Madagascar: Grève au Sénat - Le vote de la loi de finances avorté

Payez notre salaire. Tels sont les mots imprimés sur les feuilles de papier brandies par les membres du personnel du Sénat, hier. Tous habillés en noir, ils ont tenu un piquet de grève dans les travées de l'institution d'Anosy, pour réclamer leur salaire du mois de novembre. Une revendication syndicale qui a eu comme conséquence, l'ajournement de la séance plénière pour le débat et le vote du projet de loi de finances 2023, prévu hier.

Les négociations entre les sénateurs et le personnel de l'institution ont été un échec. Ce dernier est resté ferme quant au fait que, "le travail ne reprendra que lorsque nos salaires seront virés sur nos comptes bancaires". Même le rappel de l'article 33 de la Constitution, par le sénateur Hajaniaina Tahina Andrianandrasana, magistrat de carrière, n'a pas suffi à faire plier les grévistes. Il dispose que "le droit de grève est reconnu sans qu'il puisse être porté préjudice à la continuité du service public ni aux intérêts fondamentaux de la nation".

"Ventre affamé n'a point d'oreille", ont pourtant répliqué les grévistes. Le sénateur Eddie Serge Fernand, questeur du Sénat, a soutenu qu'il y a déjà eu deux rencontres avec les représentants du personnel du Sénat. Il soutient qu'une solution au retard de paiement des salaires a été trouvée et que les montants réclamés seront virés, "au plus tard la semaine prochaine". Le personnel du Sénat prévoit de tenir le piquet de grève jusqu'au paiement effectif de leur salaire.

%

Les représentants des grévistes ont, par ailleurs, rencontré Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des finances, hier après-midi. Dans une brève vidéo publiée sur la page Facebook de son département, elle a présenté un florilège de la situation financière du de la Chambre haute.

Paralysie institutionnelle

Le grand argentier de l'État a démarré son intervention en soulignant qu'à l'instar des autres institutions et départements ministériels, le Sénat gère lui-même son budget, inscrit dans la loi de finances, donc connu dès le début de l'année. Il décide donc de l'usage qu'il en fait. Elle ajoute que l'institution d'Anosy a demandé un rajout à son enveloppe budgétaire. Pour cela, une autorisation par décret est nécessaire.

"Les demandes de rajout budgétaire n'obtiennent pas toujours des réponses immédiates. Il faut des études préalables et voir quelles sont les ressources qui seront utilisées", explique la ministre Rabarinirinarison. Elle ajoute que dans les situations comme celle où se trouve le Sénat, "nous [le ministère de l'Économie et des finances] conseillons de procéder à des aménagements budgétaires en interne". Une suggestion déjà faite aux responsables de la Chambre haute, de prime abord.

Le grand argentier de l'État indique, pourtant, que son département a reçu deux nouvelles demandes émanant du palais de verre d'Anosy. Ceci, à l'issue de sa rencontre avec les représentants du personnel de l'institution, hier après-midi. La première est une demande de "retrait", par le ministère de l'Économie et des finances, de l'argent resté dans les caisses du Sénat, afin de l'affecter au paiement des salaires du personnel. Une procédure qui se décide par un décret gouvernemental.

La seconde demande est un nouvel ajout au budget du Sénat, pour le mois de décembre. "Je viens, toutefois, d'expliquer les procédures y afférentes", indique-t-elle. Visiblement, les responsables du Sénat sont dos au mur. La session prendra fin le 16 décembre. Le projet de loi de finances est en stand-by. Herimanana Razafimahefa, président de cette institution, affirme avoir saisi toutes les instances, jusqu'au sommet de l'État pour solutionner le problème. Une paralysie institutionnelle qui résulte visiblement d'une gestion financière approximative.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.