Afrique du Nord: Sahara occidental - Berlin confirme son soutien au Maroc

29 Novembre 2022

Interrogé par une députée, le gouvernement allemand confirme son soutien au plan d'autonomie présenté en 2007 par Rabat.

Ce sont des questions qui pourraient passer inaperçues dans la vie parlementaire allemande, mais qui en disent beaucoup sur la politique étrangère du gouvernement fédéral actuel dans le dossier du Sahara occidental, où le Maroc et le Front Polisario s'affrontent depuis près de 50 ans. Dans un document de quinze pages, le gouvernement de la République fédérale vient de clarifier ses positions sur le sujet après des questions d'une député d'extrême-gauche. Des réponses qui confirment le revirement allemand récent en faveur du Maroc.

Le contexte

Depuis 1976 et le départ des colons espagnols, trois visions s'affrontent pour l'avenir du Sahara occidental, aujourd'hui en partie occupé par le Maroc et officiellement considéré par les Nations-unies comme dernier "territoire non autonome" en Afrique.

Coté marocain, on aimerait une intégration du territoire de 266.000 km2 au Royaume. À l'opposé, le Front Polisario souhaiterait une indépendance et réclame l'organisation du référendum d'auto-détermination prévu lors de la signature en 1991 d'un cessez-le feu avec les Nations-unies mais jamais organisé. En 2007, le Maroc proposait "un plan d'autonomie" pour le Sahara occidental, qui resterait ainsi sous son contrôle, mais avec des pouvoirs élargis.

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La position allemande

Aujourd'hui, par écrit, le gouvernement allemand penche à nouveau en faveur du Maroc et son plan d'autonomie de 2007. Avec ce plan, "le Maroc a apporté une contribution importante pour parvenir à une solution politique dans le cadre des Nations unies", écrit le gouvernement allemand en ce mois de novembre, en réponse à des questions posées par Sevim Dağdelen, députée du parti de gauche die Linke.

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"C'est un pas décisif sur une voie qui ne considère plus, sur les bases de toutes les résolutions des Nations-unies, la possibilité d'une indépendance", décrypte, sur la DW, Werner Ruf, professeur de relations internationales et retraité de l'université de Kassel en Allemagne. "Le gouvernement allemand considère que l'autonomie est une bonne voie." La réponse de Berlin est habile. Ainsi, la diplomatie ne reconnaît pas formellement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, comme l'avait fait Donald Trump par exemple. Mais, la diplomatie allemande affiche un soutien plutôt clair à Rabat et évite soigneusement de fâcher le Royaume, alors que le roi disait en août que le dossier du Sahara occidental est, "le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international".

Un glissement d'une position neutre dans le dossier vers celui d'un soutien au Royaume du Maroc engagé depuis près d'un an, avec l'arrivée de la ministre des Affaires étrangères écologiste, Annalena Baerbock. Elle s'était d'ailleurs rendue à Rabat en visite officielle en août dernier. "Il est dans l'intérêt des deux parties de faire vivre et d'approfondir les relations bilatérales, historiquement bonnes et étroites", écrit la diplomatie allemande aujourd'hui.

Des coopérations étroites

Une position qui s'explique par différentes raisons. Il y a d'abord les questions énergetiques. L'Allemagne cherches des alternatives au gaz russe et investit déjà des dizaines de millions dans l'hydrogène au Maroc. "Il y a aussi la question des phosphates qui prennent de plus en plus d'importance vue la crise alimentaire du monde", ajoute Werner Ruf. "Il y a surtout aussi la pêche, parce que les eaux territoriales du Sahara occidental sont parmi les plus riches du monde et c'est une affaire énorme."

Rabat a aussi un rôle dans le contrôle des migrations aux portes de l'Europe, et le Royaume en joue. Il avait laissé passer 8.000 migrants vers l'enclave espagnole de la Ceuta en mai 2021, en représailles à l'hospitalisation en Espagne du chef du Front Polisario justement. Une question sur laquelle la diplomatie allemande fait mine de ne rien savoir. "Nous n'avons pas connaissance du sujet", écrit Berlin.

"L'Allemagne ignore le droit international, c'est de l'hypocrisie", s'emporte la députée Sevim Dağdelen en consultant les réponses du gouvernement. "Nous continuons de soutenir tous les efforts des Nations unies pour parvenir à une solution juste, viable, durable et mutuellement acceptable", répond Berlin.

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