Madagascar: Les photojournalistes s'exposent pour mieux faire connaître leur métier

À Madagascar, les photojournalistes exposent leurs clichés dans la capitale Antananarivo. Jusqu'au 15 décembre, le travail des photographes rassemblés au sein du Collectif des reporters d'images est mis à l'honneur au Trano Sary, le Musée des archives iconographiques, à l'occasion du mois du photojournalisme. Une exposition gratuite organisée avec le ministère de la Culture pour que ce métier difficile soit mieux connu du public et reconnu à sa juste valeur.

Inondations dans la capitale, sécheresse du Grand Sud, manifestations et affrontements avec les forces de l'ordre mais aussi performances d'artistes de hiragasy aux costumes flamboyants, la quarantaine de photos exposées informent au premier coup d'œil des lecteurs qui ont souvent peu de moyens pour acheter un journal. Hery Rakotondrazaka, photographe de La Gazette de la Grande Île, est le président du Collectif des reporters d'images de Madagascar :

Il y a un proverbe qui dit chez nous : un journal sans photo, c'est comme une charrue sans bœufs. Les photos sont destinées à tout le monde : les analphabètes, les techniciens, les intellectuels. C'est direct et tout le monde peut comprendre. Comme par exemple ici avec cette photo dans le sud, on voit des gens qui récoltent de l'eau dans des bidons jaunes. On comprend tout de suite que c'est encore la sécheresse là-bas

Alors que de nombreux journaux sont détenus par des figures politiques ou des entrepreneurs proches de ces dernières, les photojournalistes doivent souvent jongler entre autocensure et transmission de l'information.

" Pas de censure directe mais des limites "

" Le problème pour les photojournalistes à Madagascar, ce sont les supports où l'on peut publier nos photos. Presque tous les journaux ici appartiennent à des sociétés privées. Il y a la ligne éditoriale. Il y a aussi la politique du propriétaire. Quoi qu'il en soit, il n'a pas de censure directe mais il y a toujours des limites ", poursuit Hery Rakotondrazaka.

" Les photographes à Madagascar sont très caméléons. Il faut une certaine autocensure parce que nous nous disons : "ah attention, c'est lui qui est au pouvoir". Nous pouvons informer les gens mais d'une façon plus ou moins indirecte. On utilise des métaphores, par exemple. On ne peut pas être trop choc et c'est ça la difficulté ", ajoute Kelly Randriamampianina, photographe du quotidien Midi Madagasikara, devant sa photo de quatre dromadaires dans un enclos du parc zoologique de Tsimbazaza.

Une exposition qui permet aussi une transmission de techniques et de savoirs à la jeune génération. Des ateliers sont organisés tous les mercredis par les photojournalistes professionnels.

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