Cote d'Ivoire: Observatoire panafricain de l'audiovisuel et cinéma/ Souad Houssein - " Augmenter le potentiel économique des filières du cinéma africain "

30 Novembre 2022

Experte des cinémas d'Afrique, Mme Souad Houssein est Fondatrice de l'Observatoire panafricain de l'audiovisuel et cinéma (OPAC), un instrument panafricain de gouvernance culturelle dédié aux filières cinématographiques et audiovisuelles, dont la mission principale est de servir de levier économique pour contribuer à la croissance de leur industrie dans les 54 pays d'Afrique. Explications à travers cet entretien réalisé en marge de la 27ème édition du Festival International du Cinéma d'auteur de Rabat.

Vous venez d'assister à la 27ème édition du Festival International du Cinéma d'auteur de Rabat, organisée du 17 au 24 novembre. Que vous inspire cet événement ?

Ce Festival m'inspire du respect pour son ancienneté et son professionnalisme. Il s'agit d'une manifestation ancienne, qui a tenu sa 27ème édition. Nous devons donc dans un premier temps saluer cette belle longévité du Festival International du Cinéma d'Auteur de Rabat car il n'est pas aisé de maintenir, dans la durée, un évènement de cette envergure. Malheureusement, nous l'avons vu, dans de nombreux pays, des festivals naissent et disparaissent faute de moyens ou pris par d'autres aléas. S'agissant du positionnement du FICAR, il entend mettre en avant la production internationale portée par un regard d'auteur(e)/réalisateur(trice).

Au niveau mondial c'est un positionnement qui cohabite avec un cinéma plus commercial et grand public mais au niveau des pays d'Afrique francophone c'est quasiment la norme car qui dit cinéma d'auteur dit cinéma exigeant à budget réduit. Ce cinéma est important car il contribue à l'éducation de la jeunesse qui, par ailleurs, ne manque pas de films commerciaux et grand public disponibles partout, sur tous les supports possibles.

Comme toutes les éditions, celle-ci a pu proposer des films de talents naissants et des films de réalisateurs reconnus. Le Maroc propose de nombreux festivals très professionnels et celui-ci en fait partie et il est important de tous les encourager. Lors de cette édition, des hommages ont été rendus à des personnalités du cinéma, des projections ont eu lieu, des tables rondes et des masters classe également. Tout y a été bien organisé. Et surtout les professionnels ont pu y faire des rencontres qui s'avéreront certainement fructueuses pour leur projet à venir.

Cette 27ème édition du FICAR a été placée sous l'égide de " Rabat, Capitale de la Culture Africaine 2022 ". Comment cette célébration s'est-elle matérialisée ?

Tout d'abord cette édition a été co-construite par le FICAR et le festival du cinéma africain de LUXOR (Egypte). Par ailleurs, elle s'est distinguée par une forte délégation de professionnels originaires de pays d'Afrique et une programmation de films du patrimoine cinématographique africain. Trois réalisateurs de renoms ont été honorés. Il s'agit de Gaston Kaboré (Burkina Faso), Moussa Touré (Sénégal), Nabil Ayouch (Maroc), étaient également présents un représentant du FESPACO, la biennale du cinéma africain basée à Ouagadougou au Burkina Faso connue de tous, ainsi que de nombreux représentants de médias. De plus, l'Afrique était largement représentée au sein des différents jurys (Nigéria, Sénégal, Cameroun... etc).

Il convient de saluer et se féliciter qu'en marge du Festival International du Cinéma d'auteur de Rabat une convention de coopération entre l'Union des auteurs et réalisateurs marocains (URAM) et l'association des Cinéastes sénégalais associés (CINEASAS) a été signée. C'est un signal fort et un tremplin dans l'autonomisation, car c'est un partenariat porté par deux associations et non initié par des Etats. Nous devrions arriver à ce que le cinéma africain soit un outil de développement.

Cette initiative, qui porte sur une mutualisation des moyens de production, promotion et formation est à suivre car l'Afrique a réellement besoin d'autonomie en matière de réalisation et de production. Cela est devenu une nécessité impérieuse. Bien entendu, la coopération internationale demeure indispensable dans le secteur du 7ème Art.

De plus une table ronde a été organisée sur l'évolution de l'industrie du cinéma africain durant les vingt dernières années réunissant différentes personnalités et experts. Pour ma part, j'y ai présenté le projet d'observatoire panafricain de l'audiovisuel et du cinéma (OPAC) que je développe actuellement avec une équipe d'experts pluridisciplinaire et multiculturelle.

Justement, quelle est la genèse de ce projet dénommé l'Observatoire panafricain de l'audiovisuel et du cinéma que vous portez pour promouvoir, manager et soutenir le 7ème Art sur le continent ?

Naturellement, c'est dans le souci d'augmenter le potentiel économique du secteur à travers l'accès à l'information, lequel est un préalable indispensable à tout investissement soutenu. Il nous a semblé nécessaire de créer cet " Observatoire " afin de contribuer à faire tomber les barrières et les blocages qui pénalisent bien souvent cette industrie dite " coûteuse " et incertaine

Il est également vrai que ni la qualité d'une œuvre, ni l'expérience d'un réalisateur ne peuvent garantir le succès d'une œuvre cinématographique ou d'une série télévisée. Mais la mutualisation des efforts sur le continent peut être un facteur d'émulation et de complémentarité pour faire du cinéma un pilier du développement économique du continent. Bien qu'il faille souligner avec force que la production d'images est en réel essor en Afrique, désormais forte tant sur le plan quantitatif que qualitatif, elle est reconnue, recherchée, accueillie et s'internationalise, grâce notamment aux festivals et aux plateformes numériques.

Au plan international les plateformes proposent désormais à portée de clic, une diversité cinématographique et audiovisuelle jamais atteinte où l'Afrique est bien présente, tandis qu'au niveau national les salles renaissent un peu partout. Tout cela est très encourageant, et l'observatoire donnera le coup de pouce décisif, j'en suis convaincue. Lire la suite.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.