À Maurice, la multiplication des arrestations de militants ainsi que des convocations des journalistes est dénoncée comme une volonté d'intimidation de ceux qui s'opposent au pouvoir. Transparency Mauritius estime qu'il y a " trop de coïncidences en ce moment ".
Bruno Laurette a fait son apparition publique il y a deux ans après le naufrage du Wakashio, qui avait provoqué la pire catastrophe écologique de Maurice. Depuis, cet instructeur en technique d'auto-défense, qui a formé des gardiens de prison à Maurice et aux Seychelles, s'est imposé comme un militant de toutes les causes.
" Mauriciens, j'ai du courage. Ceux qui sont autour de moi aujourd'hui ont du courage ", affirmait-il lors d'un rassemblement à Port-Louis, le 29 octobre dernier, pour réclamer justice après le meurtre d'un militant gênant au sein du parti du Premier ministre, connu comme l'affaire Kistnen. Ses déboires ont commencé après cette date.
Une semaine après ces dénonciations, Bruno Laurette a été arrêté avec 46 kilos de haschich découverts dans sa voiture. Détenu depuis trois semaines, il n'arrête pas, cependant, de se dire victime d'un coup monté de la police. " La version de mon client M. Laurette, c'est que la drogue a été dissimulée chez lui. On attend l'évolution de l'enquête ", explique son avocat Rouben Mooroongapillay.
La police a démenti ses dires et appelé la population " à ne pas prêter foi aux rumeurs ". Mais les arrestations de militants associatifs et les intimidations envers les journalistes préoccupent l'antenne mauricienne de Transparency International. " Nous constatons surtout un effritement de la confiance de la population dans les institutions, comme la police, la commission anti-corruption. Cela interpelle. Il y a trop de coïncidences en ce moment ", observe Eddy Jolicoeur, membre de Transparency Mauritius.
L'organisation appelle donc le gouvernement mauricien à adopter des lois pour protéger les lanceurs d'alerte et réguler le financement des partis politiques.