Dans toute organisation humaine, j'ai envie de dire dans toute corporation, il y a des signes distinctifs ou symboliques qui témoignent de l'appartenance des uns et des autres dans le groupe. C'est le cas de la blouse chez les médecins et personnels de santé, la soutane et la chasuble pour les prêtres, l'exorason pour les évêques, le qamis pour les musulmans et la toge chez les magistrats, les avocats et les universitaires.
Pour ces derniers, la toge, encore appelée robe universitaire, est le vêtement officiel des enseignants-chercheurs et chercheurs ayant passé avec succès les conditions d'évaluation par leurs pairs (CAMES/HDR). Globalement, ce vêtement est consacré à certaines cérémonies et rencontres solennelles. Sa forme et sa couleur diffèrent selon le grade universitaire, la fonction académique, l'institution et le pays de celle ou celui qui la porte. C'est tout le sens donné à la présente communication qui, à la fois porte :
sur l'arrimage de l'institution IRSH et l'ensemble des chercheurs ayant fait leurs preuves à l'international à cette obligation et distinction corporatistes ;
et sur l'engament des acteurs institutionnels ces dernières années à rendre accessibles les activités, missions et publications de cette composante du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CENAREST).
Pour rappel, la toge naît avec la création des premières universités en Occident au début du Bas Moyen Age. Elle fait l'objet d'une réglementation ayant évolué du 13e au 18e siècle, jusqu'à ce que Napoléon Bonaparte généralise le type le plus répandu, au lendemain d'une Révolution (1979-1799) qui mit fin la monarchie absolue pour une suite de régimes, à l'exemple de la Première République.
Dès 1804, les différentes disciplines furent individualisées par des couleurs particulières aux disciplines (juristes, médecins, scientifiques, littéraires, théologiens et pharmaciens.) C'est le cas en Afrique et particulièrement au Gabon où le choix repose sur un certain nombre de symboliques.
Au sujet de la toge des chercheurs de l'Institut de recherches en sciences humaines (IRSH), le professeur Aaron Nziengui révèle que les mobiles de son institution reposent sur l'absence de cet important signe d'appartenance au corps des chercheurs lors des grandes rencontres entre universitaires, des colloques et soutenances de thèse.
Pour y remédier, une commission animée par les professeurs Aaron Nziengui, Achille Manfoumbi Mve et Fabrice Nfoule Mba, sous la coordination du Professeur Ludovic Obiang, Directeur de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines, s'est attelée à tout mettre en œuvre pour la confection et l'intégration de la toge du chercheur dans la tradition universelle des Universités, Grandes écoles et Institutions de recherche. Pour sa fabrication, cette toge, dont les contours ont été validés en pleine assemblée générale de l'Institution, comporte trois composantes, dont la robe, l'épitoge et le rabat.
La couleur principale retenue par les concepteurs, initiateurs du projet et le grand rassemblement des chercheurs, celle de la robe, est le bleu, qui présente un certain nombre de caractéristiques.
D'après le professeur Achille Manfoumbi Mvé, sémioticien, le bleu, selon la sémiotique, est la couleur de la créativité et de la production. Elle correspond parfaitement à la vocation du chercheur dont le rôle est de créer les savoirs et de les mettre à disposition du plus grand nombre. Pour le professeur Aaron Nziengui, le bleu est la couleur de l'espérance. Il s'agit là aussi d'une des caractéristiques du chercheur, qui parfois est affecté par les contradictions entre les réalités du terrain et le travail en laboratoire.
L'espérance est une qualité propre au chercheur. Enfin pour le professeur Fabrice Nfoule Mba, le bleu est une des composantes du drapeau du Gabon. Il symbolise la mer, avec ses 800 Km de côtes et sa richesse halieutique.
En sus de leurs multiples travaux et publications, l'adoption de la toge comme un outil de visibilité du chercheur servira également d'instrument de lisibilité des institutions relevant du CENAREST, dont l'Iinstitut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH).
