Sénégal: Malgré les griefs sur le service - Serigne Mbaye Thiam exclut toute rupture de contrat avec Sen'Eau

30 Novembre 2022

Il n'est pas question de rompre le contrat qui lie l'Etat du Sénégal à la société Sen'Eau. Selon le ministre de l'Eau et de l'Assainissement, aucun manquement pouvant motiver une telle décision n'est encore noté.

Il l'a dit lors des travaux de Commission à l'Assemblée nationale. Une position confortée hier, mardi 29 novembre, lors du vote, en plénière, du budget de son département, arrêté à la somme à 131.746.775.790 F CFA.

La complainte revient toujours dans les échanges lors du passage du ministre de l'Eau et de l'Assainissement à l'Assemblée Nationale : la cherté du prix de l'eau depuis l'arrivée de la Sen'Eau. Les parlementaires demandent, chaque année, un contrôle de l'entreprise française en charge de la distribution d'eau dans les villes et zones périurbaines.

En réponse à la doléance des parlementaires, le ministre de l'Eau et de l'Assainissement, Serigne Mbaye, a dit en Commission et réaffirmé à la plénière d'hier, mardi 29 novembre, que "le contrôle exercé sur l'entreprise. Les services compétents de la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), en particulier la Direction du patrimoine et du contrôle de l'exploitation, exercent de façon permanente un contrôle administratif, technique et commercial sur le service".

Serigne Mbaye Thiam d'annoncer ainsi "qu'aucun manquement justifiant la remise en cause du contrat d'affermage n'est encore constaté à date". Toutefois, dit-il, "le non-respect des engagements souscrits par la Sen'Eau entrainerait la mise en œuvre des stipulations contractuelles prévues à cet effet".

Par ailleurs, Serigne Mbaye Thiam a tenu à préciser que, "la Sen'Eau est liée avec l'Etat du Sénégal par un contrat d'affermage, avec une signature tripartite entre l'Etat du Sénégal, la Sen'Eau et la Sones". En outre, précise-t-il, "la Sen'Eau est une société de droit sénégalais dans laquelle la part nationale est majoritaire, avec 55% du capital, dont 20% détenus par l'Etat."

Parlant toujours du contrat d'affermage de l'eau, il rappelle que "l'opérateur Suez en détient 45%, à la différence de la Sénégalaise des eaux (Sde) qui, bien qu'étant elle aussi une société de droit sénégalais, est majoritairement détenue par des capitaux étrangers et l'Etat du Sénégal n'y détient que 5%". A l'Assemblée nationale, Serigne Mbaye Thiam, a aussi constaté que "les parts des salariés ont été augmentés, passant de 5%, dans le capital de la Sde, à 11% dans celui de la Sen'Eau."

Selon toujours le ministre, "le président de la République, Macky Sall, a donné des instructions pour que la Société nationale des eaux (Sones) et l'Office national de l'assainissement du Sénégal (Onas) apportent un accompagnement à leurs salariés, afin de couvrir leur participation au capital et pour que le ministère des Finances et du Budget puisse supporter les charges financières réclamées par le Fonds souverain d'investissements stratégiques (Fonsis). Une demande déjà satisfaite". Le représentant des salariés de la Sen'Eau sera dans le Conseil d'administration de la société, lors de la prochaine réunion, sur sa demande.

LE PRIX DE L'EAU N'A PAS CONNU DE HAUSSE DEPUIS 2015

Parlant du prix de l'eau, le ministre a rappelé les tarifications applicables aux usagers domestiques. "Il en existe trois types", dit-il. Il s'agit de la tranche sociale qui est de 202 F CFA/m3 pour un volume compris entre 0 à 20m3 pour 60 jours de consommation, la tranche intermédiaire qui est de 631 F CFA pour un volume compris entre 21 et 40m3 et la tranche pleine qui est de 655 pour 41m3 et plus.

Serigne Mbaye Thiam a aussi informé les députés du lancement d'une réflexion pour la révision de la structure tarifaire mais, précise-t-il, ce n'est pas pour une baisse. D'après Serigne Mbaye Thiam, la tranche sociale est subventionnée à hauteur de 17 milliards F CFA par an, à travers un tarif élevé de 1100 F CFA/m3 appliqué à l'administration, en plus du renoncement de la Tva, la Taxe sur la valeur ajoutée, sur les premières tranches.

Le ministre relève aussi que le prix de l'eau n'a pas connu une baisse depuis 2015. La cherté de la facture peut être ainsi justifiée par la hausse du volume d'eau reçu. S'agissant toujours de Sen'Eau, Serigne Mbaye Thiam informe qu'actuellement les clients se chiffrent à 900.000 et seule une infirme partie se plaint de la distribution et 2% font des réclamations sur la facturation.

A signaler que beaucoup de députés de cette quatorzième législature ont porté des récriminations contre la qualité du service de la société en charge de la distribution de l'eau, Sen'Eau. Ces plaintes ne sont pas choses nouvelles. Depuis 2020, à chaque vote du budget du département de l'Eau et de l'Assainissement, les mêmes doléances reviennent.

APPROVISIONNEMENT EN EAU DE DAKAR, THIES ET MBOUR

Les besoins estimés à plus 1,130 millions en 2050

L'accroissement de la population va avec une augmentation des besoins en eau sur l'axe Dakar-Thiés et Mbour. Pour cette raison, dit Serigne Mbaye Thiam, une étude a été commanditée pour évaluation. Celle-ci indique que les besoins actuels qui sont à 580 mille m3/jour seront de 760 mille en 2025 et 915 mille en 2030. En 2025, ils sont estimés à plus 1.130.000 m3/J. Pour l'exercice 2023, le budget du ministère de l'Eau et de l'Assainissement est arrêté à 1.331.746.775.770 F CFA en crédits de paiement et à 320.212.017.417 F CFA en autorisation d'engagement.

GESTION DE L'HYDRAULIQUE RURALE PAR DES PRIVES

Des mesures d'accompagnement s'imposent

La réforme de l'hydraulique a été fortement contestée par les acteurs du monde rural qui récusent les services des sociétés en charge de la distribution comme Aquatech et Flexeau. Interpellé sur la question, l'année dernière, lors du vote de budget de son département, Serigne Mbaye Thiam, avait annoncé un audit du système.

Revenu à l'Assemblée nationale cette année pour le même exercice, il a annoncé que l'audit a été mené. "Un bureau d'études indépendant a été choisi par la voie d'Appel d'offres et a déposé ses conclusions après une démarche participative qui a permis de consulter toutes les parties prenantes. Cette étude a estimé dit-il, de la pertinence de la réforme. Toutefois, (il recommande) un accompagnement notamment une meilleure communication avec les populations et l'implication des collectivités territoriales et des Asufor", annonce-t-il.

ZONE DE CAPTAGE

16 milliards pour refaire le bassin de rétention des eaux pluviales

Le bassin de la zone de captage, qui avait débordé pour envahir et couper l'autoroute lors de la saison des pluies précédente, sera refait. Dans le budget 2023 du ministère de l'Eau et de l'Assainissement, il est inscrit un montant de 16 milliards de F CFA, au titre des autorisations d'engagement, et de 800 millions F CFA, au titre des crédits de paiement, afin de restructurer le bassin en faisant l'exécution.

Il s'agira aussi, selon le département en charge de la question, de renforcer les murs et de réduire les quantités d'eau qui y transitent, en déviant notamment celles en provenance de l'avenue Bourguiba et de Castors vers d'autres exutoires. Il en est ainsi de même pour les eaux en provenance de Grand Yoff qui seront détournées vers un ouvrage de l'Office nationale de l'assainissement du Sénégal (Onas), situé à hauteur du pont de l'émergence, pour être évacuées vers le Technopole.

Sur le volet assainissement, il est aussi annoncé 17 milliards de F CFA prévus dans le budget 2023 pour la ville de Touba. Un financement qui viendra s'ajouter aux projets déjà initiés.

CHERTE DES FACTURES D'EAU DE SEN'EAU, COMPAREES A CELLE DE LA SDE

Passe d'armes entre Guy Marius Sagna et Serigne Mbaye Thiam

Les plénières se poursuivent et la tension reste toujours vive à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'Eau et de l'Assainissement qui défendait le budget de son département pour l'exercice 2023 face au député, hier mardi, s'est livré à une passe d'arme avec Guy Marius Sagna. Le dépuyé de l'opposition reveant sur la cherté de l'eau depuis l'avènement de Sen'Eau, (Suez) a avancé des chiffres sur la facturation de cette société concessionnaire, en comparaison avec la Sde. En réponse à cette interpellation, le ministre Serigne Mbaye Thiam lance : "Vous avez donné des chiffres qui ne correspondent pas à la vérité".

Suffisant pour soulever l'ire du parlementaire qui, non content d'être traité de menteur par le ministre, est revenu à la charge, aidé par ses collègues de l'opposition. La réplique des autres députés de la majorité ne se fera pas attendre pour appuyer le ministre dans cette polémique. Ce qui finira par installer ainsi une cacophonie dans l'hémicycle.

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