La liberté d'expression a des limites légales et tous ceux qui commettent des infractions devront répondre des sanctions des lois. C'est ce que l'on retient de la communication faite par le Procureur de la République Adou Richard.
C'était au cours de la leçon de clôture de la 6ème session internationale de formation le samedi 29 octobre 2022 au siège du Conseil national de droits de l'homme (CNDH) à Cocody-Les Deux Vallons. Face aux auditeurs de cette formation organisée à Abidjan, par la fondation Friedrich Naumann, Adou Richard, qui s'exprimait sur le thème "La liberté d'expression à l'ère du numérique : opportunités, menaces et défis ", a souligné que la liberté d'expression en Côte d'Ivoire est garantie par la Constitution de 2018. Selon lui, la liberté d'expression est le droit de toute personne à exprimer ce qu'elle pense, ressent, quel que soit le moyen utilisé.
C'est aussi le droit à être informé et à pouvoir diffuser des informations. Il a relevé que le droit à la liberté d'expression est un droit fondamental qui s'inscrit dans de nombreux textes tels que la Déclaration Universelle des Droits de de l'Homme dans son article 19 qui dispose que " nul ne peut être inquiété pour ses opinions ".Toutefois, il a fait ressortir que la liberté d'expression est vaste mais se trouve affectée de nombreuses limites que nul ne doit ignorer.
Car, a-t-il indiqué, la liberté d'expression revalorisée à l'ère d'internet engendre de nombreuses problématiques face aux paroles désobligeantes et dégradantes que les personnes formulent derrière leur écran croyant en leur anonymat. Le numérique peut être un vecteur de discrimination, d'incitation à la haine, d'actes attentatoires à l'intégrité et à la dignité de la personne humaine.
Ainsi que la violation de la vie privée. Il a insisté que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. " La formule bien connue s'applique lorsque nous exerçons notre liberté d'expression en ligne ou dans le monde physique. Nos propos peuvent être considérés comme de la calomnie, de la diffamation, de l'obscénité, des incitations à la violence, du parjure. Ils peuvent violer le secret-défense, le droit d'auteur, le secret commercial, le droit au respect de la vie privée et à la dignité d'autrui ou même la sécurité nationale ou de nature à troubler l'ordre public " a expliqué le magistrat.
Pour Adou Richard, l'avènement et le développement du numérique ont permis, comme rarement auparavant, le développement de l'effectivité de la liberté d'expression. Cependant, cette liberté d'expression revalorisée à l'ère d'Internet, qui offre de nombreuses opportunités, engendre aussi de nombreuses problématiques face aux propos désobligeantes, inappropriés de certains internautes.
La technologie donne ainsi aux extrémistes la possibilité de propager la haine, d'inciter à la violence et de planifier, voire de commettre de violents attentats, à une vitesse et à une échelle totalement nouvelles. Selon lui, il s'avère donc nécessaire d'encadrer légalement la liberté d'expression et le partage de contenus effectués par ce nouveau moyen d'expression. C'est à ce prix que le droit de la liberté d'expression tirera le meilleur profit du numérique ainsi que de toutes les opportunités offertes, estime le Procureur de la République.