Congo-Brazzaville: Jhony Chancel - " Nous constituer en réseau nous rend bien plus forts et plus efficaces "

interview

Président de l'Association Johny-Chancel pour les albinos (AJCA) et du cabinet éponyme, Jhony Chancel œuvre depuis quelques années en faveur des personnes atteintes d'albinisme au Congo. Pour mieux faire entendre leur voix au-delà du territoire national, il a décidé de s'allier à d'autres personnes du continent engagées dans cette lutte pour former un réseau sous-continental. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous êtes le président d'une organisation qui s'occupe des personnes atteintes d'albinisme. Pourquoi vouloir se constituer en réseau ?

Jhony Chancel (J.C.) : Nous avons décidé de former une alliance à travers le Réseau des organisations des personnes vivant avec albinisme d'Afrique centrale (Ropac) car cela nous rend bien plus forts et plus efficaces dans ce combat. Cela nous permet de mieux nous imprégner de la situation et de mieux résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les personnes atteintes d'albinisme sur le continent africain.

L.D.B.C. : Quel est le message que vous voulez faire passer ?

J.C. : L'essence même de ce réseau constitue une efficacité. De ce fait, cette alliance nous permet de mieux nous exprimer et de mieux faire connaître la situation des albinos africains aux yeux du monde. Cela apporte davantage de réconfort et d'assurance aux concernés pour lesquels plusieurs voix s'expriment désormais au travers du Ropac.

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L.D.B.C. : Vous êtes souvent stigmatisés dans la société à travers le monde, comment vivez-vous cela ?

J.C. : Je ne peux qu'être indigné et habité d'un sentiment de colère, de révolte, de déception parce que j'estime qu'il est inadmissible qu'en ce siècle, des êtres humains, du fait qu'ils soient albinos, soient autant marginalisés et oubliés des prérogatives qui font se sentir humains.

L.D.B.C. : Il y a des pays qui font parfois des pratiques avec votre peau. Cela est-il déjà arrivé au Congo ?

J.C. : A ma connaissance, nous n'avons jamais enregistré un cas d'assassinat ou d'enlèvement d'albinos sur notre territoire. Et je ne peux que remercier le président de la République, Denis Sassou N'Guesso, et tout le gouvernement pour l'instauration d'un tel climat dans le pays, surtout lorsque l'on sait que dans d'autres pays africains, les albinos sont victimes de telles atrocités.

L.D.B.C. : Vous avez pris part à plusieurs conférences à travers le monde, dont celle tenue récemment à Kinshasa. Qu'est-ce qui vous a marqué lors de cette rencontre ?

J.C. : Parmi toutes ces conférences, la plus grande a été le premier colloque panafricain de sensibilisation à l'albinisme, qui s'est tenu du 19 au 20 octobre 2021, sous le très haut patronage de son excellence, le président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l'Union africaine, félix-AntoineTshisekedi Tshilombo, avec pour thème " Solidarité africaine pour une Afrique en faveur des personnes atteintes d'albinisme ". Parmi toutes les résolutions, la plus urgente demeure la nomination et la prise de fonction d'un envoyé spécial à l'Union africaine, pour l'application des résolutions adoptées en faveur de la personne atteinte d'albinisme, par cette organisation et les Nations unies, au lieu que ce soit juste des textes rédigés et adoptés.

L.D.B.C. : Comment se fait la prise en charge des personnes atteintes d'albinisme au Congo ?

J.C. : La prise en charge des personnes atteintes d'albinisme au sein de la clinique AJCA est gratuite. Ne bénéficiant d'aucune subvention de l'Etat, nous pallions les difficultés, avec les dons reçus, de nombreux problèmes de peau que rencontrent les personnes atteintes d'albinisme par la distribution des crèmes solaires et des soins sanitaires, pour éviter qu'elles décèdent du cancer de la peau, première cause de mortalité chez les albinos. Des lunettes de soleil et de lecture leur sont également distribuées gratuitement pour répondre aux problèmes des yeux dont elles souffrent. Cela a considérablement réduit leur taux de mortalité.

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