Nous sommes au vingt-cinquième jour d'audience dans le procès du massacre du stade de Conakry. Plus de 150 personnes avaient été tuées le 28 septembre 2009 et les jours suivants lors de la répression d'un rassemblement de l'opposition. Depuis la semaine dernière, c'est Claude Pivi qui est à la barre. L'ancien ministre chargé de la Sécurité présidentielle a livré sa version de la tragédie. Il accuse Aboubacar Diakité, dit " Toumba ", d'avoir été au stade.
Lors de sa comparution, le colonel, vétéran des guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone, charge l'ancien aide de camp du chef de la junte. " Pourquoi vous n'avez pas arrêté Marcel, pourquoi vous n'avez pas arrêté "Toumba" ? ". C'est le procureur qui s'adresse à lui.
" J'étais prêt à les arrêter, dit Claude Pivi, mais le président avait demandé de laisser passer, il a déjà demandé, il y a une enquête qui vient, donc chacun n'a qu'à rester calme ". Moussa Dadis Camara aurait préféré laisser la commission d'enquête internationale faire son travail. C'est la version développée par l'homme présent à la barre du tribunal depuis une semaine.
Non coupable
" Pourquoi n'avez-vous pas continué au stade ? Vous avez eu le souci de partir là-bas, puisque vous avez l'habitude de traquer les militaires indélicats. Quand vous apprenez que les militaires ont tiré sur la population civile... ", lance le procureur. " J'ai tourné pour aller rendre compte au président et le demander ", dit alors Claude Pivi. Pour les meurtres, viols, tortures, pillages, il plaide non coupable.
" Des parties civiles vous citent au stade, des parties vous citent dans les pillages, vous niez tous ces faits ? Toutes les déclarations de ces parties ? ", questionne encore le procureur. " S'ils sont là, qu'ils viennent aux confrontations ", s'emporte Claude Pivi. Trois prévenus sur onze n'ont pas encore comparu. Parmi eux, le plus attendu à la barre : Moussa Dadis Camara.