Afrique: Peinture - Jean Gervais à l'Hôtel de Ville avant un retour au classique

De la génération de l'unique école d'art de Madagascar du temps du socialisme à outrance, Jean Gervais Rajaonarison expose à partir d'aujourd'hui à l'Hôtel de Ville. Son unique exposition de l'année avant de répondre à l'appel du classique.

" Pour évaluer le prix d'un tableau, il y a la dimension technique bien sûr, la dimension historique, les mensurations... ", lance Jean Gervais Rajaonarison. Quelques jours avant son exposition du 1er au 9 décembre à l'Hôtel de Ville Analakely, il se prépare dans son atelier, occupant tout le sous-sol de sa demeure surplombant le by-pass sur l'axe vers Iavoloha. Du haut de ses quarante-cinq années à placer le chevalet, à combiner l'acrylique... Il fait maintenant partie des mémoires de cet art plastique malgache. C'est aussi le moment pour lui de présenter sa collection personnelle, avec un tableau d'art contemporain très particulier. " Durant les évènements de '72, après les affrontements, comme nous habitions à Ampasanimalo, je sortais pour ramasser les douilles éparpillées sur le sol ", se rappelle-t-il.

Puis, il les a pris pour faire la composition de deux œuvres rouge sang. Avant d'ajouter : " L'une évoque la population et l'autre les militaires tombés ". Grâce à ces deux tableaux, la mémoire de ces Malgaches sacrifiés ou s'étant sacrifiés, ne reste pas vaine. Cette année qui tire à sa fin tombe sur un petit tournant dans sa carrière. Le bonhomme est loin de se reposer sur ses lauriers. Il va de nouveau voguer sur la vaste étendue du classique. Les scènes de vie, les paysages, les quotidiens... tout ce qu'il y a de moins subversif. Au milieu de sa collection personnelle, une imposante toile prône le drame. " C'est suite à la deuxième expédition de Radama pour conquérir les Sakalava ". Un roi dépité et des soldats agonisants et en panique ressortent au premier regard.

%

Malgré les 15 000 hommes menés par le monarque, le groupe humain de l'Ouest malgache lui résistait en usant d'une stratégie digne d'une école de guerre. " Les Sakalava fuyaient mais ne laissaient aucun vivre, rien à manger ". Pourtant, il fallait nourrir ces milliers d'hommes au fur et à mesure des avancées. Au final, " avec une armée affamée et fatiguée, décimée par la fièvre, Radama a dû se résoudre à rebrousser chemin ", éclaire Jean Gervais Rajaonarison. La troisième tentative appartient à l'histoire. Il s'est documenté pour imaginer et mettre en scène sur un tableau ce drame historique. Pour son exposition qui débute ce jour à l'Hôtel de Ville Analakely, ce sera pourtant dans un style contemporain.

Son style se rapproche moins de l'archi-conceptuel ou l'abstraction poussée qui a tendance à remplir les cimaises des galeries de la Capitale. Défigurant presque l'art contemporain local en fruit du néo-libéralisme de circonstance.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.