Madagascar: Transparency International - Ketakandriana Rafitoson auditionnée par la police économique

La lutte contre la corruption menée par Transparency International devrait faire face à la justice.

La Directrice exécutive de Transparency International - Initiative Madagascar a terminé sa journée d'hier dans les locaux de la police économique à Anosy. Ketakandriana Rafitoson a été auditionnée par les policiers de cette section suite à une plainte déposée par le Groupement des exportateurs de litchis (GEL). Cette activiste reconnue dans la lutte contre la corruption est venue, hier à Anosy, pour répondre aux questions des enquêteurs. Il s'agit, en effet, d'un préliminaire de la démarche judiciaire intentée par les dirigeants de cette organisation qui ne digèrent pas les dénonciations de Transparency International et de sa branche malgache concernant le commerce de litchi de Madagascar. Le GEL accuse l'ONG de " dénonciation calomnieuse, dénonciation abusive, dénigrement et désorganisation ". Toutefois, les informations qui filtrent concernant l'issue de cette audition restent vagues. Ketakandriana Rafitoson aurait pu gagner son domicile après les auditions qui auraient duré plusieurs heures. Aussi bien du côté de la police nationale, que dans le camp de Transparency International, cette information n'a été ni confirmée ni infirmée et les journalistes qui ont suivi l'affaire sont restés sur leur faim. La transparence n'était pas au rendez-vous.

Commerce opaque

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La directrice exécutive de Transparency International est arrivée, hier, sur les lieux vers 14 heures, visiblement imperturbable. Elle est venue défendre la cause de son organisation qui ne tolère pas les faits de corruption qui se trament dans le commerce de litchis de Madagascar. L'ONG a entamé une démarche judiciaire pour dénoncer des faits potentiels de corruption, un fléau au niveau national, dans l'exportation de ce produit phare du pays vers le marché de l'Union Européenne. Corruption transnationale, accords illicites, fraudes fiscales, blanchiment de capitaux, sont les termes choisis par Transparency International pour qualifier les malversations qui s'opèrent en sous-main dans le " commerce opaque " des litchis malgaches. Le pôle anti-corruption ainsi que le Parquet national financier de Paris ont été saisis. L'ONG affirme avoir plusieurs preuves et a cité le groupement des exportateurs avec d'autres compagnies étrangères dans sa dénonciation publique. " Vraisemblablement sans appel d'offres, le GEL a simplement attribué à deux entreprises françaises des droits exclusifs d'exportation de litchi de Madagascar vers l'Union Européenne entre 2011 et 2021. Et ces entreprises, à leur tour, auraient apparemment payé des cotisations au GEL alors que cette organisation est composée exclusivement d'entreprises malgaches exportatrices de litchi ", a soutenu Transparency International dans son communiqué du 10 novembre dernier. L'ONG redoute un acte de corruption et invite les autorités judiciaires, malgaches et françaises, à agir en conséquence.

Intérêt de la filière

Le groupement des exportateurs de litchi est pointé du doigt et décide, quant à lui, de riposter. Le GEL monte au créneau et dément les suspicions de corruption et de blanchiment de capitaux insinuées par l'ONG. Les dénonciations à charge publiées par Transparency International sont rejetées par ce groupement professionnel. Les membres de ce groupe défendent qu'ils ont œuvré pour une amélioration constante des outils de production et de commercialisation afin de répondre aux exigences des producteurs, exportateurs et clients. Loin des accusations portées par l'ONG qui lutte contre la corruption, le GEL affirme avoir agi dans l'intérêt du développement de la filière et intente également des actions en justice contre Transparency International et sa branche malgache. La justice s'est vite mobilisée après la saisine du GEL tandis que Transparency International devrait encore attendre que le Pôle anti-corruption fasse le pas pour donner suite à son signalement.

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