Afrique de l'Ouest: Initiative d'Accra - Gare au syndrome du G5 Sahel !

Il aura fallu 5 ans après sa création pour que l'Initiative d'Accra commence à prendre forme.

Créée en septembre 2017 et regroupant le Ghana, le Bénin, le Togo, la Côte d'Ivoire, le Burkina et trois pays observateurs, à savoir le Mali, le Niger et le Nigeria, cette institution vise à mutualiser les efforts des Etats pour mener une lutte efficace contre l'expansion du terrorisme dans le Sahel et dans le Golfe de Guinée. Un vœu pieux jusque-là, d'autant plus qu'on n'avait encore rien vu de concret sur le terrain, à l'exception quelques opérations ponctuelles.

Les choses sont en train désormais d'aller dans le bon sens. En effet, à l'issue d'un sommet tenu le 22 novembre 2022 dans la capitale ghanéenne, les pays membres se sont engagés à mobiliser dans un délai d'un mois 2 000 soldats de la force conjointe qui doit, à terme, compter 10 000 éléments.

Mais comme c'est souvent le cas pour les organisations panafricaines, ce qui risque de manquer le plus, c'est le nerf de la guerre. On estime à 550 millions de dollars la somme nécessaire pour mettre la machine en route. Où trouver une telle somme ? Plusieurs pistes ont été évoquées. D'abord celle des bailleurs de fonds, avec notamment l'Union européenne dont le président du Conseil, Charles Michel, était à Accra ; l'Union africaine (UA); la Grande-Bretagne et la CEDEAO.

Le hic avec ces "généreux donateurs" est que leurs engagements ne sont pas toujours suivis d'effets.

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Reste la piste endogène, tout aussi aléatoire quand on sait que les Etats africains sont impécunieux au point de ne pouvoir contribuer à la vie des organisations qu'ils ont eux-mêmes créées. Sur ce point, le Premier ministre burkinabè Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a proposé le prélèvement d'une somme sur la vente de certains produits comme l'or, le café, le cacao et le coton afin de financer cette task force qui sera basée à Tamale, au Ghana, mais dont le dispositif de renseignement sera installé au Burkina.

Ira-t-on aller vers la voie de Me Kyélem ? En tout cas le vibrionnant chef du gouvernement burkinabè a tout de suite indiqué que si les décisions prises lors du dernier conclave n'étaient pas suivies de résultats tangibles sur le terrain, le Burkina en tirerait toutes les conséquences ; une façon de dire que son pays se réservait le droit de se retirer du forum.

Il faut en tout cas espérer que cette armée ouest-africaine verra le jour pour au moins endiguer le déferlement vers la côte, même si le cas du G5 Sahel n'incite pas à l'optimisme.

On se rappelle en effet que cette idée généreuse au départ était morte de sa belle mort et enterrée suite aux difficultés de financement et aux incompréhensions entre Etats membres. Mais c'est surtout le retrait du Mali de l'organisation qui aura signé son acte de décès.

Pour le cas de la force multinationale de l'Initiative d'Accra, le pays de Modibo Keita n'a même pas pris la peine d'assister à sa naissance : le fauteuil réservé au Mali est resté en effet désespérément vide durant le sommet.

Au Burkina, une polémique a suivi l'annonce de la création de succès de ce que d'aucuns considèrent déjà comme un "G5 Sahel bis". Alors que certains internautes se sont indignés de ce qu'ils considèrent comme le déploiement de soldats étrangers sur le territoire burkinabè, le gouvernement s'est fendu d'un communiqué dans lequel il assure qu'"il n'a jamais été question de déployer des troupes étrangères sur le sol burkinabè".

En réalité, selon nos informations, les 2 000 éléments dont il est question sont des soldats burkinabè prépositionnés au Burkina et mis à la disposition du quartier général de la force conjointe qui est basé à Tamale. Il en sera de même en principe dans tous les Etats signataires.

Mais quelle que soit la formule, l'essentiel est que l'Initiave puisse apporter un plus à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région.

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