Mali: Un rapport de la FIDH évoque une "accélération des violations" des droits humains en 2022

La Fédération internationale des droits humains (FIDH) sur le Mali présente une enquête intitulée " dans le centre du Mali, bourreaux et victimes vivent ensemble ", sur les violations et les crimes commis contre populations civiles entre juin 2018 et juin 2022. L'ONG parle d'une " accélération des violations graves des droits humains contre les civils depuis le début de l'année, notamment des violations sexuelles ".

" L'année 2022 sera probablement la plus meurtrière du conflit au Mali depuis son déclenchement en 2012 ". C'est la première phrase de ce rapport de 80 pages. La FIDH a recueilli près d'une centaine de témoignages, notamment dans les zones de Ségou et Mopti. Des témoignages accablants qui visent toutes les parties au conflit ; groupes jihadistes, groupes d'autodéfense, les Forces armées maliennes (Fama) donc, forces de défense et de sécurité et leurs partenaires paramilitaires russes.

Exécutions sommaires, viols, arrestations arbitraires, pillages, ou encore mise en place d'un " centre de torture dirigé par le groupe Wagner " à Diabaly... Les populations civiles du centre du Mali " vivent un enfer " selon la FIDH. L'ONG dénonce une " milicianisation " et une " ethnicisation " du conflit. " Les communautés peules sont les premières cibles " des violations des droits humains, souligne le rapport.

Face à cette situation, " le règne de l'impunité " contribue " à entretenir une spirale de la violence ". Des enquêtes ont été ouvertes, selon les autorités maliennes, mais " sans résultats probants ", estime la FIDH. Parmi les obstacles à la justice, selon l'organisation : les difficultés sécuritaires, l'insuffisance des moyens, mais aussi et surtout " le manque de volonté politique ".

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Bamako dément

De son côté, le gouvernement malien a réagi à ce rapport de la FIDH par une série d'observations. Bamako " déplore la posture négative prise par la FIDH sur les progrès remarquables " de l'armée malienne dans la lutte contre le terrorisme, et assure que les Fama agissent " dans le strict respect des droits de l'homme ". Les autorités maliennes dénoncent des accusations portées " sans preuve tangible [...] dans le but de ternir l'image des forces maliennes ". Bamako dément également tout ciblage ethnique contre la communauté peule, et affirme que les " présumées violations des droits de l'homme portées à la connaissance des autorités ont toujours fait l'objet d'un traitement diligent " de la justice militaire.

Normalement, le bourreau devrait être poursuivi et normalement, la victime devrait être sécurisée. Malheureusement, dans le cas du Mali, on se rend compte que les victimes ne sont pas accompagnées, ne sont pas suivies et sont même parfois présentés par les autorités comme étant des auteurs ou des parents d'auteurs de violations.

Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH

 

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