fait le plus rapidement possible et à toute heure. Nous les opérateurs économiques tirons beaucoup d'avantages. Pour l'éducation nationale aussi, il y a d'énormes avantages parce qu'aujourd'hui, nos frères professeurs et instituteurs ne vont plus sur Abidjan ou à Abengourou pour faire des retraits, comme c'était le cas avant où il fallait un jour de voyage, un jour de repos et le 3e jour pour effectuer la course avant de rentrer. Les services étaient perturbés. On a encore les travaux de bitumage qui arrivent pour relier définitivement le pays Akyé à Bettié. On ne peut qu'être content pour cela. Bien sûr, nous souhaitons voir plus de travaux effectués par le président de la République. Mais pour le moment, il faudrait le dire, nous sommes contents. Toutefois, maintenant, on a encore des soucis car le pont destiné à nous faciliter la vie est devenu encore un problème. Par rapport aux coupeurs de route. Une question de sécurité se pose. Car à partir d'une certaine heure, les gens sont obligés de dormir en route puisque la gendarmerie arrête tous les véhicules après 17h pour les escorter le lendemain matin. Quelque part, nous revenons à l'ancien système du bac qui arrêtait de fonctionner à 18 heures pour reprendre le lendemain matin. A part cela, le pont est une chance " soutient ce fils de Bettié.

En effet, ce projet, ajouté au bitumage des rues principales de Béttié constituent un rayon d'espoir pour les populations. De fait, les retombées économiques de ce pont sont inestimables. Région productrice de cultures pérennes comme l'hévéa, le cacao et le café, le département de Bettié se voit doté d'un instrument efficace qui permet l'acheminement sans risques de ses récoltes vers Adzopé et Abidjan. Un autre avantage de ce pont est la facilitation des trafics divers. Ainsi, les traversées étant aisées, les populations, leurs biens et les denrées alimentaires sont évacués avec plus d'aisance. En effet, Bettié est la porte d'entrée d'une vaste zone de productions agricoles qui ne demandaient qu'à atteindre facilement les autres départements et surtout la capitale. Ce pont évite des pertes de temps énormes aux opérateurs économiques de la région qui étaient obligés de faire le retour par Abengourou, s'obligeant à parcourir près de 200 km pour rejoindre Abidjan, surtout lors des crues de la Comoé ou des pannes du bac. En plus du gain de temps, on a autant d'économies en termes de carburant et de réparations des véhicules. Outre ces aspects économiques, il faut noter la dimension sociologique et culturelle comme l'avait rappelé Duncan à la pose de la première pierre de l'ouvrage. " Il servira de levier de brassage des peuples entre la région de l'Indenié et celle de la Mé. Il soulagera les souffrances de nos braves populations et garantira l'épanouissement de nos concitoyens à travers l'écoulement plus rapide des produits vivriers, notamment l'igname, la banane plantain, les légumes, pour un meilleur approvisionnement des zones de consommation comme Abidjan. " C'est désormais chose faite, sans oublier que l'ouvrage est important en ce qu'il accélère le processus d'intégration régionale en facilitant les échanges avec le Ghana voisin.

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