Sénégal: Pr Bara Ndiaye, Doyen Faculté de Médecine de L'Ucad - " Le recrutement d'assistants va maintenir l'excellence "

3 Décembre 2022

Lors de la 21e édition du Concours d'agrégation en médecine (7 au 16 novembre 2022 à Abidjan), la Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontologie (Fmpo) de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a réalisé des performances remarquables avec 51 admis sur 52 candidats. Dans cet entretien, le Doyen de la Faculté, le Pr Bara Ndiaye, évoque les clés de ce succès et plaide pour le renforcement du recrutement de maîtres assistants afin de maintenir ce niveau d'excellence.

Monsieur le Doyen, quel bilan tirez-vous de la 21e session du Concours d'agrégation du Cames qui s'est tenue courant novembre à Abidjan ?

Nous en tirons un bilan très positif avec beaucoup de satisfaction, de bonheur et de fierté. En effet, les candidats sénégalais ont dignement représenté notre pays à l'occasion de ce concours organisé par le Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (Cames). Le Sénégal a participé à cet exercice par le biais de ses cinq universités publiques à savoir : l'université Cheikh Anta Diop (Ucad), l'Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), l'Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt), l'Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) et l'Université Alioune Diop de Bambey (Uadb).

Sur les 70 candidats issus de ces différentes universités publiques du Sénégal, nous avons eu 68 admis. Seul un candidat de l'Ucad et un autre de l'Ugb ont été recalés. L'Ucad s'en est ainsi sorti avec 51 admis sur 52 candidats. L'Ugb qui avait présenté 8 candidats s'est retrouvé avec 7 admis, l'Uidt a eu 4 candidats reçus sur 4 présentés, l'Uasz a eu 4 candidats reçus sur 4 présentés, enfin l'Uadb a eu 2 candidats reçus sur 2 présentés. Le taux moyen de réussite à l'issue de toutes les épreuves est de 84,5 %, et le Sénégal a obtenu un taux de 98,04 %. Avec ce résultat, notre pays occupe la première place devant les 13 autres pays qui ont présenté des candidats. Par ailleurs, 19 candidats sénégalais sont sortis majors de leur jury. À ma connaissance, c'est l'un des meilleurs résultats jamais obtenus par la Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontologie (Fmpo). De plus, c'est un Sénégalais, en l'occurrence Pr Khadim Diongue (spécialiste en parasitologie-mycologie/Ucad) qui est le lauréat du prix André Gouazet. En d'autres termes, il est le major des majors, c'est-à-dire le major du concours, toutes spécialités confondues. Nos candidats ont donc hissé très haut le drapeau du Sénégal, grâce à leur compétence, leur sérieux, leur discipline, leur abnégation et leur engagement. Nous saisissons aussi cette opportunité pour remercier vivement les encadreurs des candidats et le Recteur de l'Ucad qui a mis nos candidats dans des conditions qui leur ont permis d'aborder avec sérénité leurs concours. Nous en profitons également pour témoigner notre reconnaissance aux autorités étatiques, au premier chef, le Président de la République, qui ont mis à la disposition de la Fmpo autant de postes budgétaires que de candidats au concours d'agrégation.

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Votre faculté a frôlé les 100 % de réussite au Cames. Qu'est-ce qui justifie, selon vous, ce niveau de performance ?

La Fmpo de l'Ucad a été effectivement performante cette année et a fait une belle moisson. Elle a réalisé un taux de réussite de 100 % pour les sections médecine et pharmacie et un taux de 80 % pour la section odontologie. Nous devons ce résultat au remarquable travail effectué par tous les acteurs de la Fmpo. Tous les enseignants se sont engagés dans l'encadrement des candidats depuis les services hospitalo-universitaires, jusqu'aux différents départements qui composent la Faculté. En plus de ces entités statuaires, la Fmpo dispose, depuis de nombreuses années, d'une cellule d'encadrement dans laquelle figurent des enseignants expérimentés (en activité ou à la retraite) qui assurent le coaching des impétrants. L'innovation de cette année a consisté à organiser un examen blanc qui a permis aux encadreurs d'identifier les forces et les faiblesses de chaque candidat. À l'issue de cet exercice, les candidats pour lesquels des difficultés ont été constatées et prises en charge par les encadreurs en vue d'une remédiation.

Quel est le secret du niveau d'excellence dans cette Faculté depuis quelques années maintenant ?

La Fmpo a une longue tradition d'excellence. Il faut rappeler qu'elle est centenaire depuis 2018 et a formé plusieurs générations de professionnels venant de divers pays d'Afrique noire et du Maghreb. Malgré les moyens qui font parfois défaut, nous mettons beaucoup de sérieux, de rigueur et d'engagement dans les missions que nous menons au quotidien à savoir, l'enseignement, la recherche et les soins. Nous avons, par ailleurs, des personnels enseignants et de recherche compétents et de qualité qui sont des références mondiales dans leur domaine. Ils sont ouverts aux sociétés scientifiques internationales et à la société universelle du savoir. Les enseignants en question sont également très entreprenants et parviennent à mobiliser d'importantes ressources financières leur permettant de mener à bien leurs activités de recherche et de formation. Nous pouvons citer, parmi ces derniers, les professeurs Moussa Seydi et Daouda Ndiaye qui ont pu, grâce à leur entregent, mettre sur pied des structures de très haut niveau répondant aux standards internationaux.

Comment comptez-vous faire pour maintenir ce niveau de performance ?

Il faut capitaliser les résultats obtenus et consolider les acquis. Pour ce faire, il faudra rester mobilisé afin de garder le cap de l'excellence. Du côté de l'État, nous sollicitons le relèvement et le renforcement du plateau technique des structures hospitalo-universitaires afin de permettre aux enseignants de mener, dans de bonnes conditions, leurs activités de soins, de recherche et de formation. L'État doit aussi mettre à notre disposition des ressources humaines, notamment des postes d'assistants nécessaires pour former, sur le plan pratique, nos étudiants. En effet, la Fmpo qui pourvoit le système hospitalo-universitaire en personnel hautement qualifié (personnel universitaire) fait face à un déficit chronique en assistants. Cela a pour conséquence, à l'heure actuelle, un faible taux d'encadrement au lit du malade des étudiants que nous accueillons, dont les effectifs ont fortement augmenté ces dernières années. À plus ou moins court terme, la Fmpo risque de ne plus pouvoir présenter de candidats au concours d'agrégation faute de ressources humaines.

Votre Faculté est celle qui accueille le plus d'étudiants étrangers. Combien en comptez-vous actuellement ?

Au titre de l'année universitaire 2021-2022, la Fmpo compte 9.809 étudiants et 32 nationalités. Les étudiants internationaux proviennent pour l'essentiel d'Afrique noire et du Maghreb. Pour la formation initiale (de la licence au doctorat d'exercice), nous avons 6.374 étudiants, dont 5.089 Sénégalais. En ce qui concerne la formation continue (masters professionnels et/ou de recherche, diplômes universitaires et diplômes d'études spécialisées), nous comptons 3.435 étudiants, dont 2.026 Sénégalais.

Qu'en est-il de la formation des étudiants dans votre Faculté ?

La Fmpo accueille des étudiants triés sur le volet, disciplinés et travailleurs. Le taux de réussite de ces derniers aux examens est d'environ 85 %, dans notre établissement. Nous essayons de les encadrer le mieux possible, malgré la massification des effectifs qui a, toutefois, des conséquences dans les enseignements, notamment avec des infrastructures ne pouvant contenir toute la pléthore d'étudiants. Nous sommes également confrontés à la saturation des sites de stage de nos étudiants du fait toujours de la massification. Cela peut avoir des conséquences sur la qualité de la formation de nos étudiants qui est professionnalisante et qui se fait au chevet du malade. Le nombre pléthorique d'étudiants en médecine et la rareté des sites de stage (s'y ajoute la fermeture de l'hôpital Le Dantec), nous avaient poussés à trouver une solution à travers la simulation médicale, méthode d'enseignement qui valorise l'acquisition de compétences nécessaires à la formation initiale des étudiants. Cette simulation constitue aussi un moyen pédagogique innovant et performant, incontournable de nos jours dans l'acquisition et la consolidation des compétences.

C'est dans ce cadre que l'Ucad, dans sa vocation d'offrir une formation actualisée et de qualité, a érigé un centre de simulation médicale à la Fmpo. Le soutien de l'État dans l'acquisition du matériel de simulation pourra aider à renforcer la formation médicale de base et l'encadrement des étudiants en spécialisation. Nous sollicitons donc la mise à notre disposition des équipements de simulation qui vont aider à assurer aisément la prise en charge des nouveaux bacheliers et ainsi permettre à la Faculté de dérouler convenablement ses activités à la rentrée prochaine.

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