Sénégal: Maintien de l'ordre et gestion de l'autorité au sein du groupe parlementaire Bby - Farba Ngom, le facteur X

3 Décembre 2022

Aussi singulière qu'elle le montre depuis son installation heurtée, en décembre dernier, par le biais des dérives verbales et autres bagarres lors de séances plénières, la 14ème législature est tout autant un nid à paradoxe. A l'instar du groupe parlementaire de la majorité (Bby) où l'autorité semble détenue plus que le député-maire des Agnams Farba Ngom que son président Oumar Youm.

L'Assemblée nationale est en pleine séance plénière pour voter les budgets des différents ministères. Seulement, les débats des parlementaires tournent plus sur des considérations politiques et partisanes que sur les préoccupations et attentes des populations, avec des invectives, des attaques personnelles (parfois ethniques et religieux), physiques et autres passes d'armes ; ce qui a abouti à la scène qui a fait le tour du monde, avant-hier jeudi. Le député de l'opposition Massata Samb infligeant une gifle à son collègue de la majorité présidentielle, Amy Ndiaye. Cette situation inédite était prévisible, selon des observateurs.

En effet, depuis le début des activités de la session parlementaire, les députés de l'opposition ainsi que ceux de la majorité n'obéissent pas souvent aux rappels à l'ordre du président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Pourtant il rappelle, sans arrêt, que "seul lui, en tant que président, assure la Police de l'audience", comme le veut le règlement intérieur de l'Assemblée nationale en son article 58. "Le rappel à l'ordre est prononcé par le Président. Est rappelé à l'ordre tout député qui trouble les travaux de l'Assemblée par ses interruptions, ses attaques personnelles ou de toute autre manière. La parole est accordée à celui qui, rappelé à l'ordre, s'y est soumis et demande à se justifier. Lorsqu'un membre a été rappelé deux fois à l'ordre dans la même séance, le Président, après lui avoir accordé la parole pour se justifier, s'il le demande, doit consulter l'Assemblée à mains levées, sans débat, pour savoir s'il sera de nouveau entendu sur la même question." Selon le texte donc, Amadou Mame Diop a plein pouvoir sur l'organisation des débats.

Seulement, le constat est qu'il n'en est pas ainsi. En effet, les députés de la majorité obéissent plus à Farba Ngom qu'au président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, et à celui de leur groupe parlementaire, El Hadji Oumar Youm. Lors des passages des ministres de l'Intérieur et de la Sécurité Publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome et du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, Amadou Mame Diop a été contraint, à plusieurs reprises, d'interrompre les débats, en suspendant la séance parce qu'étant dans l'impossibilité de raisonner ses collègues, y compris ceux de son rang. Son poste découlant de la volonté du président de la République, Macky Sall, il peine à avoir une mainmise sur l'hémicycle, quand ça "sabote".

Contrairement à ces deux présidents, Farba Ngom semble bénéficier de l'"estime" de ces collègues de groupe parlementaire ; il suffit juste d'un rappel à l'ordre, venant du député-maire des Agnam, pour que la salle retrouve sa quiétude. Assis au premier rang, le député Farba Ngom n'a jamais été aussi présent à l'Assemblée nationale, comme il en est le cas présentement. Il était député lors des législatures précédentes. Les disputes, invectives et autres quolibets ont toujours rythmé la salle, mais Moustapha Niasse parvenait à ramener l'ordre, sans recourir aux suspensions intempestives de séances ou être aidé en cela par un parlementaire qui n'est pas investi de la prérogative.

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