Afrique: Gérard Jugnot : " Madagascar est un pays de cinéma, un pays au décor formidable "

interview

Quelques heureux privilégiés de Madagascar ont eu l'avantage de voir en avant-première le film français Le Petit Piaf, un long-métrage prévu sortir pour la première fois en France dans une vingtaine de jours, en ce mois de décembre. Grâce à la collaboration d'Unifrance avec les organisateurs du festival Madagascourt et le groupe Talys, ce film a été présenté et diffusé en avant-première au Cinepax Ambodivona, le dimanche 27 novembre dernier.

La séance a été d'autant particulière puisque c'est son réalisateur en personne, Gérard Jugnot notamment, qui est venu présenter le film au public privilégié venu à cette avant-première.

En fait, Gérard Jugnot est actuellement en pleine période de promotion du film à la Réunion, lieu principal du film, qui ne se trouve pas trop loin de la Grande île. Le réalisateur a été invité à venir présenter son film dans le cadre du festival Madagascourt, une invitation qu'il a acceptée de bon cœur.

Le réalisateur, qui joue également dans son film pour un rôle secondaire, a voulu mettre en lumière la passion de Nelson, un garçon de 10 ans qui rêve de devenir un grand chanteur. Le rôle principal est tenu par Soan Arhiman, un chanteur et acteur français originaire de Saint-André de la Réunion. C'est après avoir remporté la saison 6 de The Voice Kids en 2019 que Soan a eu l'opportunité d'interpréter le personnage principal du Petit Piaf, avec deux autres enfants. Un film plein d'émotions et ne manquant pas d'humour, comme tous les autres films du réalisateur.

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Gérard Jugnot, malgré un très court séjour de 3 jours, a pu se confier sur son film et partager sa passion pour le cinéma en présence des dirigeants du groupe Talys dont fait partie Cinepax.

Entretien :

Midi Madagasikara (MM) : Comment avez-vous choisi le personnage principal qui est à la fois chanteur et comédien ?

Gérard Jugnot (GJ) : Quand je suis arrivé sur le film, le scénario était déjà presque écrit. Le casting était décidé sur Soan qui avait gagné The Voice Kids. Marc Lavoine était également pressenti et je crois que c'est un choix parfait parce que c'est un grand chanteur et un très bon acteur. C'était pas facile pour lui de jouer un chanteur abandonné, qui a perdu son talent et son envie de chanter mais qui va se réveiller grâce au coaching du petit garçon qui a une passion folle et qui, avec ses amis, s'est mis en tête de prendre un coach et de prendre celui le moins adapté. Le film a un petit cousinage avec Les Choristes. Cette voix chantée qui rend heureux et qui élève ... Ce petit garçon qui rêve de chanter, c'est peut-être un peu moi qui rêvais de faire du cinéma à son âge. J'aurais été heureux de rencontrer un coach comme Marc Lavoine qui m'aurait aidé et convaincu mes parents plus vite que je ne l'ai pu faire.

MM : Est-ce difficile de tourner avec des enfants ? Est-ce qu'il a fallu faire quelque chose de particulier pour les rendre aussi performants ?

GJ : Tourner avec des enfants c'est toujours un pari. Il faut d'abord bien les choisir, il faut avoir le nez pour ça, et ça je crois que je commence à l'avoir : ce qu'ils sont, s'ils ont envie, si ce n'est pas les parents qui les poussent derrière pour de l'argent ... Après, il faut de la patience, il faut beaucoup travailler. Ces trois-là étaient épatants. Soan était un grand chanteur mais il savait aussi jouer la comédie. Il s'est avéré très sincère durant les essais. Il avait envie de ça, il était heureux de le faire. Même s'ils ont un petit don, c'est un vrai métier. On ne peut pas apprendre le métier aux enfants. Il faut bien les choisir et les mettre dans une situation de jeu.

MM : Êtes-vous plus à l'aise en tant que réalisateur ou acteur ?

GJ : J'ai un second rôle pour une fois. D'habitude, ce sont des rôles plus importants. Dans les films que je fais, jouer pour moi c'est comme une récréation, ça me détend du stress de la réalisation. J'ai beaucoup aimé tourner à La Réunion, justement parce qu'il y a eu cet échange culturel dans le film. On travaillait sur le thème de la transmission.

MM : Quels genres de films vous ne feriez jamais ?

GJ : X c'est pas sûr que je ne ferais pas (rire). C'est vrai que je n'aime pas les films ennuyeux. J'ai envie de faire des films que j'ai envie de voir. J'adore les thrillers, j'adore les policiers, les films d'aventures.. J'aime beaucoup le cinéma, mes parents m'emmenaient voir des films très publics, les grandes comédies... c'est pour ça que j'ai envie de faire des films d'auteur mais pour le grand public.

MM : Est ce que votre présence à Madagascar vous a donné des idées et des envies de tourner un film à Madagascar ?

GJ : Oui, ça m'a donné des idées. Et tiens, il y a des choses qu'on m'a racontées ici que je mettrais sûrement dans mes films, en les transformant. L'imagination, c'est le mélange des images qu'on ressort. Revenir ici ? Je suis déjà très âgé, je ne sais pas si j'aurais la force de revenir encore ... enfin, pourquoi pas ?! Mais il y a des paysages hallucinants ici, Madagascar est un pays de cinéma, un pays au décor formidable.

MM : Pourquoi avoir présenté le film chez Cinepax ?

GJ : Écoutez, ce n'est pas un hasard. Il y a un organisme qui s'appelle Unifrance qui s'occupe de faire connaître le cinéma français dans le monde et quand ils ont su que je venais à la Réunion présenter mon film, faire quelques avant-premières et remercier le pays, ils m'ont proposé de venir ... et moi, quand on me propose un pays que je ne connais pas ... . Et puis Tananarive ça fait rêver, rien que le mot ... il y a des mots comme ça qui font rêver, je ne sais pas pourquoi, il y a une sonorité ... C'est l'occasion qui fait le larron. J'ai pu venir pour 2 - 3 jours ici. J'ai été reçu comme un prince et ça m'a fait très plaisir. Je remercie d'ailleurs Cinepax, Unifrance et tout le monde. Très touché par l'accueil et surtout étonné que les gens connaissent mes films et c'est ça la magie du cinéma.

Ferride Hassanaly (du groupe Talys) : Il y a eu quelque part un alignement des étoiles puisque à Cinepax, tout le travail que nous menions était de faire connaître hors de Madagascar la scène cinématographique qui y est en place. Et effectivement, le public connaît les salles de cinéma. La scène africaine est très dynamique. Ainsi, il est important qu'on se fasse connaître hors de nos frontières pour attirer les gens. Il se trouve que monsieur Jugnot a accepté notre invitation et finalement, ça tombait encore mieux que ce soit ce film, que l'on n'a pas choisi finalement. C'est un film de famille. Tout le monde peut se retrouver dans cette histoire qui se déroule à la Réunion mais qui aurait pu se dérouler ailleurs. L'histoire parle à tout le monde, que l'on soit parent ou enfant. On a vu à la fin de la projection de l'avant-première du film que beaucoup de gens étaient émus puisqu'ils se sont retrouvés dans l'histoire. On ne peut que se réjouir de ça finalement.

MM : Monsieur Jugnot, est-ce qu'on peut espérer que vous réalisiez un film ici à Madagascar, par exemple sur le parcours d'Anisha ?

GJ : Je viens de faire un film qui parle un peu de ça, donc je crois qu'il faudra laisser faire quelqu'un d'autre. Mais quelqu'un d'autre pourrait le faire ici. Ce serait bien justement de profiter de la lumière qu'il y a sur cette chanteuse que je ne connais pas bien, mais il paraît que c'est magnifique ce qu'elle fait. Ce serait assez beau de voir sa vie ici, sa jeunesse, comment elle est arrivée à faire ce qu'elle a fait dans un film. Il y a un sujet en tout cas, je suis sûr qu'il y aura des émissions de télé françaises qui viendront fureter un peu ici et peut-être après en tirer une fiction, mais il faut que ça vienne d'ici aussi.

Nos remerciements à monsieur Gérard Jugnot d'avoir répondu patiemment à toutes nos questions.

Le petit Piaf sera diffusé pour la première fois en France le 21 décembre prochain et le surlendemain, le 23 décembre au Cinepax Ambodivona.

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