Tunisie: L'entreprise autrement | Un point d'ordre s'impose (V)

23 Novembre 2022

Notre pays est réellement en détresse. Tout semble paralysé, tout patauge dans le flou et le provisoire qui dure et le climat social est extrêmement électrique. Côté vie politique, c'est l'impasse. Le cul d'un sac plein de poudre à canon. Conflits après conflits, et c'est la haute pression partout. Il suffira alors d'une toute petite étincelle pour que survienne, Dieu nous en préserve, la catastrophe.

Ou bien, c'est l'implosion de la société toute entière, car le peuple, dont ses enfants vont à l'école pour subir, depuis des années, les conflits entre enseignants qui réclament leurs droits et une administration, qui ne sait plus quoi faire, est à bout et est devenue apathique à force de souffrir.

Un peuple qui se sent humilié, pire, violé dans un pays que ses compétences quittent par milliers pour pouvoir enfin voler de leurs propres ailes et une autre jeunesse qui le quitte pour mourir... noyée.

Entre-temps, monsieur mains propres, qui, hélas se sont avérées très maladroites, s'obstine, malgré toutes les contestations et les protestations, à vouloir faire passer son projet personnel, par la force du fait accompli et celle d'un populisme suranné imprégné d'une démagogie tragi-comique.

Des législatives anticipées, avec dix députés déjà connus avant même le scrutin et plein de lacunes au niveau de plusieurs circonscriptions, sont à nos portes et un argent fou a été jeté par la fenêtre rien que pour satisfaire un projet... disons flou. Une opération qui va nous faire régresser politiquement à des années-lumière. Des élections totalement illégales et dont l'impact néfaste, sur le pays, se sent déjà, vont donc venir surinfecter l'état général du pays dont l'Etat a été réduit, d'un trait, en une simple petite administration de type archaïque. Une structure surpeuplée de responsables confortablement assis derrière leurs luxueux bureaux et dont la principale mission est de rendre la vie encore plus dure à l'appareil de production du pays, qui est en train de partir en fumée.

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Un gouvernement-administration qui, comble de l'impuissance, n'arrive pas à fournir à la population, d'une manière régulière et en quantités suffisantes, les denrées vitales, dont de nombreux médicaments, à assurer la sécurité publique, surtout dans les quartiers populaires, qui laisse des villes entières crouler sous les ordures, et qui se plaît à recevoir l'aumône provenant de puissances étrangères. Un pouvoir de fait qui abandonne des milliers de micro-entreprises et autres artisans et petits métiers à leur triste sort, après une fermeture forcée, résultat d'une gestion catastrophique de la pandémie du coronavirus, en 2020, sur fond de conflits entre le chef de

l'Etat d'un côté et les chefs du Gouvernement I et II qu'il a lui-même choisis. Cela sans parler des dizaines d'entreprises publiques laissées pour compte.

Des promesses, à l'emporte-pièce, qui, sur le terrain, s'évaporent en un clin d'œil, laissant ainsi la place à une réalité dure et amère. Une réalité qui, par exemple, fait, qu'un jeune promoteur, au départ plein d'enthousiasme, est balloté des semaines pour pouvoir enfin ouvrir sa petite Suarl, alors que cette opération ne prend, dans bon nombre de pays, que quelques minutes.

Et voilà encore une loi des finances, cette fois-ci pour 2023, qui sera bientôt parachutée, à l'instar de celle pour 2022, et ce, sous forme d'un texte préparé à la hâte, qui ne manquera pas de... manquer de vision, de cohérence et d'efficacité. Dépourvu de toute légalité, cet instrument juridico-financier va pourtant régir toute l'activité économique du pays, ainsi qu'une bonne majorité des transactions qui auront lieu dans la vie publique. Inadmissible!

De ce fait, et comme nous l'avons déjà suggéré depuis un bon moment (voir notre chronique du 26-10-2022, celle du 16-11-2022 et d'autres, antérieures), les élections prévues pour le 17 décembre prochain devront être reportées, et un dialogue national devra être organisé sans plus tarder.

C'est d'ailleurs, aujourd'hui, la principale revendication de la plupart des organisations politiques et sociales, avec celle de bon nombre de forces politiques qui consiste à revoir tout le processus du 25 juillet 2021 afin de l'extraire de son caractère individuel marqué et de le sauver. Des rencontres devront ainsi réunir les représentants de toutes les formations élues (partis, organisations nationales, conseils municipaux et universitaires, ordres professionnels, etc.). Ne pourront participer que les formations dont le congrès électif a été tenu dans les délais et dans le respect de la légalité.

Ledit dialogue doit impérativement avoir pour priorité vitale, et extrêment urgente, le devoir de tracer une feuille de route, avec, pour première tâche, le sauvetage du pays, son économie en premier. Il s'attèlera à la préparation urgente, mais non bâclée du projet de budget de l'Etat et de la loi des finances pour 2023. Il doit, ensuite, procéder à l'amendement du Code électoral de façon à le rendre capable de donner naissance à une assemblée digne de ce nom.

Il sera chargé de tout expliquer au peuple de façon à ce que ce dernier puisse mieux décider malgré son analphabétisme politique et économique. Des élections législatives et présidentielle, devront être organisées d'ici quelques mois. Le pouvoir de fait, du 25 juillet 2021 devant partir, lui aussi, car il a été un élément fondamental de la crise politique économique, sociale et morale qui s'est aggravée depuis début 2020, et avec lui sa "Constitution".

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