Face aux attaques djihadistes, le Burkina Faso a lancé un appel à la mobilisation des Volontaires. Un homme bien connu, Alouna Traoré, a répondu à cet appel.
Le Burkina Faso est de nouveau confronté à des pertes humaines, après de nouvelles attaques terroristes ces derniers jours.
Vendredi dernier, ce sont quatre soldats qui ont été tués dans l'explosion d'un engin artisanal dans le nord du pays. Samedi trois civils sont morts dans une autre attaque dans le nord-est. C'est dans ce contexte que le gouvernement de transition au Burkina Faso, a lancé un appel à la mobilisation des Volontaires pour la défense de la patrie.
Parmi ces volontaires, un homme bien connu : Alouna Traoré, 65 ans et rescapé du coup d'Etat du 15 octobre 1987, dans lequel le président Thomas Sankara a perdu la vie.
Le 15 octobre 1987, Alouna Traoré était conseiller juridique du président Thomas Sankara et avec lui en réunion lorsque les assassins du président ouvre le feu. Miraculeusement, Alouna s'en sortira.
Aujourd'hui, Alouna Traoré vit son enrôlement parmi les 90.000 "volontaires pour la défense de la patrie" comme un devoir patriotique.
"Le pays de Thomas vit sa survie. En ce moment précis je suis en vie et j'ai du potentiel. Est-il bon d'un point de vue de la conscience de l'amour que j'ai pour mon pays et pour mon peuple de me mettre en retrait de cette cause nationale ? Ma conscience me l'interdit, la patrie de Thomas me l'interdit. Je suis interpellé jusqu'à dans le tréfond de mon être à défendre cette patrie ; celle que nous avons construit ; celle que nous avons appelé Burkina Faso" , explique Alouna Traoré.
Un engagement critiqué
Son engagement rendu public, des voix critiques se sont fait entendre. "Volontaires de luxe qui n'ira jamais au front pour combattre", ont dit certains. Pas de quoi décourager Alouna Traoré qui estime qu'il assurera son devoir comme n'importe qui.
"Pour ceux qui ont été allaités à la facilité, habitués à des zones de confort, formatés à l'Occidental, quand une décision ne vient pas de l'impérialisme ; elle n'est pas bonne ; elle n'est pas sincère ; c'est de la comédie. Je ne compte sur personne au tribunal des causes justes. Je suis simplement un engagé", lance Alouna Traoré.
A l'image d'Alouna Traoré, des stars du cinéma, des personnalités politiques ou encore des chefs coutumiers, se sont portés volontaires. Même à plus de 60 ans.
Une source de motivation pour certains jeunes à l'image de Serge Bayala, acteur de la société civile et blessé de l'insurrection populaire d'octobre 2014.
"On est arrivé à une étape ou toutes les couches du Burkina Faso se réconcilient avec un devoir de sécuriser la patrie ; et voir des personnes de cet âge, de ces différents engagements pour moi c'est un appel à suivre leurs pas. La guerre ce n'est pas seulement ceux qui tiennent l'arme qui percute. Les volontaires pour la défense de la patrie c'est aussi des volontaires c'est aussi ceux qui participent à la production d'idées", estime Serge Bayala.
Au lancement de l'opération de recrutement en octobre, le gouvernement espérait 50.000 volontaires. Il assure en avoir 40.000 de plus que nécessaire aujourd'hui. Les volontaires devront prochainement suivre une formation civique et militaire de deux semaines.